Détox de printemps par la gemmothérapie
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Détox de printemps par la gemmothérapie



A l’instar de la luminosité renaissante luttant contre la grisaille hi-vernale, le regain d’énergie espéré au printemps peut nous sembler entravé par l’accumulation des toxines de l’hiver. Les bourgeons prêts à éclore employés en gemmothérapie vont là aussi se révéler de précieux alliés detox.





L’utilisation des tissus embryonnaires de plantes - parmi lesquels les bourgeons, mais aussi les jeunes tiges et radicelles – est connue depuis le Moyen-Age, époque à laquelle les écrits de Sainte-Hildegarde von Bingen les évoquent déjà. Cette thérapeutique connaît cependant un renouveau lié aux travaux du médecin homéopathe belge Pol Henry dans les années 1960. Il pose l’hypothèse que les tissus embryonnaires (méristèmes) de la plante, contenus dans les bourgeons, portent en eux l’énergie potentielle (génétique et informative) de la plante totale et donc ses vertus globales. Le terme de « Phytembryo-thérapie » (thérapie par les extraits embryon-naires) proposé par le Dr Henry pour décrire cette branche de la phytothérapie est syno-nyme de celui plus utilisé aujourd’hui de « Gemmothérapie » (thérapie par les extraits de bourgeons). La méthode de préparation de ces extraits proposée par le Dr Henry implique la macération des tissus frais dans un mélange constitué à parts égales d’eau, d’alcool à 96° et de glycérine et ce avec une dilution au 1/20è afin d’assurer une extraction la plus complète possible des principes actifs de la plante. L’extrait obtenu est alors appelé macérat-mère (ce terme de « mère » faisant référence à l’utilisation de plantes fraîches). Le respect de ce procédé est le garant d’une qualité optimale des extraits et de leurs vertus thérapeutiques. Si la gemmothérapie s’appuie en partie sur les principes actifs reconnus et identifiables, il s’agit avant tout d’une médecine énergétique basée sur l’énergie du « to-tum » (l’intégralité des principes actifs et leurs synergies d’action) de la plante, c’est-à-dire cette énergie vitale du tissu embryonnaire amenée à ré-informer celle de la personne en déséquilibre. Parmi les nombreuses vertus des macérats-mères, celles de certains bourgeons peuvent soutenir les capacités d’élimination des toxines au sortir de l’hiver.

Foie et reins d’abord

Que l’on s’en réfère à notre jeune médecine occidentale ou à des pratiques millénaires telles que la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), les organes foie et reins sont reconnus comme les principaux émonctoires (organes d’élimination des toxines). Si la quantité de toxines endogènes (issues de notre propre métabolisme) ou exogènes (issues de l’envi-ronnement tels que médicaments, additifs ali-mentaires, pesticides,…) dépasse les capacités de drainage de ces organes, des émonctoires secondaires tels que la peau, les poumons ou les intestins prendront le relais et pourraient à leur tour manifester des déséquilibres. Cer-tains remèdes de gemmothérapie ont un tropisme marqué pour le foie et les reins et seront fréquemment associés dans des com-plexes afin de drainer ces organes au change-ment de saison. Le macérat de romarin (Ros-marinus officinalis, de préférence à spécificité biochimique « verbénone ») est ainsi un grand draineur du foie qu’il va aider à éliminer les excès de graisses, d’urée, d’acide urique (asso-cié à la goutte) et de cholestérol. Très indiqué également pour les intoxications médicamen-teuses, son usage est très intéressant au sortir d’une période souvent marquée par la prise accrue d’antibiotiques. Il accroît la sécrétion et l’évacuation de la bile et participe également à un bon drainage intestinal. Le bourgeon de romarin est en outre un tonique nerveux (à ne pas prendre trop tard dans la journée) appré-ciable, utile pour soutenir l’organisme fatigué par la saison froide et un stimulant de la mé-moire tout indiqué pour les étudiants et per-sonnes âgées. Le romarin par son action sur le foie, soulage aussi l’émonctoire peau dans des troubles comme l’acné.

On l’associe fréquemment à un autre grand draineur de la sphère hépato-rénale qu’est le macérat-mère de genévrier (Juniperus com-munis). Il a la capacité de dissoudre les cris-taux formés dans le corps (calculs biliaires, vésiculaires, rénaux,..). Sa « cible » privilégiée est le rein qu’il tonifie, mais son action hépa-tique détoxifiante se révèle très utile dans les allergies liées à la surcharge du foie. Le gené-vrier est au rein ce que le romarin est au foie. Le premier concernera plutôt le rééquilibrage de personnes affectées de troubles « secs » (cristallins, tels que eczéma sec, calculs…) alors que le romarin soulagera préférentiel-lement les personnes affectées de troubles « humides » (ou « glaireux », avec écou-lement, catarrhe, tels que eczéma humide, encombrements ORL, ...). Le genévrier vaut d’être pris à dose très progressive (commen-cer à 5 gouttes/jour et augmenter d’une goutte tous les 2 ou 3 jours jusqu’à maximum 15 gouttes/jour).

Ces deux bourgeons se voient souvent asso-cier des teintures-mères de plantes soute-nant également la sphère hépato-rénale telles que le pissenlit, l’artichaut, le boldo. Certains mélanges leur ajoutent aussi un autre remède précieux associé aux bourgeons, à l’émer-gence du printemps, qu’est la sève de bouleau. Véritable « eau intracellulaire », cette der-nière possède des vertus drainantes très com-plémentaires de celles des bourgeons évoqués et va potentialiser leurs effets.

En soutien complémentaire

Romarin et genévrier ne sont évidemment pas les seuls macérats intéressants pour le drainage. Ceux de cassis (Ribes nigrum, plutôt anti-inflammatoire et donc souvent associé aux troubles secs et au genévrier) et d’aulne glutineux (Alnus glutinosa, grand draineur des troubles « suintants » et donc bon adjoint du romarin) sont ainsi considérés comme des draineurs généraux très intéressants à associer selon le type de déséquilibre.

Pour soutenir l’émonctoire peau dont la sur-charge se manifeste par des troubles tels que l’acné ou encore l’eczéma, des macérats tels que l’orme (Ulmus minor) et le Cèdre du Liban ( Cedrus libani) peuvent complémenter le romarin et le genévrier. Si les surcharges at-teignent plutôt la sphère ORL et les poumons, le romarin et le cassis seront utilement asso-ciés au macérat de viorne (Viburnum lantana), surtout dans les manifestations allergiques printanières.

Des simples, très simples d’emploi

Très simple, l’utilisation des macérats-mères se fait généralement à raison de 15 gouttes/jour réparties en 3 prises. Lorsque plusieurs bourgeons sont indiqués, soit ils peuvent être pris en journées alternées (par exemple romarin un jour, cassis le lendemain et ainsi de suite), soit mélangés en complexe dont la posologie dépendra du mélange mais se situe souvent entre 15 à 30 gouttes par jour. La prise se fait en cure de 3 semaines suivie d’une semaine de pause et renouvelable une à deux fois. Idéal et facile pour une detox de printemps calquée sur la nature !

Charline Nocart

POUR EN SAVOIR PLUS :
• Traité de Gemmothérapie - La thérapeutique par les bourgeons, de Philippe Andrianne, Editions Amyris
• La Phytembryothérapie – L’embryon de la gem-mothérapie, des Docteurs Frank Ledoux et Gérard Guéniot, Editions Amyris
• Formation dispensée par la Fédération Européenne d'Herboristerie, www.feh.be



Paru dans l'Agenda Plus N° 285 de Mars 2017
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