Saisons, rythmes de la Terre
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Saisons, rythmes de la Terre



Les saisons fascinent. Entre les variations climatiques dues à la mécanique céleste, les mouvements de la respiration planétaire et le symbolisme des 4 fêtes cardinales, voyage à la rencontre des rythmes de la Terre.


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Habituellement, nous désignons par le terme «saison» une période de l’année qui possède une relative constance du climat et de la température. D’une durée d’environ trois mois, chaque saison joue un rôle déterminant sur l’état de la végétation, puisque le règne végétal dépend essentiellement des facteurs climatiques [l’expression «fruits et légumes de saison» illustre parfaitement cet état de fait].

Avant d’aborder les dimensions symboliques et énergétiques des saisons, rappelons comment ces «périodes» sont générées sur notre planète.
D’un point de vue astronomique, une saison correspond à l’intervalle de temps durant lequel la terre occupe une section de l’espace lors de sa révolution autour de notre étoile locale, le Soleil. C’est l’inclinaison de l’axe des pôles de notre planète, combinée à sa révolution, qui fait qu’il se produit une alternance de saisons. Celle-ci provient de la variation d’ensoleillement induite par l’orientation changeante vis-à-vis du rayonnement solaire. Les différentes saisons correspondent aux périodes qui séparent le passage de la terre à certains points de son orbite ou, réciproquement, du Soleil à certains points de la sphère céleste, et que la mécanique céleste désigne par les équinoxes et les solstices.

Ainsi, dans les zones de climat tempéré comme la nôtre, les saisons astronomiques correspondent approximativement à quatre phases d’évolution du climat dans l’année : printemps, été, automne, hiver. Dans les zones de climat tropical, on parle également de saisons, mais plutôt dans le sens de saison des pluies et de saison sèche.

Mécanique céleste

Ces «variations climatiques saisonnières » sont générées par un double facteur : d’une part, la révolution de la terre autour du Soleil et, d’autre part, l’inclinaison de l’axe Nord-Sud de rotation journalière de la terre par rapport au plan de son orbite autour du Soleil [écliptique].
En fonction de la position de la terre par rapport au Soleil sur son orbite, la zone qui reçoit les rayons du Soleil de façon perpendiculaire se modifie. Pour un observateur terrestre, le Soleil, bien que fixe, semble osciller autour de l’équateur tout au long de l’année, de sorte qu’il éclaire perpendiculairement et successivement :
1- l’équateur, vers le 20 ou 21 mars, à l’équinoxe de printemps [hémisphère Nord] ou d’automne [hémisphère Sud] ;
2- le tropique du Nord ou tropique du Cancer, vers le 20 ou 21 juin, au solstice d’été [hémisphère Nord] ou d’hiver [hémisphère Sud] ;
3- l’équateur à nouveau, vers le 22 ou 23 septembre, à l’équinoxe d’automne [hémisphère Nord] ou de printemps [hémisphère Sud] ;
4- le tropique du Sud ou tropique du Capricorne, vers le 21 ou 22 décembre, au solstice d’hiver [hémisphère Nord] ou d’été [hémisphère Sud].
Les noms des saisons et les variations climatiques sont donc inversés dans les deux hémisphères.

Effets thermiques

Selon une idée reçue assez courante les saisons dépendraient de la distance terre- Soleil, la terre étant plus proche du Soleil en hiver qu’en été… Cette idée est fausse car elle n’explique ni les variations de la durée du jour, ni l’inversion des saisons entre les hémisphères austral et boréal. La distance moyenne terre- Soleil est de 150 millions de km avec une variation annuelle de plus ou moins 2,5 millions de km. A notre époque, la terre est au plus proche du Soleil [périhélie] vers le 3 janvier de chaque année et au plus loin [aphélie] vers le 4 juillet, soit respectivement environ 2 semaines après le solstice d’hiver [pour le périhélie], et le solstice d’été [pour l’aphélie], dans l’hémisphère Nord. C’était exactement l’inverse il y a 12.900 ans, selon le cycle de précession des équinoxes.
Autre curiosité : comme la terre se déplace plus vite autour du Soleil lorsqu’elle en est plus près, la saison sur laquelle tombe le 3 janvier est la plus courte. un calcul simple le démontre : 92 jours pour le printemps, 94 jours pour l’été, 90 jours pour l’automne, 89 jours pour l’hiver. C’est vrai pour les saisons de l’hémisphère Nord, alors que pour le Sud, c’est l’été qui est la saison la plus courte et l’hiver la plus longue.

Saisons & traditions

Dans la tradition occidentale, le début des saisons est défini par les solstices et les équinoxes dans l’hémisphère Nord : le printemps débute à l’équinoxe de mars [vers le 21 mars], l’été au solstice de juin [vers le 22 juin], l’automne à l’équinoxe de septembre [vers le 23 septembre], l’hiver au solstice de décembre [vers le 21 décembre]. Dans cette tradition, le jour le plus long et ayant la plus forte incidence des rayons du soleil est considéré comme le début de l’été. Ce fait tient compte d’une réalité : le 21 avril, il peut encore geler et le 23 août, il peut y avoir des canicules : pourtant l’insolation de ces deux jours est quasiment égale ! En Belgique, le jour le plus chaud se situe, en moyenne, vers le 20 juillet et le plus froid vers le 20 janvier. C’est l’inertie thermique qui induit un retard entre déclinaison du Soleil et température.

Il en va autrement en orient. Les solstices et les équinoxes sont considérés comme le milieu des saisons. Ainsi, le 21 juin étant le milieu de l’été et non le début, l’été commence donc vers le 6 mai, l’automne vers le 6 août, l’hiver vers le 6 novembre, le printemps vers le 6 février [qui marque la période du nouvel an chinois].

La Russie, quant à elle, admet une définition intermédiaire des saisons, à michemin entre la conception européenne et la conception chinoise : printemps : 1er mars, été : 1er juin ; automne : 1er septembre ; hiver : 1er décembre.

La structure de l’année calendaire en quatre saisons ne s’applique pas partout ; elle est caractéristique des régions de la zone tempérée. En revanche, entre les deux tropiques par exemple, le Soleil est toujours suffisamment proche de la perpendiculaire pour que la différence de température entre été et hiver ne soit pas très marquée. Il n’y a alors souvent que deux «saisons» au sens climatique : une saison des pluies et une saison sèche, et le climat y est tropical [ou parfois désertique, selon la situation géographique].



Respirations de la Terre…

Des traditions mystiques séculaires aux découvertes récentes de la physique quantique, on sait que la trame même de la vie est constituée d’une multitude d’énergies en mouvement. Ces énergies, en perpétuelle mutation, s’inscrivent dans une dynamique évolutive qui s’exerce à travers des rythmes se caractérisant par l’alternance de contractions et d’expansions. Du macrocosme au microcosme, on retrouve ces différentes phases. La respiration des mammifères et des humains en est un bel exemple, avec ses deux temps d’expiration et d’inspiration et ses deux pauses [voir l’encadré «Respiration des 4 saisons» en fin d’article].

Comme Rudolf Steiner l’a précisément décrit dans son cycle de conférences données en avril 1923, notre terre répond également à ce processus en exprimant, chaque année, un cycle respiratoire jalonné par les quatre saisons. Il parle des processus «sulfur, mercure et sel» en liaison avec le langage alchimique. «En hiver, le processus sulfur se retire complètement, remplacé par la formation de cendre et sous la croûte de sel de la Terre, les forces de la Lune s’imposent et se chargent de caractère terrestre par l’entremise de la cendre.»1 Ces informations, qui font figure d’enseignement, ont été récemment approfondies par Dan hourquescos et Michèle Zeidler2 qui proposent régulièrement des conférences et des ateliers sur le sujet [voir sites en fin d’article et les sections agendas].

…et Fêtes cardinales

Au début de l’hiver, à Noël : notre terre est au maximum de son inspiration et elle retient son souffle avant d’entamer, lors de sa prochaine expiration, le germe de la nouvelle année. Les jours s’allongent. Noël est un temps privilégié pour la naissance : de la mort de la graine va naître le germe. De même, une impulsion nouvelle, née de nos profondeurs, va chercher à s’incarner et vient toucher notre coeur. Ainsi, durant tout l’hiver, nous allons «materner» cette part solaire encore fragile. Nous sommes aidés dans ce processus par les forces de croissance qui gagnent la terre lorsqu’elle amorce son expiration : tandis que la plante s’enracine, notre impulsion de Noël s’incarne2. Dans la tradition, cette période de l’année est régie par les énergies de l’Archange Gabriel [qui prend soin de la naissance physique, au début de l’hiver, dans le moment le plus sombre de l’année, lorsque la Terre se retire en elle-même et devient de plus en plus physique, matérielle1].



La fête de Pâques et le printemps : à partir de l’équinoxe du printemps, le jour «prend le dessus sur la nuit», la terre amorce la deuxième moitié de sa phase expiratoire. La plante s’extrait du sol et s’offre au Soleil. Ce passage des profondeurs à la pleine lumière est célébré à Pâques, la fête de la résurrection. En analogie, «notre pensée unie au coeur saisit notre élan hivernal. Elle l’identifie, précise sa spécificité, lui donne une direction »2. Dans la tradition, cette période de l’année est régie par les énergies de l’Archange Raphaël [qui veille au renouveau de la nature matérielle1].

La fête de la Saint-Jean [le 24 juin] et l’été : au solstice d’été, notre terre est en apnée expiratoire. Dans cette immobilité, ses énergies viennent s’unir à la lumière des hautes sphères afin d’en révéler, durant l’été, toute la riche sagesse. De même, notre «impulsion de Noël» vient s’unir à la sagesse du cosmos. on ressent un profond appel à révéler le meilleur de soi, à se transcender. Cet élan pourra se manifester durant tout l’été. tandis que la nature luxuriante offre ses fruits, nous «agissons l’objectif inspiré à la Saint-Jean»2. Selon la tradition, cette période estivale est régie par les énergies de l’Archange uriel [qui permet que les manquements soient transformés en vertus1].

La Saint-Michel et l’automne : avec l’équinoxe d’automne, célébré à la Saint-Michel [le 29 septembre], la nuit «prend le dessus sur le jour». La terre va achever sa phase inspiratoire, il s’intériorise et se dépouille de ses dernières parures. Cette ambiance invite à entrer en soi, à dégager la substance spirituelle des expériences acquises depuis la fête de Pâques. Les fruits de cette introspection seront porteurs du germe qui, au prochain Noël, donnera naissance à une nouvelle impulsion2. Dans la tradition, cette période automnale est régie par les énergies de l’Archange Michel [qui «vainc le dragon», afin qu’en automne l’Homme renaisse à lui-même, pour qu’il puisse agir librement, grâce à la force de son «Je»1].



Nous l’avons vu, au-delà des variations climatiques dues aux simples mouvements de la mécanique céleste, les saisons expriment les mouvements d’une véritable respiration planétaire porteuses d’énergies spécifiques qui, immanquablement, touchent au plus profond la Nature, le Vivant et donc l’homme. En développant notre conscience de ces rythmes naturels [et, éventuellement, leurs célébrations], nous pourrons petit à petit conscientiser les perceptions issues de nos vécus intérieurs, les comprendre et les assimiler afin de réintégrer progressivement notre place unique dans la symphonie planétaire.
De cette manière, les rythmes de la terre faciliteront notre voyage vers nousmême.

Olivier Desurmont

1 Das Goetheanum, n°52/53, 1990
2 article «Les saisons et les fêtes cardinales, un lien entre l’Homme, le Ciel et la Terre», publié dans l’AGENDA Plus n°222 de novembre 2010 et consultable sur le site

Références : «Les Fêtes chrétiennes et la respiration de la Terre», Rudolf Steiner aux Editions Triades, Das Goetheanum, n°52/53, 1990, www.sagesse-primordiale.com, http://daniel.hourquescos.perso. sfr.fr, http://michelezeidler.blog4ever. com/blog/index-92945.html & Wikipedia






Paru dans l'Agenda Plus N° 233 de Décembre 2011
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