Un monde en transition. Le changement de paradigme est à nos portes !
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Un monde en transition. Le changement de paradigme est à nos portes !



Un monde en transition Il semble y avoir une accélération du temps ces dernières années. À un certain niveau, dans notre for intérieur, nous savons tous que nous vivons à une époque-charnière pour la civilisation humaine et, par extension, pour l’avenir de la planète entière. C’est l’époque de la transition vers un monde plus résilient, plus humain et plus sain !



On le sait et on le répète assez : la croissance économique illimitée et la consommation irréfléchie des matières premières ne peuvent plus continuer. La situation actuelle n’est tout simplement pas durable sur la belle bleue. Il semble que l’humanité doive quitter de toute urgence sa «crise d’adolescence» et enfin apprendre à devenir une gardienne consciente de la Terre et de ses ressources, mais aussi apprendre à laisser aller les frontières et les séparations qui ont été érigées au seul nom de la peur. Nations et cultures de tous horizons sont amenées à réaliser une famille planétaire, indépendante des différences de race, de religion ou de nationalité. Sans verser pour autant dans les dérives «newageuses », l’humanité est invitée à réapprendre le langage universel de l’entraide, de la coopération, de la solidarité, en un mot : le langage de l’amour.

La collaboration entre les nations émerge déjà çà et là et commence même à remplacer certains conflits ancestraux. Les choses bougent. Plus vite à certains endroits qu’ailleurs, mais les mentalités changent, les référentiels évoluent, les valeurs se transforment. Grâce aux études concernant l’émergence des «Créatifs Culturels1 », on sait que ces inclinations et valeurs sont maintenant répandues dans 20 à 35% de la population en fonction des pays. Et ça, c’est une bonne nouvelle lorsque l’on sait que ce sont les citoyens qui - in fine - représentent la clef de voûte du système !

Entre pessimisme & optimisme
Evidemment, même si l’émergence des «Créatifs Culturels» joue un rôle déterminant dans le changement en cours, certains experts estiment que la résolution des problèmes liés aux changements climatiques, aux perturbations et crises écologiques, à la décroissance des ressources [en particulier du pétrole et de l’eau], à la croissance de la population et de la pauvreté, etc… peut prendre du temps, beaucoup de temps. Or, le système est en crise et ne pourra peutêtre pas supporter une autre décennie de réflexion sur les stratégies à adopter… Seuls d’importants changements - à appliquer partout et sans délai – pourront prévenir le chaos mondial. Un autre problème soulevé par certains est la force d’inertie colossale emmagasinée par le système actuel. L’astrophysicien et écologiste franco-canadien Hubert Reeves en donnait une image éloquente : la société actuelle est comme un camion de type «poids lourd» lancé à vive allure dans une pente verglacée ! Même si tout le monde fait tout ce qu’il faut pour freiner des 10 roues, la force d’inertie est telle que le camion ne peut que continuer, malgré lui, sa folle descente… Vision réaliste ? L’avenir nous le dira.

Nouvelle vision

Le changement de regard, indispensable pour amorcer une transition mondiale, peut être décrit de multiples manières, à la fois théoriques et pratiques. Ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle vision du monde prend peu à peu la place de l’ancienne vision scientifique et matérialiste qui a dominé la société occidentale depuis plus de 400 ans.

Voici trois aspects exemplaires de cette nouvelle vision, entraînant inévitablement un changement de paradigme :

• L’univers conscient.
Chaque jour, des scientifiques du monde entier découvrent et confirment que l’univers - de ses niveaux quantiques et microscopiques à ses niveaux macrocosmiques - est un processus conscient et créatif. La vision d’un univers mécanique est révolue. Chaque strate de l’écosystème universel, des particules subatomiques aux amas galactiques, possède un aspect subjectif qui révèle une conscience sous-jacente, telles que l’auto- organisation ou l’intentionnalité. Ces attributs ne peuvent pas être expliqués par des lois matérielles et les processus décrits par les sciences naturelles. Pourtant, on ne peut que constater leurs influences décisives sur les processus physiques.
• La réalité multidimensionnelle.
Pour les tenants de la «théorie des cordes», l’Univers aurait 11 dimensions, alors que pour les fidèles de la nouvelle «théorie bosonique », il en faudrait 26. D’autres encore décrivent l’univers comme une pouponnière qui générerait une nouvelle dimension à chaque fois qu’un nouveau choix se présente, autant dire une infinité… Peu importe qui a raison, laissons la pensée scientifique discursive poursuivre son raisonnement et retenons simplement que la réalité est multidimensionnelle, c’est-à-dire composée de dimensions subtiles surimposées à l’univers physique que nous percevons.
• L’interconnexion sous-jacente.
Bien que les objets du monde matériels et nous-mêmes semblions exister dans des corps séparés, au niveau le plus profond de nos esprits et au coeur de chaque particule composant la matière, existe un champ unifié, un continuum d’arrière-plan qui contient toute chose et unit toute chose. Il est clair que cette nouvelle image d’un univers vivant et interconnecté diffère radicalement de la vision matérialiste avec laquelle la plupart d’entre nous avons grandi. C’est un changement radical, comparable à celui qui a précédé celui de la Renaissance à l’époque médiévale. Il est donc normal de constater un énorme décalage entre les valeurs d’hier et celles intrinsèquement liées au changement de paradigme actuel.

Nouvelles actions

Ces changements dans notre vision du monde et nos valeurs ne peuvent que conduire à des changements dans la façon dont nous agissons. Nous sommes déjà nombreux à changer la façon dont nous nous comportons envers nousmêmes, les autres, nos collectivités et notre environnement en général, ainsi qu’envers l’humanité dont nous réalisons de plus en plus être une partie intégrante. Et comme la vision et la pratique sont souvent (et normalement) inséparables, un changement dans l’opinion collective mondiale est susceptible d’amorcer un virage fondamental dans les actions et les comportements requis pour la transition planétaire. Cette transition sociétale implique une restructuration culturelle, économique et politique de grande envergure. En d’autres termes, plus on s’y met, plus on active le processus ! Et c’est là que vous et moi, en tant que «Créatifs Culturels » et autres «transitionneurs», pouvons faire la différence.

Evidemment, ce collectif émergeant ne représente peut-être pas encore un levier politique significatif au niveau international, mais sa progression augmente dans les communautés locales. Avec le réseau Internet disponible aujourd’hui pour plus d’un milliard d’utilisateurs, les citoyens concernés sont maintenant en mesure de communiquer entre eux et d’agir comme une force unifiée.

Parmi les scénarios futurs possibles, celui de l’environnementaliste et observateur Paul Hawken est intéressant. Dans son livre « Blessed Unrest » « Agitation Bénite » (ouvrage non encore traduit), il décrit l’émergence d’un vaste réseau sans but lucratif et d’organismes communautaires voués à la protection environnementale et à la justice sociale. Comme les « Créatifs Culturels », nombre de ces organisations, qui existent déjà aux quatre coins de la planète, ne sont pas nécessairement conscientes les unes des autres, mais font collectivement une différence significative sur un large éventail de fronts, tels que le changement climatique, la disparition des espèces, la pauvreté, la santé, les peuples premiers, le droit à la terre, le développement de technologies énergétiques propres, etc,...



Hawken suggère que ce vaste mouvement peut être considéré comme le «système immunitaire » de l’humanité, telle une réponse naturelle aux «maladies» perpétrées par les valeurs liées à la croissance économique illimitée et l’exploitation des ressources naturelles. Bien que ces organisations diversifiées n’aient consciemment aucune idéologie commune, Hawken croit que ses valeurs - le respect fondamental de la Terre, de la Vie et la dignité de tous les êtres humains - vont progressivement s’infiltrer dans la Culture au sens large, y compris dans les institutions, les entreprises et les gouvernements. Et cette émergence entraînera un mouvement planétaire d’optimisme qui accélérera la transition vers un nouveau monde, reflet des valeurs nouvelles ; ce qui sonnera le glas du pessimisme ambiant !

Super ! Et concrètement ?

Pour bâtir le monde de demain, la sagesse du maçon prévaut : il faut commencer par poser la première brique ! Pour amorcer la transition, commençons donc par nous, notre famille, nos voisins, notre collectivité, au niveau où l’on est, c’est-à-dire au niveau local. C’est en cela que les «initiatives de transition», qui essaiment un peu partout dans le monde, peuvent nous apporter des pistes concrètes.

Une initiative de transition est un processus impliquant les voisins d’un immeuble, d’une rue, d’un quartier, les citoyens d’un village ou d’une ville, qui vise à assurer la résilience (= la capacité à encaisser les crises économiques et/ou écologiques et à «rebondir») de ce collectif face au double défi que représentent le pic pétrolier et le dérèglement climatique.
Ce processus a été développé en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l’Université de Kinsale (Irlande) sous la direction de Rob Hopkins2, formateur et enseignant en Permaculture 3.
La première mise en application a été initiée en 2006 dans la ville de Totnes au Royaume-Uni. Depuis, le mouvement est devenu international et compte, à ce jour, près de 500 villes officielles « en transition »4 et des milliers d’initiatives ocales à l’échelle d’un immeuble, d’une rue, d’un quartier.

L’originalité du mouvement des initiatives de transition repose sur une vision de l’avenir résolument optimiste où les crises sont vues comme des opportunités de changer radicalement la société actuelle. Une autre particularité est que le mouvement concerne la communauté dans son ensemble car c’est cette dernière qui doit porter le changement.
Ensuite, le mouvement a développé une théorie psychologique (inspirée des traitements des dépendances) pour tenter de transformer en actions concrètes le désespoir ou le déni souvent consécutifs à la découverte du pic pétrolier et de notre dépendance au pétrole. Cette vision semble être à la source du succès que connaît le mouvement de la transition.

Bref, «la transition» est un mouvement mondial qui vise à inspirer, catalyser et soutenir les réponses des communautés face aux défis actuels. C’est un mouvement positif, centré sur l’élaboration et la mise en oeuvre de solutions, qui propose différents outils pour développer de la résilience et de la convivialité dans le monde. De l’éveil des consciences à l’édition de monnaies locales et au développement d’alternatives variées, les initiatives de transition cherchent à transformer la fin de «l’âge du pétrole» en une immense opportunité : celle de repenser profondément ce que nous considérons comme acquit !

Olivier Desurmont

1 Voir notre «dossier» de septembre 2013 sur agendaplus.be [onglet «Dossiers»]
2 Rob Hopkins sera présent au 2ème Congrès interdisciplinaire du développement durable du 20 au 22 mai à Bxl et LLN. www.congrestransitiondurable.org
3 Voir notre «dossier» de juin 2013 sur agendaplus.be [onglet «Dossiers»]
4 transitionnetwork.org/initiatives/by-number

RÉFÉRENCES : Manuel de transition - De la dépendance au pétrole à la résilience locale de Rob Hopkins aux Editions Ecosociété - Ils changent le monde de Rob Hopkins aux Editions Seuil - Blessed Unrest de Paul Hawken chez Viking Pushishing, www.reseautransition.be et www.villesentransition.net.


QUELQUES EXEMPLES CONCRETS :

Développer l’économie locale
: l’action qui a eu le plus grand retentissement pour la ville de Totnes fut la création d’une monnaie locale : le «Totnes Pound». Des monnaies locales «fictives» existent également dans les SEL [Systèmes d’Echange Local]. Ces systèmes permettent l’échange de biens ou de services sans passer par une monnaie réelle, seul un système est mis en place pour pouvoir quantifier la valeur des échanges. Ce système fonctionne d’ailleurs bien en Belgique.
L’alimentation occidentale est fortement dépendante des énergies fossiles et une transition dans ce domaine est donc inéluctable. La résilience dans le domaine de l’alimentation passe par une relocalisation, un raccourcissement des circuits de distribution et des modifications de la production [agriculture biologique, biodynamique, permaculture, …]. Des projets pourront ainsi avoir comme objectif le développement des potagers ruraux ou urbains, la plantation d’arbres ou le partage de semences, de savoirs, la promotion du végétarisme [le secteur de l’élevage représente à lui seul 6% des émissions mondiales de gaz à effet de serre !] ou encore la création de marchés de producteurs, d’AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) ou de coopératives d’achat. www.influences-vegetales.eu
Repenser le transport en multipliant les circuits courts afin de favoriser l’activité locale et limiter la consommation de pétrole liée aux transports. Se déplacer autrement : covoiturage, autopartage, transports en commun, transformation de routes en vélo-routes, vélos-partagés...
Recycler et échanger : développer le compostage [éventuellement collectif] pour utiliser ses déchets verts et produire localement de l’engrais naturel. Favoriser la réutilisation : brocantes, troc, braderies, dons, ...



Paru dans l'Agenda Plus N° 267 de Mai 2015
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