Ranger chez soi pour ranger en soi
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Ranger chez soi pour ranger en soi



La société de consommation dans laquelle nous vivons nous pousse à posséder toujours plus. Du « plus » qui envahit nos bureaux, nos maisons, nos armoires. Au final, le fouillis est partout. Et si un intérieur bien rangé était un gage de sérénité ?





En 2005, Dominique Loreau écrivait dans son best-seller « L’art de la simplicité », « Nous gaspillons, détruisons tout. Nous utilisons des couverts, stylos, briquets, appareils photo jetables…dont la fabrication génère la pollution de l’eau, de l’air et donc de la nature. Renoncez dès aujourd’hui à tout ce gâchis avant d’y être forcée demain. » 15 ans plus tard nous y sommes, réchauffement climatique oblige. Consommer moins n’est pas uniquement bénéfique pour la planète mais a des répercussions positives également sur la santé mentale et le bien-être. L’auteur va plus loin encore en disant « l’abondance n’apporte ni la grâce, ni l’élégance. Elle détruit l’âme et emprisonne. Se défaire de ses possessions peut aider à devenir celui ou celle que nous aurions aimé être. »

Faire circuler l’énergie

Le lieu que nous habitons se doit d’être un lieu de repos, une source d’inspiration qui nous procure de l’énergie. Pour le corps, il est une protection matérielle et pour l’esprit, une protection psychologique. Le Feng Shui, art millénaire chinois, nous parle du Chi, l’énergie qui doit pouvoir circuler librement dans nos espaces de vie. La mauvaise circulation du Chi a des répercussions sur notre sommeil, notre clairvoyance, notre vie toute entière. Nous sommes en permanence influencés par le monde dans lequel nous vivons. Le Feng Shui a pour but de partager des principes pour agencer et décorer sa maison afin de trouver la plénitude. Il nous apprend qu’un intérieur encombré par trop d’objets fatigue notre esprit. C’est également la porte ouverte à la prolifération de la poussière et de toutes les petites bêtes qui y vivent et qui sont de puissants allergènes pour beaucoup de personnes. La poussière et la saleté sont aussi les refuges privilégiés du Chi stagnant et destructeur. La propreté est donc de mise. « Le ménage sert à mieux vivre. Faire le ménage, c’est s’entourer d’ordre, de propreté et donc de beauté. Or, la beauté est essentielle au bien-être, à la légèreté. Un endroit sale déprime, fatigue, alors qu’un endroit propre envoie de l’énergie », nous rappelle Dominique Loreau.

L’art d’organiser son intérieur

Souvent, nous rangeons et le lendemain nous devons recommencer, avec un sentiment de désordre constant. Il se peut aussi que nous décidions de ranger mais ne sachions pas par où commencer. On se sent dépassé et perdu et c’est une boucle infernale qui s’installe, nous paralysant malgré notre bonne volonté et nous infligeant une bonne dose de frustration. Au plus on regarde notre désordre au plus on se sent épuisé et négatif. L’accumulation d’objets et de désordre autour de soi provoque un trop plein de stimuli pour les yeux et le cerveau.
Avec l’évolution de la société, de nouveaux métiers ont vu le jour. Les « home organizers » ou « coach en rangement » se déplacent chez des particuliers, dans des bureaux afin d’aider à faire le vide pour mieux vivre. La Japonaise Marie Kondo s’est prise de passion pour le rangement dès son plus jeune âge et est devenue consultante en rangement à seulement 19 ans. Sa méthode KonMari et son livre « La magie du rangement » connaissent un énorme succès, l’élevant au rang de papesse du rangement. Nourrie par l’art de vivre à la japonaise qui allie beauté et sagesse dans des espaces réduits, elle propose une façon de mettre de l’ordre différente de ce qu’on nous a appris jusqu’à présent : le rangement par catégorie et non par pièce. Elle conseille de ranger d’abord les vêtements, puis les livres, les papiers, les objets et puis enfin les souvenirs. On étale tout par terre devant soi et c’est parti ! Cela demande du temps et avant tout une véritable envie de changement. Mais cela en vaut la peine.

Rangement et émotions

Pour Marie Kondo, l’important est de s’engager pleinement dans l’acte de trier et de ranger. Il faut vraiment avoir envie de le faire. Il est préférable de le faire seul, dans le silence. Trier n’appartient ni à la famille ni aux amis. C’est à vous de visualiser le genre d’atmosphère dans laquelle vous souhaitez vivre. « Les transformations intérieures annoncées sont possibles parce qu’à ranger ainsi, seule, dans notre silence intérieur, nous découvrons enfin ce que nous voulons vraiment ». Pour se décider à garder ou à se débarrasser d’un objet, il faut se demander d’abord quelle est son utilité et ensuite s’il nous apporte de la joie. Le prendre dans ses mains, le regarder, le toucher. Face à chaque objet devant lequel on se demande - je le garde ou je le jette - c’est notre capacité à prendre des décisions qui est questionnée, notre attachement au passé, notre peur de l’avenir. Au début, c’est assez compliqué et puis le jugement s’affine. S’entourer d’objets qui nous apportent du plaisir permet d’être plus joyeux. Avant de se séparer d’un objet, il est important de le remercier pour ce qu’il nous a apporté. Le but est d’apprendre à éliminer en douceur mais avec rigueur. Quand le tri est fini, il faut sélectionner une place spécifique pour chaque catégorie d’objet et toujours remettre les choses à leur place. Lorsque tout trouve enfin sa place, il est possible de savourer le fait de se sentir parfaitement bien chez soi à tout moment. Il s’agit de simplifier sa vie pour l’enrichir. En reprenant en main son espace de vie ou de travail, on ne subit plus, on agit. « Le changement opéré est si profond qu’il touche aux émotions et influe irrésistiblement sur votre mode de pensée et vos habitudes au quotidien » affirme la papesse. Se sentir bien dans son intérieur, bien avec soi, permet également de mieux affronter le dehors.

Vanessa Jansen

L’Art de la simplicité, Dominique Loreau, Ed.Robert Laffont
La magie du rangement, Marie Kondo, Ed.First
www.konmari.com
www.wellbeoingorganized



Paru dans l'Agenda Plus N° 316 de Avril 2020
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