Les cosmétiques sous la loupe
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Les cosmétiques sous la loupe



Cheveux brillants et soyeux, peau douce au toucher, odeur corporelle agréable : les exigences en matière de beauté remplissent la salle-de-bain de cosmétiques. Mais ces produits dont le corps est enduit à longueur d’année sont-ils sans effet sur la santé ?

Quelle parade adopter ?





Depuis quelques années, l’aluminium, les parabènes ou encore les dérivés de silicone contenus dans les cosmétiques sont mis au pilori. Toutefois, les composants industriels apportent des propriétés nécessaires à l’usage du déodorant, de la crème corporelle ou du shampoing. Alors que des produits bios proposent de réelles alternatives, certains sont toutefois pointés du doigt pour publicité mensongère. En réponse, on voit l’émergence d’une mouvance consacrée à la fabrication maison de ses propres cosmétiques. Le principe «home- made» compte de nombreux adeptes, et parmi eux, Delphine. maman de deux jeunes enfants. Le déclic s’est fait durant sa première grossesse. Depuis 5 ans, elle a passé au crible les produits et testé de nombreuses formulations. Riche de ses expériences, elle nous apporte son point de vue.

Suspect n°1 : l’aluminium

Avoir des auréoles sous les bras ? Jamais ! C’est la raison d’être des sels d’aluminium présents à foison dans la composition de nombreux déodorants et des anti-transpirants. Sur l’étiquette, ils sont repris sous les noms d’aluminium sulfate ou encore d’aluminium chlorhydrate.
Alors que les parfums des déodorants ont comme rôle majeur de masquer l’odeur de transpiration, l’aluminium, quant à lui, diminue la quantité de liquide sécrétée en formant un bouchon étanche à la surface des canaux sudoripares. Le métal entrave ainsi la régulation naturelle de la température du corps. «Le fait que l’aluminium agisse sur les glandes sudoripares peut avoir d’autres conséquences que de seulement bloquer la transpiration sous les aisselles», commente le Pr Chris Exley, expert en matière de toxicologie de l’aluminium.
«Les indices d’un lien direct entre l’aluminium et le cancer du sein se multiplient : on a trouvé une teneur en aluminium supérieure à la normale chez certaines femmes atteintes d’un cancer mammaire. Quelle est l’origine de cet aluminium ? Il y a une suspicion envers les déodorants».
De même, l’ANSM [Agence Nationale de Sécurité des Médicaments] en déconseille l’usage après le rasage et l’épilation. C’est qu’une peau irritée va absorber bien plus d’aluminium qu’une peau normale.
Quid de la pierre d’alun ? Minerai naturel, elle régule la sudation sans boucher les pores de la peau. En effet, sa propriété astringente provoque une contraction des muqueuses dermiques. Ses pouvoirs bactéricides réduisent quant à eux les odeurs de transpiration. Présentée par certains comme la solution biologique, elle est toutefois sous le feu des critiques. Et pour cause : la pierre d’alun contient, elle aussi, de l’aluminium, mais sous une forme chimique différente de celle des anti-transpirants industriels. Toutefois, le monde médical ne s’accorde pas sur son innocuité.
Le meilleur geste reste de ne pas utiliser d’aluminium. Selon Delphine, dénicher ces produits est relativement simple : «Il faut lire les étiquettes. Certains déodorants de grande surface, sans pour autant être bios, ne contiennent pas de sels d’aluminium».

Suspects n°2 : les dérivés de silicone

Qui ne rêve pas d’une peau veloutée et d’une chevelure soyeuse ? Les crèmes hydratantes ou anti-rides, les shampoings ou encore les démêlants, tous contiennent de grande quantité de dérivés synthétiques de silicone. Le représentant principal est le diméthicone. Grâce à ses propriétés, le produit glisse sur la peau et permet un démêlage facile des cheveux. En revanche, un cuir chevelu irrité et des cheveux qui deviennent gras sont souvent des dommages collatéraux liés à son utilisation. En effet, les résidus laissés sur le cuir chevelu étouffent la peau en bouchant les pores.
Sans silicone, les crèmes s’étalent moins bien et accrochent la peau. «C’est pourquoi, dans les produits bios et faits-maison, on utilise du silicone végétal», explique Delphine. Il est obtenu à partir d’une algue rouge. «Les dérivés du miel, de protéines de riz ou de protéines de soie apportent eux aussi l’hydratation, la douceur ainsi que la souplesse des cheveux et de la peau».

Suspects n°3 : les parabènes

Rendus célèbres par les médias, les parabènes jouent le rôle de la barrière antibactérienne des cosmétiques. Le hic, c’est qu’ils sont grandement suspectés d’être des perturbateurs endocriniens et d’entraîner des problèmes de fertilité et de reproduction. Parmi cette famille de composés chimiques, 6 sont autorisés dans les formulations cosmétiques : le méthyl-, éthyl-, propyl-, butyl-, isopropyl- et isobutyl-parabène.
En l’absence de conservateur, un doigt plongé dans la crème anti-ride provoquerait une prolifération bactérienne qui envahirait le pot. Les propriétés apportées par les parabènes sont donc essentielles à l’hygiène des produits cosmétiques.
En se promenant dans les rayons des magasins, force est de constater que l’argument «sans parabène» est un outil marketing qui pullule. Les remplacer ? Oui. Mais par quoi ? Dans les nouvelles formulations, les industriels intègrent de la methylisothiazolinone [MIT]. Toutefois, ce produit serait un allergène de contact, irritant et initiateur de l’eczéma.

Et le bio ? «Dans nos cosmétiques labellisés bios, les parabènes sont remplacés par différents composés : l’acide benzoïque et ses sels, l’alcool benzylique, l’acide salicylique et ses sels, l’acide sorbique et l’acide déhydroacétique », explique la firme COSMEBIO. A noter toutefois que l’acide benzoïque a des propriétés allergisantes. Selon Laurence Wittner de l’Observatoire des Cosmétiques, on peut également «opter pour un conditionnement dans des flacons à l’abri de l’air ou encore jouer sur le pH du produit».
Dans ses crèmes corporelles faites maison, comme alternative aux parabènes, Delphine utilise le cosgard. C’est un conservateur à large spectre composé d’alcool benzylique, d’acide déhydroacétique et d’eau. «Avec le cosgard, mes produits se conservent environ 3 mois. La conservation est donc moins longue que celle des produits bios commerciaux. On peut aussi ajouter des huiles essentielles qui peuvent se révéler être d’excellents anti-bactériens».
Les cosmétiques industriels apportent leur lot de questionnements sanitaires. Mais heureusement, les solutions alternatives sont légion. Vérifiez les étiquettes...avec une loupe !

Laetitia Theunis



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