La sexualité chez les ados
« En dessous du nombril, il n’y a ni religion, ni vérité. » (proverbe italien ).
Que le sexe interpelle nos adolescents, quoi de plus normal ? Leur corps éveille plein de
questions, les sollicitations sexuelles, surtout sur Internet, ayant évolué de façon exponentielle.
Pour les adultes, la sexualité des enfants et des adolescents demeure une source d’interrogations
et d’alarmes. Comment trouver l’équilibre subtil entre le droit de nos jeunes
à vivre leur sexualité et le devoir des adultes de les accompagner et de les protéger ?
L’éducation sexuelle, les parents sont ravis de la confier à l’école. L’histoire des choux est enterrée depuis
longtemps. Du nu, ils en voient sur chaque panneau publicitaire. L’empreinte du sexe envahit leurs regards
encore frais et attentifs. Pour les guider dans ce vacarme sexuel permanent, l’information offerte aux
jeunes réduit souvent l’acte sexuel à une technique à maîtriser (- prévention – contraception – avortement).
Cette information est largement centrée sur la notion de plaisir.
Et pourtant, les tabous sont loin d’être abolis. Pour beaucoup d’ados, l’approche de la relation sexuelle est
stressante, parce qu’entre l’obligation du plaisir et les images que la pornographie suscite, certains jeunes
fonctionnent sans repères ou sont habités d’une crainte de l’autre sexe. L’important est d’être « stylé »
pour être « liké ». Les garçons vivent de grandes angoisses de ne pas être à la hauteur tandis que les filles
craignent devoir se prêter à des demandes qui les dégoûtent pour satisfaire leurs partenaires. On retrouve
d’autres ados horrifiés à l’idée même de devenir adultes et de devoir faire « ça ». Le « ça » pouvant entraîner
la tétanisation du corps à la seule vision d’un baiser déposé dans le cou.
Pourquoi laisser dans l’ombre l’éducation à l’amour ? Notre responsabilité d’adultes n’est-elle pas d’aider
nos jeunes à construire leur code de conduite ? Aidons les à développer cette compétence essentielle : la
capacité d’exprimer son désir d’autrui en des termes –mots, regards, attitudes, gestes – qui amènent et
accueillent le désir de l’autre. Mais tout cela n’est pas simple : l’ordre du désir est tout sauf transparent,
ce trouble habite chacun de nous. Comment alors parler de ce sujet avec nos ados, nous, parents, adultes,
éducateurs, en des termes qui ne soient pas seulement ceux d’une prophylaxie sexuelle ? A chacun de nous
d’investiguer, d’inventer les chemins pour accompagner nos ados afin qu’ils abordent la sexualité avec une
tranquille part d’intranquillité et qu’ils puissent mettre à leur juste place tous les messages dont la société
les bombarde…
Diane Drory,
psychologue, psychanalyste