Les voyages « initiatiques »<br> Quand le voyage externe est le reflet du voyage interne…
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Les voyages « initiatiques »
Quand le voyage externe est le reflet du voyage interne…



Voyager est une activité assez commune dans notre mode de vie d’Occidental. C’est d’abord une chance. Voyager c’est se dépayser, changer d’air, découvrir, déguster, chan-ger de rythme, se ressourcer. Les voyages professionnels, les vacances, les citytrips, etc.



Voyager cela nous demande aussi un cer-tain état d’esprit ; voyager c’est rencontrer une autre culture, d’autres points de repères, d’autres modes de vie, rencontrer l’étranger qui parfois nous semble étrange. Rien qu’en quittant nos proches frontières, l’altérité est déjà présente, parfois dans de petits détails.
Mais ces voyages-là, que nous vous souhai-tons responsables, solidaires, éthiques, sont fort communs. Ce qui l’est moins ce sont des voyages qui présentent un caractère « initia-tique » dans leur démarche et qui sont d’une toute autre nature.

Qu’est-ce qu’un voyage initiatique ?

Par voyage initiatique, on entend un voyage d'initiation qui vous accompagne dans votre processus de développement personnel et/ou spirituel. L’initiation est abordée comme un passage de cap(s), comportant de l’intros-pection, parfois des épreuves (souvent face à son ego), et puis un pas en avant vers la sa-gesse en ayant traversé une expérience – la rencontre avec l’autre, dépasser une peur ou accomplir un périple.
L’ego est très ambivalent face à ce type de voyages : il les désire ardemment car il sait qu’il s’y passe des choses intenses et mer-veilleuses, et en même temps, il en a peur car cela lui demande de modifier ses habitudes pour aller encore plus vers l’essentiel et le soi profond.

Un voyage initiatique comporte souvent des vecteurs importants.

1. Une forme de déconnexion avec votre quotidien
Il s’agit de se déconnecter des soucis du quotidien, par la déconnexion du téléphone, des courriels, des réseaux sociaux, de la lecture du courrier, des journaux, des actualités, etc. Ce processus est déjà exigeant car, l’air de rien, en quelques années, nos petits téléphones magiques et PC sont devenus si importants qu’ils nous tiennent en haleine et nous relient constamment au va-et-vient du monde. Cette déconnexion nous permet alors d’engager un autre ingrédient.

2. Une forme de reconnexion avec soi-même
Cette reconnexion avec soi-même, elle est essentielle et fort recherchée dans les voyages initiatiques. Il y a d’abord des temps de silence pour être en connexion avec son Soi, avec l’âme. Ceci demande une communication plus épurée avec les autres, une com-munication plus affinée avec soi-même, qui va nécessiter un centrage important.
Dans un voyage initiatique, il y a souvent des moments de silence, parfois longs, parfois courts. Des méditations, des marches silen-cieuses, etc. Ces moments sont stratégiques car eux-seuls vont permettre de laisser émer-ger à la fois la connexion à l’âme, à la fois les vieilles casseroles de l’égo. N’oublions pas que l’un ne va pas sans l’autre.
Il y a des temps de reconnexion avec son corps (par la pratique du yoga, tai chi et/ou d’autres disciplines psycho-corporelles), avec son rythme, ses douleurs, ses tensions et ses besoins. Tout cela nous emmène naturelle-ment vers l’ingrédient suivant.

3. Une forme de détox
Tout d’abord par la nourriture et les boissons. Ces voyages vont utiliser une alimentation plus légère, avec pas ou peu d’alcool, pas ou peu de viandes, avec moins de sucres, pas ou peu de tabac, pour rendre le corps plus léger, pour élever le taux vibratoire du corps et per-mettre une réelle détoxification du corps et de l’esprit. Ainsi l’impact d’une alimentation saine et d’une bonne hygiène de vie se fait vite sentir en deux ou trois jours sur notre état d’esprit.

4. Un apport d’enseignement
Le voyage initiatique est organisé par une ou plusieurs personnes qui vous proposent d’enrichir votre cheminement par un apport d’enseignements, formels ou informels, vous permettant d’apprendre, de découvrir, de confronter l’apport avec votre vie, et qui va ensuite s’enraciner dans votre vie à mesure que vous allez l’expérimenter. Là, la perspective d’apprendre est pour certains excitante, pour d’autres, plus difficile, tout dépend du rapport à l’apprentissage que nous développons.

5. Des temps de partages
La plupart des voyages initiatiques vont cher-cher à instaurer des temps de partages et de rencontres entre les participants à propos du fil vert du voyage. Tout ceci va demander d’instaurer un climat de sécurité, de non-ju-gement, d’accueil inconditionnel, ce qui n’est pas mince. L’art de partager sur des choses par définition intime (vécus de vie difficile, surprise d’une découverte, remise en question d’une habitude, difficulté à passer un cap, etc) nous questionne fondamentalement sur notre capacité d’écoute, d’expression bienveillante, de formulation claire, d’oser exprimer nos pro-fondeurs dans l’authenticité, etc. Des compé-tences qui sont complexes et longues à inté-grer mais qui, une fois intégrées, nous aident dans bien des situations.



6. Un voyage extérieur en conscience

Puisque tout ceci prend corps dans un vrai voyage, à travers un désert, en traversant une mer, dans la forêt ou dans un parcours spécifique à l’étranger, nous rencontrons la différence (une autre culture, d’autres religions, un autre climat, etc), des expériences collec-tives à gérer (rater un avion, s’accorder sur un horaire, arriver dans un temple 3 minutes après sa fermeture, gérer un participant qui s’est blessé, respecter les coutumes d’un lieu saint, etc).
Ici encore, il sera question de développer la délicatesse et l’écoute, face à ce que ces évè-nements provoquent comme échos en nous. Ecouter nos émotions, nos états d’esprit face à ces évènements. Pourquoi est-ce que subi-tement je ne supporte pas la remarque d’un guide touristique ou que j’ai une tristesse face à telle attitude d’un participant ? Toutes ces choses font échos en nous, à notre vécu, nos blessures, nos croyances. Et c’est par la rencontre avec tout ce matériau que va pou-voir s’opérer progressivement la magie d’un voyage initiatique. Cela va nous demander une humilité impor-tante et un niveau d’introspection qui permet d’intégrer le fil vert du voyage. Tous ces moments sont des micro-initiations en tant que telles et souvent cela confronte notre personnalité, notre ego, qui n’aime pas trop ceci.



7. La rencontre avec du sacré
Nombre de voyages initiatiques, et ce depuis la nuit des temps, nous invitent aussi à la ren-contre de dimensions sacrées. On peut ainsi fréquenter certains lieux reconnus comme sa-crés tels des lieux de cultes, des sites naturels étonnants comme certains déserts, certaines forêts, des volcans spécifiques, ainsi que des chemins reconnus comme sacrés, des routes de pèlerinage millénaires comme le chemin de Compostelle ou le tour du Mont Kailash au Tibet ou rencontrer des Maîtres spirituels. Ces lieux reconnus comme sacrés sont par-ticulièrement élevés dans leur taux vibra-toire et opèrent – pour autant que ceci soit demandé en conscience par celui qui le fréquente – une véritable alchimie dans notre transformation intérieure. Des lieux très hauts en énergie viennent amplifier et réveiller certains chakras par exemple, sans forcément que vous ne puissiez le voir ni le contrôler.
La rencontre de ces lieux éveille notre conscience, stimule notre enracinement, parfois nous aide à guérir des vieux condi-tionnements ou des vieilles blessures, etc. Voilà pourquoi dans certains voyages ini-tiatiques il se produit parfois quelques « nettoyages » surprenants sur le plan phy-siologique (allergie inexpliquée, diarrhée, petite fièvre, etc) souvent étonnants. Jamais vraiment conséquents, ces désagréments passagers sont parmi d’autres manifestations le reflet des caps qui sont passés par chacun. Ces mêmes phénomènes peuvent aussi s’opérer sur le plan psychique : crise de larmes, contact avec une angoisse forte ou une colère forte, montée d’un blues en quit-tant un lieu, etc.
Quant aux rencontres avec des Maîtres spi-rituels, ces rencontres ne laissent jamais indifférents à un cœur qui sait entendre et accueillir. Ces Maîtres enseignent en parole et en action, mais aussi simplement par leur rayonnement qui est une invitation à développer la force du cœur, l’ouverture de conscience, oser le changement, la cohé-rence, le centrage, l’engagement, etc.

La rencontre avec un Maître spirituel est déjà une initiation en soi. Le fréquenter dans un voyage pendant plusieurs jours est encore plus intense car son aura va « infuser » sur les participants et ainsi accélérer des change-ments intérieurs souhaités par ceux-ci.
Il y a des Maîtres spirituels bien loin, en Asie. Il y en a des « populaires » ou des « reconnus ». Il y en a aussi de plus discrets qui, loin des ca-méras et des livres, font un travail remarquable en Europe et même en Belgique. A voir si l’ego cherche la reconnaissance d’avoir fréquenté un Maître « tendance » et socialement accep-té ou si la personne désire réellement prati-quer un chemin d‘intériorité ; parfois il n’est nul besoin d’aller au sommet de l’Everest pour rencontrer des Maîtres. Et un Maître qui vit dans notre culture a souvent bien plus à nous apporter au long-cours car vivant dans notre époque, dans notre contexte sociologique, il a dû traverser le poids des conditionnements sociétaux (qui sont souvent des freins d’évo-lution) et saura encore mieux vous témoigner son chemin.



8. Un rythme qui permet le centrage
Parmi les derniers ingrédients des voyages initiatiques, il y a la question essentielle du rythme. Car notre monde va vite, et parfois si vite que l’on peut traverser une époque de sa vie (une semaine, un mois, un an ou dix ans) en étant un peu déconnecté de son Soi pro-fond.
Le rythme d’un voyage initiatique sera no-tamment imprimé par les modes de transport (à pied, en bateau, avec un animal). Ils seront de préférences doux et aideront à éviter la dis-persion. Marcher longtemps dans la nature est un véritable processus psychique.
Marcher pendant plusieurs jours dans le dé-sert et vous avez là, par exemple, une synergie de catalyseurs psychiques et physiques pour rencontrer sa profondeur et passer des caps. Il en est de même pour le bateau. La navigation face à la mer à perte de vue est vraiment libératrice. Le rythme sera aussi imprimé par le dérou-lement de la journée, un éveil au monde en conscience et en douceur, des temps de visite, d’activité physique, des temps d’introspec-tion, de partages, prendre le temps de manger, de célébrer d’être vivant, etc.
Tout est affaire d’équilibre, singulièrement dans ces voyages où il faut le juste équilibre entre l’élévation et l’enracinement sans quoi les apports du voyage ne s’intègrent pas.

9. Un nombre raisonnable de participants
Pour les organisateurs, porter une telle dé-marche n’est pas une mince afffaire. Il s’agit autant de l’organisation concrète, des moyens logistiques (repas, nuitées, etc) que de porter le groupe. Ceci demande une très forte impli-cation personnelle et exige une réelle force d’âme. Ceci n’est pas l’affaire de tous, mais d’êtres engagés, centrés, avec une bonne hy-giène de vie, ayant déjà accompli un fameux chemin, bien en contact avec leur être profond.
Rencontrer un amour si intense qu’il remet en question votre train-train.
Avoir la joie profonde et immense de croiser un chauffeur de taxi, inconnu, juste pour dix minutes et le quitter sans regret. Accueillir une crise existentielle, la traverser avec l’aide de personnes bienveillantes. Revenir le regard éveillé et le cœur doux d’un voyage. Déjà rê-ver au suivant. Ainsi s’opère la magie de ces voyages.



Quelques exemples

Le chemin de Compostelle, à vocation initia-tique, seul ou en groupe, n’est plus à présen-ter. Longue marche parsemée de sites sacrés, de rencontres d’alter-ego en quête d’essen-tiel, traversant l‘Europe, dans un rythme doux et nécessitant calme, endurance et intros-pection. Il est entré dans les archétypes de l’Europe.
Les traversées du désert sont connues pour oser faire face à l’immensité, recevoir à soi-même, faire face aux changements de caps importants. Désert d’Afrique ou d’Australie, les déserts réveillent notre envie d’immen-sité, de contact avec les étoiles si présentes la nuit dans ces espaces loin de la pollution lumineuse.
Nombre de voyages initiatiques ont pour destination l’Asie car la place du sacré dans la culture y est pour beaucoup, de même que l’apport que le bouddhisme et l’hindouisme peuvent faire à notre chemin de vie. Certains voyages prennent le temps de faire une pause dans un Ashram, un lieu de vie à vocation spirituelle.
Et d’autres sont plus insolites, ici ou ailleurs. Impossible de les citer tous.
« Ce qui fait le propre d’un voyage initiatique, c’est que le chemin intérieur accompli est au moins aussi grand que le chemin extérieur concret. »

Une invitation au voyage

Toutes ces expériences sont le commun de ces voyages d’exception. Ils sont à la portée de tous. Il suffit juste d’oser. De se lancer. Pour mettre du relief dans ce grand voyage qu’est notre vie, notre exis-tence. Pour accélérer notre transformation in-térieure et aller vers ce qui nous est essentiel. Car la vie est courte.
La vie était déjà un grand voyage. Elle peut désormais être un kaléidoscope de voyages pour nous propulser dans notre cheminement intérieur, en découvrant les merveilles de ce monde.

Raphaël Dugailliez



Paru dans l'Agenda Plus N° de
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