Le charbon végétal, un incontournable de la pharmacie familiale.
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Le charbon végétal, un incontournable de la pharmacie familiale.



Qui dit pharmacie familiale de qualité dit souvent remède multiséculaire. Lorsque celui-ci s’adresse de plus au domaine d’intérêt majeur que constitue aujourd’hui l’intestin, il deviendrait presque criminel de ne pas le remettre à l’honneur. Son nom : le charbon végétal !





Il faut remonter à – 1550 avant Jésus Christ pour découvrir le récit le plus ancien de ses vertus en tant qu’antidote universel. L’Antiquité poursuit son utilisa-tion dans les cas de troubles intestinaux, mais aussi dans des procédés d’épura-tion des eaux. Au 19ème siècle, sa noto-riété s’accroit avec la mise au point par un chirurgien français (Camille Belloc) d’un procédé de fabrication permettant d’opti-miser ses propriétés. Le charbon végétal (« Charcoal » en anglais) peut en effet être obtenu à partir de différents subs-trats dont la caractéristique principale est leur richesse en carbone. C’est essen-tiellement à partir de bois que le charbon végétal est fabriqué. Le plus souvent il s’agit de bois de bouleau ou de peuplier, comme dans le cas du célèbre « Charbon Belloc », mais le chêne, le hêtre, le saule et le pin sont aussi utilisés. Chaque type de bois va conférer au charbon obtenu des propriétés particulières liées à sa taille de porosité. Aujourd’hui, les coques de noix de coco (Cocos nucifera) sont ré-putées être la source du charbon végétal de meilleure qualité.

Un adsorbant prodigieux

L’adsorption (et non pas l’absorption) dé-signe la capacité que possède un maté-riau de fixer à sa surface des substances gazeuses, liquides ou solides, via des forces d’interactions physico-chimiques (un peu comme l’attraction électrosta-tique) relativement faibles mais nom-breuses en regard du poids du matériau. Le charbon végétal s’obtient en carboni-sant à très haute température (processus de pyrolyse à 600-900° C) et en l’absence d’air, une matière végétale riche en car-bone. La poudre noire ainsi obtenue possède déjà une capacité d’adsorption intéressante que l’on va augmenter en soumettant ce premier résidu à une se-conde chauffe (jusqu’à 1000° C), cette fois en présence d’air et de vapeur d’eau. La porosité, donc la surface de piégeage, du charbon dit alors « activé » devient ainsi extraordinaire puisqu’un seul gramme de ce charbon peut présenter une sur-face d’adsorption potentielle allant de 400 jusqu’à 2500 m2 ! Un peu comme un velcro naturel dont les poils augmente-raient la surface d’accroche, il va ainsi pouvoir piéger gaz toxiques, polluants (pesticides, drogues), micro-organismes, etc. Cette propriété d’épuration du milieu est aujourd’hui largement utilisée aussi par l’industrie : filtres d’épuration des gaz, épuration des eaux résiduaires, masques ou filtres de protection en milieu médical ne sont que quelques-uns des multiples usages du charbon végétal. En usage do-mestique, il constitue un dépuratif majeur de la pharmacie familiale tant sur le plan de la santé que de la beauté.

Faire place nette

Peu avant la commercialisation du « Charbon Belloc » par le chirurgien du même nom en 1849, deux autres hommes de science (le Pr Bertrand et le pharma-cien Touéry) avaient fait une démonstra-tion de sa capacité à annihiler l’effet de puissants poisons tels que l’arsenic et la strychnine en ingérant des doses létales massives de ces drogues conjointement à du charbon végétal activé, et ceci bien sûr sans en ressentir le moindre effet néfaste. Sa capacité à piéger les gaz l’in-dique particulièrement dans les cas de fermentation intestinale (fréquente en cas de consommation de trop de glucides ou de protéines) avec ballonnements, ren-vois fréquents, mauvaise haleine. Il épure aussi les liquides contenus dans l’intes-tin d’autres fauteurs de troubles tels que champignons et leurs toxines, résidus de pesticides liés à l’alimentation. Le char-bon activé constitue donc également un remède tout indiqué en cas de diarrhée. Actuellement, on le trouve souvent asso-cié dans les compléments alimentaires à d’autres alliés de l’intestin comme la myrtille (astringente, antiseptique) ou la propolis (antibiotique, assainissante).

Antidote aux intoxications

Outre ces troubles courants, il en est bien sûr de plus dangereux, lorsque survient l’ingestion, volontaire ou accidentelle de grandes quantité de substances toxiques pour la santé. Qu’il s’agisse d’intoxication alimentaire ou liée à l’absorption mas-sive de médicaments, le charbon activé peut réellement être un antidote puis-sant ! Après avoir bien sûr averti un centre antipoison, il faut alors idéalement en prendre une forte dose (on recommande, si la dose de poison est connue, un ratio charbon : poison de 10 : 1 au minimum) pouvant aller jusqu’à 100-120 grammes pour un adulte, la moitié pour un enfant de 2 à 12 ans (ou une dose de 1 gramme par kilo de poids corporel). Une fois cette dose initiale absorbée, si les symptômes perdurent on peut reprendre une dose de 10 à 25 grammes toutes les 2 à 4 heures jusqu’à amélioration et ce pendant 48 heures en attendant avis médical. Au-delà de 4 heures après l’ingestion de la substance toxique, l’efficacité de ce traitement naturel n’est plus garantie. Bien sûr cette utilisation laisse supposer que si des drogues peuvent être piégées, d’autres substances utiles peuvent l’être aussi. A cela s’ajoute la mise en pratique parfois délicate de ce remède ancestral. Alors…

En pratique

La forme la plus polyvalente et surtout la moins onéreuse du charbon végétal activé est la poudre. Il est important de la prendre la plus pure possible et de bien vérifier que des ajouts de produits inutiles (sucre, édulcorants,…) n’ont pas été faits. Lorsqu’on sait qu’une cuillère à soupe du remède pèse seulement 5 grammes, il y a de quoi se poser la question de la dif-ficulté d’ingestion d’une forte dose de cette poudre qui de surcroit est noire ! Il est donc conseillé de la diluer dans un li-quide (eau, sirop) ou un yaourt à raison de 8 fois plus de ce diluant que de charbon et de boire à la paille (le charbon n’a pas de goût ni d’odeur) afin d’éviter d’avoir la bouche et surtout les dents toutes noires ! En entretien, afin de soulager le foie et les reins de la filtration de toxines, on l’utilise cependant à des doses bien plus faibles de l’ordre de 5 grammes par jour. En cas de prise de médicaments (pilule contra-ceptive ou autres), il est impératif, afin qu’il ne piège pas ceux-ci, de le prendre à distance d’au moins 3-4 heures de ces médicaments. Bien qu’il ne piège pas les minéraux et vitamines, son usage devrait être ponctuel (1 à 2 jours à forte dose ou pas plus de 15 jours en cure détox ou en-core 1 à 2 jours/mois en entretien).
Enfin, sachez que si l’usage interne est la norme, il est aussi utilisé en externe, par exemple comme agent blanchissant des dents (faire une pâte que l’on frotte sur les dents chaque jour avec un coton-tige avant de bien rincer, ceci pendant 15 jours) ! Mélangé à du gel d’aloe vera ou du miel, il constitue aussi un très bon masque assainissant de la peau. Il peut sûrement bien plus, ce serait dommage de ne pas l’essayer !<

Charline Nocart

DE BONNES SOURCES POUR EN SAVOIR PLUS :
• Le grand livre des compléments alimentaires, de Danièle Festy, Editions Quotidien Malin
• Le charbon de bois activé : un remède universel pour toute la famille, de François Versini, Eds Rouge Et Vert
• www.charbon-vegetal.com
• www.ncbi.nlm. nih.gov/pubmed



Paru dans l'Agenda Plus N° 300 de Septembre 2018
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