Les champignons : un règne à redécouvrir
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Les champignons : un règne à redécouvrir



A la frontière entre les règnes animal et végétal se situe un groupe d’organismes accompagnant l’homme depuis des milliers d’années : les champignons. Qu’ils soient ingrédients de dégustation ou de potion magique, leurs vertus méritent d’être explorées, pour le plaisir des papilles autant que pour leur intérêt curatif.





Méconnus du grand public, les champignons jalonnent pourtant l’histoire humaine depuis des millénaires, notamment pour leurs vertus thérapeutiques déjà décrites dans de très anciens ouvrages de la pharmacopée asiatique. Leur utilisation dans la pratique religieuse, chamanique ou médicinale exploite très souvent des composés dont le dosage fera un poison… ou un remède ! Si la récolte de spécimens sauvages requiert une connaissance précise des clés de détermination permettant d’éviter les espèces à risque de toxicité, la culture aujourd’hui mondialement répandue (près de 70 % des « champignons de Paris (Agaricus bisporus) » seraient ainsi produits… en Chine !) de certaines variétés permet leur utilisation sûre, tant en cuisine qu’en médecine. Car dans l’un et l’autre de ces domaines, les champignons présentent des vertus appréciables dont voici un aperçu.

Sous la loupe du nutritionniste

De la précieuse truffe se négociant en centaines d’euros le kilo aux champignons les plus cultivés que sont les champignons de Paris (dont la culture s’est en effet développée dès le 17ème siècle dans d’anciennes carrières de la région parisienne, d’où son nom), toutes les bourses et papilles trouvent dans ce groupe de quoi se satisfaire. Mais au-delà du goût que certains décrivent comme proche de celui de la viande, les champignons sont intéressants à plus d’un titre. Riches en eau (près de 90 % de leur poids), ils s’avèrent très peu caloriques (environ 30 Kcal/100 gr) et donc précieux pour les personnes visant une alimentation légère et digeste. Ceci d’autant plus qu’ils présentent un contenu en protéines (de l’ordre de 3g/100gr frais, dont près de 50 % d’acides aminés essentiels) favorisant l’effet de satiété et une faible teneur en graisses. Riches en fibres insolubles (jusqu’à 30 % du poids sec), ils participent à la bonne santé intestinale en favorisant le transit et la flore intestinale indispensables pour une santé et une immunité optimale. Outre ces nutriments de base, les champignons sont également riches en minéraux tels que potassium, calcium, phosphore, magnésium ou encore zinc. A cela s’ajoutent des oligoéléments en quantité appréciable, comme le sélénium, le cuivre ou le germanium, importants pour les défenses anti-oxydantes de l’organisme et des vitamines B (B2, B3, B5) et D. Ceci en fait un aliment ressource important pour les végétariens souvent carencés en cette vitamine. A ces nutriments s’ajoutent des composés bioactifs certainement à la source des vertus thérapeutiques de certaines espèces utilisées traditionnellement depuis des millénaires mais que la science commence seulement à explorer.

Vertus médicinales d’hier et d’aujourd’hui

Si les écrits anciens relatent les vertus toniques de plusieurs espèces comestibles de champignons ou l’usage en tant que poisons d’espèces vénéneuses, la médecine moderne commence seulement à redécouvrir leurs potentialités thérapeutiques. Prenons pour exemple le très aromatique Shiitake (Lentinus edodes, aussi appelé « champignon noir » ou « lentin du chêne ») très apprécié en cuisine chinoise, japonaise et coréenne. Deuxième champignon aujourd’hui le plus cultivé au monde après le champignon de Paris, il est évoqué dans les traités de médecine chinoise comme « champignons de longue vie », sensé stimuler l’endurance physique, la vigueur sexuelle et la longévité. A l’instar des tout aussi asiatiques Reishi (appellation japonaise du Ganoderma lucidum, aussi appelé Ling Zhi en Chine) et le Maïtake (Grifolia frondosa), il contient des composés glucidiques (glucane, lentinane,...) et protéiques que l’on tente aujourd’hui de mettre en relation avec ses propriétés toniques et médicinales. En plus de sa consommation alimentaire, le shiitake existe donc aujourd’hui sous forme de complément alimentaire utile pour soutenir le système immunitaire, surtout en période hivernale. En clinique, il est testé en Chine et au Japon pour son activité antitumorale, mais aussi anti-diabétique et hypotensive. Le Reishi y ajoute quant à lui des vertus adaptogènes (propres à favoriser l’adaptation de l’organisme aux stress divers), anti-oxydantes, antivirales, hépatoprotectrices (hépatite, cirrhose,...), cicatrisantes et digestives. Shiitake, Reishi et Maïtake se retrouvent donc souvent associés dans les compléments dont il est cependant important de vérifier la qualité et le dosage, ainsi que la provenance ! Véritables « éponges », les champignons captent en effet aussi très facilement les polluants (dont les métaux lourds et éléments radioactifs !), d’où l’importance d’un lieu de récolte préservé, comme le précise le naturopathe Alain Tardif dans son ouvrage simple et complet dédié aux usages thérapeutiques, mais aussi culinaires, de ce règne du vivant à redécouvrir !

Charline Nocart

SOURCES POUR EN SAVOIR PLUS :
• La mycothérapie, médecine des champignons, de Alain Tardif, Editions Amyris, Collection Douce Alternative
• www.passeportsante.net
• www.lanutrition.fr
• Site Pubmed : www.ncbi.nim.nih.gov/pubmed/22593926 : extrait du livre « Herbal Medecine : Biomolecular and Clinical Aspects »( 2nd edition. Boca Raton(FL) : CRC Press) intitulé « Ganoderma lucidum (Lingzhi or Reishi), a medicinal mushroom ».
• www.plantes-et-santé.fr



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