Curcuma : une panacée ?
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Curcuma : une panacée ?



Plusieurs centaines de publications scientifiques lui sont consacrées chaque année. La liste de ses bienfaits et domaines d’application ne fait que croître. Loin de n’être que de la poudre aux yeux, il semble bien valoir le détour par votre cuisine et votre pharmacie. Son nom ? Le curcuma …





Originaire d’Asie du Sud-Est, membre de la famille des Zingibéracées, le genre Curcuma compte près de 110 espèces dont la plus utilisée aujourd’hui est le Curcuma longa. A l’instar du gingembre, c’est sa racine qui est consommée, fraîche ou séchée et réduite en poudre. Cultivé en Chine depuis le 7ème siècle, il est exploité tant en teinturerie qu’en cuisine et en médecine traditionnelle. L’Inde est son principal producteur mondial et son plus grand consommateur, avec quelques 800 000 tonnes produites annuellement. Aussi appelé « Safran des Indes » ou « Turmeric » dans les pays anglosaxons, il constitue, depuis des millénaires, un remède phare de la médecine ayurvédique pour drainer le foie et améliorer la digestion, apaiser les rhumatismes, traiter les infections bactériennes et virales et les troubles de la peau. Cible de la recherche médicale actuelle, le curcuma semble à même de répondre aux enjeux sanitaires des maladies dites « de civilisation » en s’attaquant à leurs mécanismes de base.

Curcumines, anti-inflammatoires et antioxydantes

La composition chimique du curcuma révèle de 60 à 70 % de glucides (essentiellement de l’amidon), un peu de lipides et de protéines, ainsi qu’un léger pourcentage d’huile essentielle et d’oléorésine, parmi laquelle on retrouve une famille de pigments particuliers : les curcuminoïdes. Ces derniers, auxquels appartiennent les curcumines (5 à 60 % des 3 à 6 % de pigments contenus dans l’épice), sont responsables de la couleur jaune-orange vif de la racine de curcuma et de ses propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes. Si l’on entend aujourd’hui beaucoup parler de « la » curcumine, il s’agit en réalité d’une famille de molécules qu’il serait dommage, comme le font beaucoup de laboratoires, de ne réduire qu’à un de ses membres, le totum étant souvent, en phytothérapie, bien plus intéressant que les composants isolés. Les études récentes confirment l’intervention de ces curcumines dans nombre de processus cellulaires pouvant devenir délétères pour la santé, à savoir l’inflammation et le stress oxydatif (celui-ci faisant intervenir des composés appelés radicaux libres à même, en excès, d’endommager les constituants cellulaires). Il est aujourd’hui bien établi que ces processus exacerbés par le mode de vie moderne (stress, expositions à des polluants environnementaux, …) sont des éléments déclencheurs ou aggravants dans nombre de pathologies telles que les cancers, le diabète, les troubles cardiovasculaires ou encore neurodégénératifs (Parkinson, Alzheimer). On comprend donc l’intérêt que représente le curcuma et surtout ses extraits titrés en curcuminoïdes pour la santé. Ces extraits sont ainsi testés dans nombre d’essais cliniques actuels et offrent des résultats très prometteurs dans les pathologies cancéreuses, tant en prévention qu’en curatif, associés à certaines chimio-et radiothérapies.

Les curcumines offrent en outre un soulagement effi cace des maladies infl ammatoires rhumatismales et digestives (ulcères gastro-duodénaux, arthrite rhumatoïde, …) sans les inconvénients des anti-infl ammatoires classiques (risques d’hémorragies digestives, douleurs digestives). Cet effet est encore potentialisé lorsqu’associé à la prise d’acides-gras anti-infl ammatoires tels que les omégas 3 présents dans les huiles de poisson. Le curcuma est également un allié précieux des troubles digestifs et un excellent protecteur hépatique (notamment contre les médicaments et polluants, il accroit la production de bile et son évacuation et a donc aussi un effet hypo-cholestérolémiant). Appliqué sur la peau sous forme d’huile infusée, il aide aussi à cicatriser et à diminuer les irritations cutanées.

Curcuma ou curcumine ?

L’observation de la moindre prévalence de maladies tels les cancers dans les populations consommant au moins 1 à 2 grammes de poudre de curcuma par jour - comme c’est le cas des populations indiennes - laisse supposer qu’une telle consommation est suffi sante pour prévenir les troubles de santé sans devoir recourir à une supplémentation nutritionnelle. Un tel usage culinaire étant rare dans nos pays occidentaux, les compléments nutritionnels offrent la facilité d’une concentration en curcumine (1200 mg/jour serait nécessaire en cas d’infl ammation aigüe, ce qui correspond environ à 4 cuillères à soupe de poudre de curcuma) plus à même de traiter les symptômes sans devoir consommer des quantités considérables de l’épice. La traçabilité des composants en laboratoire offre en outre une garantie contre les falsifi cations fréquentes (ajout d’agents de lest colorés) dont fait l’objet la poudre de curcuma. Vigilance donc quant à sa provenance !

Curcuma à toutes les sauces

Privilégier la forme fraîche ou la poudre intégrale de qualité biologique (afi n d’exclure pesticides mais aussi contaminations et adjuvants) et la conserver à l’abri de la lumière et de l’air est donc un minimum. Les études montrant que les curcumines sont bien mieux absorbées par nos intestins lorsqu’elles sont associées à un faible pourcentage (1%) de pipérine (composé du poivre noir), au gingembre et à des graisses, le plus simple est de se constituer un mélange à part égale de curcuma et de gingembre en poudre, assaisonné de poivre noir et de l’inclure aux huiles végétales bio agrémentant vos plats. Ce mélange coloré et gouteux remplacera avantageusement le sel pour un bénéfi ce saveur et santé optimal ! En curatif, de nombreux laboratoires proposent le curcuma en complément alimentaire, aujourd’hui associé à d’autres antiinfl ammatoires naturels tels que l’encens (Boswellia) en cas d’hypersensibilité digestive au poivre. Renseignez-vous auprès d’un thérapeute pour séparer le bon grain de l’ivraie !

Charline Nocart

RÉFÉRENCES :
« Le curcuma, vertus et bienfaits », de Yves Requena et Véronique Lemaire, Editions Tredaniel Pratique
Site de documentation scientifique PUBMED : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed
CFNA, cours de nutrithérapie dispensés par le Dr J-P Curtay et Pierre Van Vlodorp
• www.lanutrition.fr
• www.passeportsante.net



Paru dans l'Agenda Plus N° 316 de Avril 2020
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