La Psychomotricité thérapeutique
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La Psychomotricité thérapeutique



Recréer un ancrage sain à la vie, par le corps et la présence !





La psychomotricité thérapeutique développe un champ d’action différent de la psychomotricité que chacun connaît par la pratique dans les écoles. La psychomotricité thérapeutique fait partie des interventions thérapeutiques et entre donc avec évidence dans le champ d’action de l’art de guérir, au sens où elle contribue à aider des personnes à recouvrer leur plein état de santé, biologique, social, psychique comme l’OMS définit la santé depuis 1949.

Essentiellement, la psychomotricité thérapeutique va se travailler essentiellement en individuel et parfois en très petit groupe, avec des nourrissons, des enfants, des adolescents, des personnes ayant un retard mental, des troubles psychosociaux, psychomoteurs, psychoaffectifs et des troubles du comportement ou des pathologies physiques et psychiatriques.
Cette thérapie prend corps à travers une démarche spécifique : elle vise à intégrer des fonctions motrices, émotionnelles, cognitives et symboliques de la personne. Elle considère le corps, et plus particulièrement la mise en action tonique et corporelle, comme le fondement de la construction psychique.
A partir de son engagement corporel et du dialogue tonico-émotionnel avec son patient, l’intervenant s’emploie, par des compétences techniques et relationnelles, à construire avec le sujet des expériences corporelles qui lui permettent d’instaurer ou de restaurer le lien entre le somatique et le psychique. Ses outils sont notamment les techniques psychocorporelles et la relaxation, les médiations corporelles, l’expressivité posturale et gestuelle, le jeu corporel, ...

Champs d’application

La psychomotricité thérapeutique s’inscrit particulièrement dans une démarche pluridisciplinaire.
Dans sa composante thérapeutique, elle s’articule sur une phase de bilan, visant à détecter les fragilités spécifiques de développement et à percevoir les insécurités relationnelles, spatiales, etc. Elle développera des prises en charge et cherchera aussi à consolider les acquis par le biais des interactions avec les autres professionnels et les personnes de références (parents, famille, personnel d’une institution, etc.) de la personne prise en charge.

Les spécificités de la démarche thérapeutique visent, entre autres, à :
• créer les conditions relationnelles, spatiales et temporelles favorables au développement psychomoteur de la personne à toutes les étapes de la vie. Ceci est une évidence dans certaines couches de la population mais reste parfois précaire dans certaines familles ou institutions ;
• développer une intervention thérapeutique se fondant sur les expériences corporelles vécues par les partenaires de la relation psychomotrice, qui peut prendre la forme de jeu, d’exploration de l’espace, d’interactions symboliques, de relaxation ;
• stimuler la sphère psychomotrice et sensori-motrice dans les interactions précoces, par exemple dans la maltraitance ou l’insuffisance de soins à un enfant ;
• aider les personnes vivant des troubles psychomoteurs liés aux troubles de structuration (troubles du schéma corporel, de la latéralité, de l’organisation spatio-temporelle, ...) pour se réapproprier un schéma corporel cohérent et porteur.

Une discipline méconnue et pourtant essentielle

La psychologie nous a appris que l’essentiel d’une personne se construit avant l’âge de 7 ans. Et les psychothérapeutes savent que corriger des manquements (sentiment d’insécurité, difficultés relationnelles, etc.) exigent un investissement intense tant du sujet que du thérapeute.

Face à cela, et déjà même à des âges très précoces (quelques mois de vie) ou face à des publics moins accessibles par la parole (handicap, troubles du comportement), voilà une discipline qui a cette faculté de recréer de la reliance quand les liens significatifs ont été insuffisants. Elle intervient aussi comme médiateur entre des instances (service d’aide à la jeunesse, service pédopsychiatrique, etc.) pour apporter une autre approche, complémentaire à une prise en charge.
Elle peut se pratiquer en cabinet ou in situ, dans le milieu de vie de la personne, en famille, etc. Elle peut prendre place librement ou sous contrainte. Comme toute thérapie, elle demande un savoir, un savoir-faire et un savoir-être.
Elle a comme atout d’utiliser le jeu, car le besoin de jeu se manifeste dès le niveau biologique. La vie biologique a besoin de jouer pour se construire une vie psychique. Les expériences engrangées dans la mémoire sont constamment réactualisées et réinterprétées et donc rejouées différemment dans le présent.

Roussillon dit : «C’est quand le jeu disparaît que la pathologie s’installe et que la répétition stéréotypée des gestes bloque l’activité psychique. C’est quand l’événement est traumatique que le sujet sidère, immobilise l’expérience et que la mémoire se fixe, se fige». Les psychomotriciens sont rassemblés dans une union professionnelle active et dynamique (UPBPF). Cela contribue à donner un souffle de professionnalisme à la discipline qui manque encore comme beaucoup de reconnaissance institutionnelle.

Raphaël Dugailliez



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