Hypnose thérapeutique, l’art d’induire le changement
Vidéos
Annuaire
Retour

Hypnose thérapeutique, l’art d’induire le changement



D’après l’histoire de la médecine, l’hypnose serait née il y a plus d’un siècle et demi. Depuis, de nombreux thérapeutes et praticiens de santé l’utilisent avec succès pour traiter des troubles tels que l’anxiété, les phobies, les douleurs, mais aussi le sevrage tabagique ou la perte de poids… Tour d’horizon.





C’est à Milton H. Erickson, psychiatre américain, que l’on doit la modernisation de l’hypnose et le développement de ses techniques, la rendant accessible et efficace pour de nombreux problèmes psychosomatiques, psychologiques et même psychiatriques.

Comment fonctionne-t-elle ?
L’hypnose thérapeutique utilise la relaxation guidée, la concentration et une attention soutenue pour atteindre un état de conscience modifié, parfois appelé «état de transe». Le patient est tellement concentré dans cet état que tout ce qui se passe autour est temporairement ignoré. Dans cet état naturel, une personne peut alors focaliser son attention - avec l’aide d’un thérapeute qualifié - sur des pensées ou des tâches spécifiques.
L’hypnose peut être utilisée de deux façons :
- sous forme de suggestions thérapeutiques : l’état hypnotique rend la personne plus apte à répondre aux suggestions et, par conséquent, l’hypnose peut aider à modifier certains comportements, comme par exemple arrêter de fumer ou de se ronger les ongles ;
- pour approfondir un travail d’analyse : cette approche utilise l’état de détente induit par l’état hypnotique pour explorer des pensées douloureuses, des sentiments et des souvenirs occultés par la partie consciente de l’esprit du patient. Une fois le traumatisme révélé, il peut être traité par la psychothérapie.



Quels sont les avantages ?
Comme l’état hypnotique permet aux patients d’être plus ouverts à la discussion et aux suggestions, l’hypnose peut donc améliorer le traitement de nombreux troubles, tels que les phobies, les peurs et l’anxiété, les troubles du sommeil, la dépression, le stress, la perte ou encore le deuil. Elle peut également être utilisée pour aider à contrôler la douleur et à surmonter les «mauvaises» habitudes, comme fumer ou manger avec excès.

Mythes & limites
De nombreuses croyances sont associées à l’hypnose, telles que «les esprits forts y sont insensibles», «l’hypnotiseur est une sorte d’illusionniste», «les patients peuvent perdre le contrôle» ou «peuvent rester coincés en transe», etc... Ce sont des mythes. L’hypnose est un acte volontaire et les patients gardent toujours le contrôle de leurs actions. Par exemple, si un praticien suggère quelque chose qui n’est pas agréable à un patient, ce dernier ne le fera tout simplement pas. En outre, l’hypnose n’est pas un état permanent, elle se termine dès que le praticien commence le processus de clôture de la séance. Cependant, un patient peut mettre fin à l’état d’hypnose, à tout moment où il le choisit.
La coopération entre praticien et patient est un élément essentiel pour une hypnose efficace. Si une personne n’est pas en collaboration, l’hypnose ne sera pas la meilleure option de traitement. En outre, certains patients ne seront pas en mesure d’être hypnotisés à cause d’un traumatisme cérébral ou de déficits cognitifs. Dans ces cas, l’hypnose est contre-indiquée.
Par ailleurs, l’hypnose peut ne pas être appropriée avec une personne qui présente des symptômes psychotiques ou pour quelqu’un qui se drogue ou encore qui consomme de l’alcool en excès.

Des études probantes
La thérapie cognitivo-comportementale où le patient est exposé à la situation redoutée est habituellement un traitement de choix pour les phobies. Toutefois, des études démontrent que l’hypnose peut également être utilisée avec succès pour traiter diverses phobies. Elle peut réduire les symptômes liés à l’anxiété en induisant un état intérieur plus calme. En outre, il est démontré que l’hypnose augmente la résilience du patient face à des situations stressantes et participe à la diminution des «comportements d’évitement »1.
Différentes recherches ont mis en évidence les vertus de l’hypnose comme traitement d’appoint pour le sevrage tabagique. D’autres encore, indiquent que l’hypnose peut améliorer la perte de poids. Des patients suivant une thérapie «classique» pour la perte de poids ont, en effet, été comparés aux patients recevant un traitement similaire avec hypnose, avec des résultats supérieurs rapportés pour 70% des patients recevant un traitement hypnothérapeutique.
Des expériences soulignent que les suggestions hypnotiques soulagent la douleur dans 75% des cas [933 patients participant à 27 expériences différentes]. Le soulagement de la douleur grâce à l’hypnose est souvent égalé voire même dépassé par le soulagement apporté, par exemple, par la morphine.

Séance & induction hypnotique
Au début de la séance, un échange verbal entre patient et thérapeute permet à ce dernier d’identifier les comportements dysfonctionnels et d’élaborer un traitement efficace.
L’hypnose elle-même est généralement initiée en utilisant une technique connue sous le nom d’induction hypnotique qui est composée d’une série d’instructions et de suggestions. Ces instructions peuvent être données par l’hypnotiseur ou peuvent être répétées intérieurement par le sujet lui-même. Une autre technique d’induction consiste à fixer le regard sur un stimulus spécifique, comme une tache au plafond, une source de lumière ou un autre objet.
Une fois que l’état hypnotique a été induit, celui-ci peut être amplifié par des techniques spécifiques, telles que la relaxation progressive, l’imagerie visuelle, la respiration ou le comptage.
Une pratique courante consiste à induire des suggestions posthypnotiques avant de terminer la session. Ces suggestions sont faites pour corriger des problèmes de comportement afin d’aider, par exemple, à cesser de fumer ou à gérer les symptômes de douleur.

L’hypnose thérapeutique est donc un art de la suggestion qui fait découvrir au patient comment il peut utiliser ses propres ressources de changement et, par la suite, résoudre ses problèmes par lui-même, en exploitant ses capacités d’auto-guérison.

Olivier Desurmont

1. Hypnodynamic Techniques, Watkins JG., Hypnotherapy Explained, Alladin A. & Essentials of Clinical Hypnosis, Lynn SJ, Kirsch I.
2. A meta-analysis of hypnotically induced analgesia: how effective is hypnosis?, Montgomery GH, DuHamel KN, Redd WH.



Retour