L'Haptonomie Au cœur des relations affectives
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L'Haptonomie Au cœur des relations affectives



Véritable science des interactions et des relations affectives humaines, l’haptonomie vise à développer une présence, dite affective et « confir-mante », qui se manifeste surtout par le toucher. La qualité particu-lière de cette présence aiderait au développement d'un état de sécurité chez l'autre, qu'il soit à naître, malade ou encore en fin de vie.





Depuis quelques décennies, le concept de « présence » thérapeutique connaît une im-portante croissance en Occident, comme en témoignent des approches telles que le tou-cher thérapeutique, l'abandon corporel ou encore l'approche non directive créatrice. Les méthodes qui ramènent à l’« être » (plutôt qu’au « faire ») sont, en effet, de plus en plus nombreuses. Or, la base de l’haptonomie, c'est justement cela : la présence dans le toucher, un toucher affectif qui rejoint l'autre dans ce qu'il a de meilleur.

Histoire et principes

L’haptonomie fut élaborée après la seconde guerre mondiale par Frans Veldman, psy-chothérapeute et chercheur néerlandais en sciences de la vie et présentée dans son livre « Haptonomie - Science de l’Affectivité1 ». Le mot « haptonomie » provient de la fusion de deux concepts issus du grec ancien : « hap-sis » qui désigne ce que l'on sent, ce que l'on ressent, le tact, le toucher et « nomos » qui signifie la règle, la loi, la norme.
Frans Veldman a originellement défini l’hap-tonomie comme « un ensemble de pratiques cherchant à intensifier les bienfaits de l’ac-compagnement thérapeutique par une atten-tion particulière accordée à la relation, dans laquelle le toucher, notamment, prend une place particulière ».
Présentée en France au début des années ’80, l’approche fût affinée au fil des années par Veldman grâce à sa propre expérience auprès de personnes souffrantes, mais aussi à ses connaissances en psychologie, en psychana-lyse et en philosophie.
Selon Catherine Dolto, médecin, psychana-lyste et fille de Françoise Dolto, il s'agit d'une « science humaine, phénoménologique et empirique qui permet dans la réalité de l’ici et maintenant de la rencontre d’aborder l’hu-main dans le réel de sa globalité corps, psyché, affectivité sans aucune dissociation ni hié-rarchie entre ces trois entités dynamiques et interdépendantes2 ».

Confirmation affective

L’être humain recherche, consciemment ou inconsciemment, un état de sécurité et de paix intérieure. Cette sécurité de base dépend en grande partie de la manière dont nous avons été accueillis dans notre prime enfance — si nous avons été acceptés dans notre exis-tence, accueillis affectivement — en un mot : « confirmés » affectivement. C'est cette confir-mation affective qui permet à l'individu de se forger et de s'affranchir, de se vivre comme un être bon, accepté, aimé sans condition.
Il n’est donc pas étonnant que la forme d'hap-tonomie la plus essentielle s'adresse avant tout à la triade composée d'un père, d'une mère et d'un enfant à naître.

Haptonomie pré- et post-natale

À compter d'environ quatre mois de grossesse, le bébé est assez développé dans le ventre de sa maman pour percevoir un toucher affectif et y réagir : il vient, par exemple, se lover dans les mains de son papa ou de sa maman et se laisse bercer à travers le ventre.
Les contacts haptonomiques, c’est-à-dire des touchers affectifs de qualité, confèrent au petit un important sentiment de sécurité. Ce sera pour lui le gage d’un plus grand équilibre émotionnel après sa naissance. Ces touchers peuvent continuer à avoir lieu pendant l'ac-couchement, ce qui faciliterait la naissance du bébé et son adaptation à sa nouvelle vie extra-utérine.
Quant au père, exclu de la symbiose physio-logique mère-foetus, il trouve là un moyen exceptionnel d'entrer en contact avec son en-fant avant sa naissance. D'ailleurs, les séances d'haptonomie prénatale ne sont pas censées avoir lieu sans la présence du père (sauf pour les mères monoparentales).
Selon Catherine Dolto, la peau est le premier organe sensoriel à la disposition de l’enfant in utero et revêt ainsi une importance particu-lière : « L’haptonomie postule que très tôt, dès sa conception, le sujet, source autonome de désir, cherche sa sécurité et pour cela discrimine très précocement ce qui est pour lui bon ou mauvais ».
Ainsi, les bébés bien ac-compagnés prénatalement affronteraient mieux les épreuves de la vie, même si celles-ci se présentent dès leur arrivée au monde. Ils ont un excellent tonus de posture, sont à la fois très éveillés, paisibles, sécurisés et plutôt souriants.

A NOTER : de nombreuses autres ap-proches issues de l’haptonomie invitent les futurs parents à vivre ensemble l’ac-cueil de leur bébé, citons par exemple « La Préparation affective à la naissance® qui aide à construire la relation dès le 1er trimestre de la grossesse à travers dif-férents jeux d’interactions et propose aussi une préparation à l’accouchement permettant au partenaire de s’impliquer activement pour soutenir sa compagne et leur bébé dans ce « voyage de naissance ».

Maîtriser la douleur

Une autre facette bien connue des techniques issues de l’haptonomie a pour but de maîtriser la douleur durant l’accouchement. Pendant les rencontres prénatales, la future maman s’ha-bitue à ne pas fixer son attention sur une zone douloureuse (qui est provoquée délibérément, en pinçant la cuisse par exemple). Elle apprend plutôt à se « prolonger » dans les mains et le regard de son conjoint. Ainsi, selon la théorie, la douleur cesse d’occuper tout l’espace et la femme a l’impression de la laisser couler au lieu de lutter contre elle, ce qui peut être fort utile au moment de l’accouchement.

Autres domaines d'application

Outre l’accompagnement pré- et post-natal, l’haptonomie touche également des domaines plus marginaux tels que l'hapto-obstétrique (destinée aux obstétriciens et sages-femmes), l'haptopédagogie (destinée aux profession-nels de l'enfance et de l'adolescent, accessible depuis peu aux enseignants), l'haptopsycho-thérapie (destinée aux psychologues, psycho-thérapeutes, psychiatres, pédopsychiatres, médecins généralistes, psychomotriciens), l'haptosynésie (destinée aux intervenants de la santé qui pratiquent soins et accompa-gnements auprès de personnes souffrant de maladies physiques ou de handicaps et à ceux qui s'occupent des personnes âgées et des personnes en fin de vie).

Bref, cette approche sensible a toute sa place dans nos sociétés de rentabilité qui offrent de moins en moins les ingrédients indispensables à l’épanouissement affectif humain. L'hapto-nomie vient contrebalancer cet écueil et nous invite à remettre à l'honneur nos ressources affectives afin de les (ré)intégrer à notre vie quotidienne personnelle, familiale et collec-tive. Une invitation à revenir à notre huma-nité, toute en douceur et en tendresse.

Olivier Desurmont

1 « Haptonomie - Science de l’affectivité » de F. Veldman ux P.U.F.
2 « L’haptonomie prénatale : une pensée du devenir de l’enfant » de Catherine Dolto chez Erès.

RÉFÉRENCES :
1 « Haptonomie - Science de l’affectivité » de Frans Veldman aux Presses Universitaires de France.
« L’haptonomie » de Dominique Décant-Paoli aux PUF
• Portail de l’haptonomie en Belgique et liste des praticiens : haptonome.be
• passeportsante.net
• haptonomie.com
• wikipedia



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