La Gestalt-thérapie Vivre ‘ici et maintenant’ pour guérir

L’idée de commencer une thérapie peut parfois être intimidante, surtout si nous nous imaginons parler de notre passé à un thérapeute. Bien que l’évocation du passé soit un élément important pour identifier ce qui doit être guéri, la Gestalt-thérapie est une approche différente qui se concentre davantage sur notre expérience « ici et maintenant ».

Que signifie « Gestalt » ?

Le verbe allemand « gestalten » peut être traduit par « mettre en forme, donner une structure signifiante ». Le résultat, la « gestalt », est donc une forme structurée, complète et prenant sens pour nous. Ainsi, « gestalttherapie » signifie littéralement « thérapie de la forme », mais il s’agit en réalité de quelque chose de beaucoup plus complexe, qu’aucun mot n’arrive vraiment à traduire dans aucune langue.
Par exemple, dès la naissance, la première « forme signifiante » perçue par le nouveauné est le visage de maman. Bien qu’il n’en perçoive pas encore les détails, la forme globale fait déjà sens pour lui, c’est une ‘gestalt’. Un visage humain (ou toute autre forme complexe) ne peut se réduire à la simple somme des stimuli perçus ; de même que l’eau est autre chose que de l’oxygène et de l’hydrogène ou une symphonie autre chose qu’une succession de notes. On constate ainsi que « le tout est différent de la somme de ses parties », ce qui est un des principes phares de la théorie de la gestalt.

Une approche différente

Introduite dans les années ‘40 comme alternative à la psychanalyse traditionnelle, la Gestalt- thérapie a été développée par Fritz Perls, aidé de son épouse, Laura Perls. Avec d’autres, notamment Paul Goodman, ils ont travaillé à développer un style de thérapie de nature résolument humaniste. En d’autres termes, l’approche se concentre sur la personne et le caractère unique de son expérience.
Certaines approches thérapeutiques ont tendance à faire du thérapeute un « expert en détresse et en symptômes ». Le patient joue davantage un rôle passif, le thérapeute-expert partageant ses connaissances sur ce que vit le patient et sur la manière de le soigner.
A l’inverse, la Gestalt-thérapie a pour objectif de faire collaborer le patient avec le thérapeute pour accroître sa conscience personnelle et surmonter les obstacles qui entravent sa guérison.

Les idées-clés de la Gestalt

La sensibilisation est au centre de la théorie et de la pratique de la Gestalt-thérapie. Le praticien sensibilise le patient à ses sentiments, ses pensées, ses comportements, ses sens corporels,… et également à la façon dont il établit ses contacts avec les autres et le monde.
Un thérapeute formé à la Gestalt offre un espace d’écoute où les patients peuvent partager leur vérité, sans imposer son jugement, ni accepter d’emblée la véracité des expériences des patients.

LE PRÉSENT
La Gestalt-thérapie est principalement axée sur le présent. Un praticien en Gestalt aidera toujours à ramener le patient au présent s’il a le sentiment qu’il passe trop de temps dans le passé ou si son anxiété augmente à l’évocation d’une situation.
En demandant, par exemple, d’observer quelque chose dans la pièce où se déroule la séance ou, mieux, les sensations présentes dans le corps, le thérapeute permet au patient de revenir « ici et maintenant » et de gérer ce qui se passe pour lui au présent.
EXERCICES EXPÉRIENTIELS
La ‘prise de conscience’ étant au coeur de la Gestalt-thérapie, les thérapeutes proposent des « exercices expérientiels » qui peuvent aider à accroître la sensibilité du patient. Ainsi, plutôt que de rester immobile et de parler, le praticien peut proposer de participer activement à un jeu de rôle, une visualisation guidée ou l’utilisation d’accessoires. S’engager dans des exercices expérientiels peut être un moyen formidable de s’ouvrir et de partager, surtout lorsqu’il est difficile de trouver des mots.
MOTS ET LANGAGE
L’attention portée au langage et au ton est importante en Gestalt et, notamment, l’utilisation de déclarations en mode « je ». Lorsque les patients apprennent à assumer leurs responsabilités, ils apprennent à utiliser un langage qui reflète un sentiment de propriété personnelle, plutôt que de se concentrer sur les autres. Par exemple, plutôt que de dire : « S’il ne faisait pas ça, je ne me mettrais pas autant en colère ! », un patient peut être encouragé à dire : « Je me sens en colère quand il fait ça parce que cela me fait me sentir insignifiant et que je n’aime pas ressentir cela. »
LA CHAISE VIDE
L’exercice de « la chaise vide » est probablement l’un des plus connus en Gestalt. Il s’agit d’un exercice de jeu de rôle qui permet au patient, face à une chaise vide, d’imaginer et de participer à une conversation avec une autre personne ou une autre partie de lui-même. Cet exercice se révèle très utile pour clarifier des perceptions, exprimer une émotion, remettre du sens dans une situation ou découvrir toute autre information importante qui peut aider les patients à prendre davantage conscience de leurs fonctionnements.

Le langage du corps

Au cours d’une séance, il est possible que le patient se mette à taper du pied, à se tordre les mains ou exprimer une certaine expression faciale. Le thérapeute peut alors le faire remarquer et demander ce qui se passe pour le patient à ce moment-là. Intégrant le langage, le thérapeute peut même demander au patient de donner la parole à son pied, ses mains ou son expression faciale et de parler à partir de cet endroit du corps.

Favoriser le vécu

Au cours d’une session, il est courant que les patients parlent d’émotion. Parler d’une émotion est très différent que de vivre une émotion. Or, c’est précisément un « vécu » que le thérapeute en Gestalt va susciter chez son patient. Lorsqu’un patient parle d’une émotion, le thérapeute peut lui demander où il ressent cette émotion dans son corps. Une fois localisée, il peut l’aider à prendre conscience des sensations corporelles suscitées par l’émotion, à rester présent en observant ce qui se produit ‘ici et maintenant’ dans son corps.
Quantité d’autres outils thérapeutiques, incluant des activités artistiques telles que la peinture, la sculpture et le dessin, peuvent également être utilisés pour aider les patients à développer leur sensibilité, à prendre conscience de parties d’eux-mêmes non-exprimées et à apprendre à vivre dans le moment présent.

Transformation et responsabilité

Le travail thérapeutique et de sensibilisation proposé en Gestalt permet d’identifier tous les blocages qui ont tendance à nous morceler afin que nous puissions trouver un moyen de guérir, de nous « défragmenter » et de nous développer harmonieusement.
Au fil des séances, le patient se réapproprie ses expériences. Il est encouragé à contester ses anciennes stratégies de survie afin d’apprendre à accepter et à assumer sa responsabilité personnelle. Il apprend à revenir à une vie centrée sur ce qui se déroule pour lui ‘ici et maintenant’, le seul lieu et le seul temps qui existent réellement.

Olivier Desurmont

RÉFÉRENCES :
• « Le grand livre de la Gestalt » de Chantal & Gonzague Masquelier chez Eyrolles
• « Découvrir la Gestalt-thérapie » de Martine Périou chez InterEditions
• « Comprendre et pratiquer la Gestalt-thérapie » de Chantal Masquelier-Savatier chez InterEditions-Dunod
• Wikipedia