Enneagramme, symbole de vie

Voie d’épanouissement élaborée par Gurdjieff, l’ennéagramme serait «la porte pour acquérir la Pierre Philosophale» Tour d’horizon...

Le mot «ennéagramme» a été construit avec la racine grecque ennea qui signifie neuf et gramma dont le sens est figure. L’ennéagramme prend ainsi la forme d’un cercle divisé en 9 par des points, reliés entre eux dans un certain ordre par 9 lignes, exprimant d’après Gurdjeff, «la loi de sept dans son union à la loi de trois». Ce symbole s’est diffusé aux USA à partir des années ‘70, dans le courant de la psychologie humaniste, comme méthode de développement personnel.

Origine & mystère
Un mystère est entretenu sur cette représentation géométrique. Ainsi, l’historique exact de l’ennéagramme serait flou et personne ne peut apporter de preuves formelles quant à son origine. L’hypothèse la plus vraisemblable est que George Ivanovitch Gurdjieff [un des grands maîtres spirituels de la première moitié du XXe siècle] l’ait conçu et diffusé. L’ennéagramme apparaît ainsi, pour la première fois en Occident, en 1916.
Gurdjieff prétend avoir connu cette figure au contact de la fraternité spirituelle des Sarmung, en Asie centrale. Cependant, à l’heure actuelle, personne, pas même les disciples proches de Gurdjieff, ne détient de preuves quant à l’existence réelle de cette communauté...
L’existence de l’ennéagramme ne fut rendue largement publique qu’avec la parution du livre d’Ouspensky, In Search of the Miraculous en 1949. C’est Ouspensky qui le premier greffa sur ce symbole un système d’équivalences avec les fonctions du corps humain et les planètes. Puis, dans The Theory of Eternal Life et The Theory of Celestial Influence, Rodney Collin-Smith, un de ses disciples, fit correspondre l’ennéagramme au déroulement d’une vie humaine qu’il divisa en 9 périodes et à différents types psychologiques.

Un tracé unique
Quatre éléments s’associent dans le tracé de cet ennéagramme. Il est important de préciser «cet» ennéagramme, car graphiquement parlant, des figures proches existent. Les ennéagrammes sont une famille d’objets géométriques et c’est plus précisément, l’«ennéagramme de type G» que Gurdjieff contribua à populariser.
D’aucuns voient dans ce tracé la quadrature du cercle, avec toute la symbolique attachée au compas [Temps/Ciel, mouvement, Être,…] et à l’équerre [Espace/Terre, stabilité, Avoir, …].
L’ennéagramme de type G serait la projection en 2D d’un «objet 3D» parfaitement sphérique et complètement cubique, paradoxe qui trouve sa solution avec la 4ème dimension. Il est dit qu’il serait le «symbole de toute vie» : en sachant le lire, il serait possible de connaître le rapport de toute chose et mener à terme tout processus.
L’ennéagramme synthétise comment les deux lois fondamentales «de Trois» et «de Sept» [concepts de Gurdjieff] se combinent entre elles. Il importe de le concevoir [intellect], le sentir [affect] et le ressentir en mouvement [corps].

L’ennéagramme des personnalités
Son application la plus connue est celle qui est parfois nommée ennéagramme des personnalités. Cette expression vient de ce que le schéma est utilisable pour caractériser l’existence de 9 types de personnalités.
À chacun des 9 pôles est attaché un type fondamental. Il est important de préciser que l’ennéagramme de personnalité ne réduit pas du tout un individu à son type. Au contraire, il est affirmé que : le type pur n’existe pas [c’est un idéal abstrait] ; aucun type n’est bon ni mauvais en soi [c’est nous qui hiérarchisons] ; toute personne participe, en proportions variables et selon les circonstances, de 4 types. À chaque type fondamental correspondent donc, dans l’approche la plus simple, de premier niveau [et à laquelle on se limitera dans le cadre de cet article introductif], 3 caractéristiques : une dominante [= état de base] ; une régression [= état d’échec] ; une exaltation [= état de réussite] : voir tableau central.



L’ennéagramme des personnalités aurait été défini pour la première fois, dans les années ‘60, sous une forme assez proche de ce qui est actuellement formalisé, enseigné et appris. Ensuite, des chercheurs en nombre exponentiellement croissant l’ont fait progresser, et ce essentiellement au sein de la culture occidentale. La révélation publique de cette structure opératoire mentale est donc assez récente. Depuis quelques années, de nouvelles compréhensions des ennéagrammes voient le jour aux 4 coins de la planète, comme L’Ennéagramme de vie, L’Ennéagramme des intelligences innées, L’Ennéagramme des projets ou l’Ennéamorphologie, pour la reconnaissance visuelle des 9 profils de personnalités, L’Ennéagramme symbolique et psycho-énergétique, permettant le décodage psycho-énergétique des types et des sous-types de l’ennéagramme.

Tout un voyage...
L’ennéagramme est originellement une tradition orale - au sens d’une transmission de maître à disciple - et réservée aux disciples des communautés soufies. Le passage à l’écrit et la vulgarisation se sont accompagnés, selon certains praticiens, d’une dépréciation de son essence. Il est donc fondamental de percevoir l’ennéagramme comme une véritable voie d’apprentissage et non comme une simple «technique» au sens strict : le chemin et la préparation intérieure au cheminement importe plus que la destination...

Olivier Desurmont

Ressources : «Le tarot sur l’ennéagramme» de Gurdjieff, de Claude G. Thompson, Louise Courteau Editrice ; «Le Grand Livre de l’Ennéagramme» de Fabien & Patricia Chabreuil, Editions Eyrolles et «ABC de l’Ennéagramme» d’Eric Salmon, Editions Grancher et Wikipédia.