Acupuncture, l’art de réguler les énergies
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Acupuncture, l’art de réguler les énergies



Inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO depuis 2010, l’acupuncture traditionnelle se base sur une vision énergétique taoïste de l’Homme et de l’Univers...





Selon la tradition chinoise, l’être vivant, et plus particulièrement l’Homme, est une organisation résultant de la combinaison de matière - le corps matériel ou physique - de nature yin, et d’énergie - qui anime la matière - de nature yang. L’équilibre harmonieux entre ces deux composants conditionne l’état de santé. Les perturbations de cet équilibre sont responsables de la maladie.

L’essence de l’énergie, ou Qi, est mouvement. Sa perturbation principale sera donc l’entrave au mouvement. L’énergie bloquée dans une région du corps s’accumule en amont du blocage, alors que les régions en aval du blocage vont se trouver en déficit énergétique.

Origines

Il y a près de 5.000 ans, soit bien avant son émergence en Chine, l’on retrouve déjà des mentions d’utilisation de l’acupuncture dans les traités de médecine ayurvédique indiens. Les premières références datées de l’acupuncture chinoise se trouvent dans le Shiji [«les mémoires historiques»] de Sima Qian compilées en 90 av. J.-C. Dans cet ouvrage, l’auteur décrit un médecin du nom de Chunyu Yi [-216 à -150] accusé de mauvaise pratique thérapeutique pour avoir implanté des aiguilles sur des patients. Le procès qui s’ensuit voit le médecin obligé de démontrer l’intérêt thérapeutique de l’acupuncture à une époque où cette technique commençait tout juste à se répandre.
On pourrait donc dater la naissance de l’acupuncture chinoise au milieu du second siècle avant notre ère.
En ce qui concerne son introduction en Europe, il faudra attendre le XVII ème siècle pour que Willem Ten Rhyne, un médecin hollandais de la Compagnie des Indes, l’a découvre à Nagasaki, au Japon. Un siècle plus tard, Dujardin et Vicq d’Azyr relatent le procédé dans leurs ouvrages de référence respectifs.
Notons que l’acupuncture fut interdite en 1822 par l’empereur chinois et supprimée du programme du Collège médical impérial. Mao Zedong essaiera lui aussi d’éliminer cette pratique - à cause de ses fondements taoïstes incompatibles avec l’idéologie marxiste - avant de la réhabiliter.

Traitement & consultation

L’acupuncture peut s’appliquer en tant que méthode curative ou préventive [pour rééquilibrer des faiblesses d’énergies éventuelles dans les méridiens, viscères ou organes afin d’éviter la maladie].
Une consultation chez un acupuncteur débute, en général, par une courte anamnèse et l’examen du patient. Un acupuncteur traditionnel ne pose pas un diagnostic médical traditionnel mais élabore un rapport énergétique et identifie la région du corps où est localisé le problème et les points d’implantation des aiguilles. En acupuncture traditionnelle, ce diagnostic énergétique joue un rôle important et comprend une inspection et une palpation, de même qu’un diagnostic différentiel basé sur les références de la médecine chinoise traditionnelle et menant à un diagnostic de médecine chinoise traditionnelle.
L’acupuncteur va établir son diagnostic en recherchant les niveaux auxquels l’énergie est bloquée et la raison du blocage. Il va ensuite appliquer son traitement en levant le blocage et en corrigeant, si possible, la cause du blocage. L’aiguille, entre autres moyens, lui permet de diriger le cours des énergies.
Cette implantation n’est pas douloureuse mais peut parfois être désagréable. Le patient est allongé et doit rester immobile pendant 20 ou 30 minutes. Des aiguilles stériles, souvent à usage unique, sont utilisées. L’implantation d’aiguilles dans le corps du patient se fait à des points extrêmement précis.



Des voies d’énergie

Les points d’acupuncture sont regroupés en ensembles appelés méridiens. Ils constituent les voies par lesquelles l’organisme reçoit l’énergie vitale.
Les méridiens principaux sont au nombre de 12 et sont associés à un organe ou une viscère. Ils débutent ou se terminent à l’extrémité d’un doigt ou d’un orteil. Il existe 8 autres méridiens dits «extraordinaires » qui contrôlent l’activité des méridiens principaux, dont ils empruntent une partie du trajet et auxquels ils assurent certaines connexions. Les lignes médianes du corps sont parcourues par deux méridiens particuliers, l’un antérieur, dit «conception», l’autre postérieur, dit «gouverneur».

Aux côtés des aiguilles...

L’acupuncture avec aiguilles est utilisée par pratiquement la majorité des acupuncteurs. Plus de la moitié d’entre eux ont également recours à la moxibustion qui est une méthode utilisant un cigare d’armoise pour chauffer les points d’acupuncture. La troisième technique la plus employée est l’acupuncture auriculaire qui utilise le pavillon de l’oreille comme zone réflexe [il y existe 196 points correspondant chacun à une partie du corps].
Citons aussi l’acupression, souvent surnommée «acupuncture sans aiguille», qui utilise la pression du doigt [ou du coude, du pied, etc… selon l’effet désiré] sur des points précis. Cette pratique est très répandue en Asie.
L’acupression qui se pratique sur soi-même est appelée «Do in».
Il existe également de multiples variantes plus ou moins récentes de l’acupuncture et plus ou moins éloignées de ses principes, dont la microponcture, la manupuncture, la digitopuncture, la luminopuncutre ou encore la luxopuncture.

Olivier Desurmont

Références : «L’acupuncture» de Nathalie Crocetti chez Anagramme, «L’acupuncture sans aiguille» de M-C Lapare & R. Parent au Chariot d’Or, «Synthèse du rapport 153B : «Etat des lieux de l’acupuncture en Belgique» Centre fédéral d’expertise des soins de santé (2011) & Wikipédia.



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