L’hippothérapie
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L’hippothérapie



Le domaine de la thérapie ne cesse d’élargir son horizon pour proposer de nouvelles méthodes. Certains thérapeutes utilisent comme support le sable, d’autres la peinture ou encore le chant. Dans le long chemin vers soi, l’animal peut aussi jouer un rôle d’aide. Découvrons l’hippothérapie.





De quoi s’agit-il ?

La thérapie, c’est une activité où un thérapeute se met au service d’une personne pour accompagner son chemin, traiter une difficulté ou alléger une souffrance. L’hippothérapie introduit un troisième acteur, le cheval. C’est donc un trio, composé de la personne en difficulté, du thérapeute et du cheval qui mélange leurs synergies. Pourquoi le cheval ? Le cheval fait partie de l’histoire de l’homme depuis la nuit des temps. Sa place dans l’imaginaire est grande. Il impressionne, il attire ou il fait peur, mais en aucun cas ne laisse indifférent. Animal très sensible, il présente l’avantage d’être proche de ses sensations et de ses émotions. De grande taille, il permet de vivre pléthore d’expériences physiques et présente la particularité de pouvoir être monté.
La notion de corps physique est très importante en hippothérapie, c’est le point de départ pour vivre de nouvelles expériences et apprendre à mieux se connaître, s’accepter ou se découvrir. Aidés par le cheval, qui n’est pas un outil ni une technique mais un support vivant, l’individu en demande se [re]met en contact avec ses émotions, sa conscience corporelle et ses modes de communication.

Une démarche globale

Si l’hippothérapie s’est initialement développée dans le milieu des personnes handicapées physiques ou moteurs, aujourd’hui elle s’étend à toute personne en difficulté ou en demande de développement personnel. Dépression et troubles de la personnalité sont des problèmes qui trouvent aussi leur place dans cette démarche. A la Ferme équestre de Louvain-la-Neuve, un des premiers établissements à proposer l’hippothérapie depuis 1979, environ 120 personnes, adultes et enfants, viennent chaque semaine. «Certaines personnes, hormis celles qui sont atteintes de problèmes moteurs, n’ont pas vraiment conscience de la raison exacte de leur mal-être. Elles ne souhaitent pas démarrer une thérapie verbale par timidité ou absence d’envie de raconter leur vie. L’hippothérapie les attire par la présence de l’animal et peut sembler plus accessible par la dimension plaisante du contact avec le cheval», explique Patrick Guilmot, directeur du Centre d’hippothérapie de Louvain-la-Neuve. «L’important est d’accueillir chacun dans sa globalité pour lui proposer une expérience très concrète».

Comment cela se passe-t-il ?

Il n’est nullement indispensable d’avoir une expérience équestre pour avoir recours à l’hippothérapie. Le but n’est pas de monter à cheval, mais d’aller à la découverte de soi en passant du temps avec l’animal et le thérapeute dans un respect de l’humain et de l’animal. Chaque cheval ayant sa propre personnalité, la thérapie va souvent commencer par un moment pour «aller à la rencontre» du cheval. Cela se passe généralement dans une prairie où la personne en demande va se promener entre les chevaux, avec une présence plus ou moins proche du thérapeute, pour instinctivement en choisir un pour la séance. Certains chevaux s’en vont, montrant clairement qu’ils ne sont pas disponibles, d’autres vont manifester un intérêt plus ou moins grand. La suite peut se poursuivre dans un manège où là, le trio va apprendre à se découvrir.
En fonction du handicap ou de la problématique de vie, la séance se déroulera différemment. Le thérapeute va proposer plusieurs expériences jouant sur la distance ou la proximité entre l’homme et l’animal, le toucher avec les mains ou le corps tout entier. Le travail ne se fait pas nécessairement sur le dos du cheval. Beaucoup de mécanismes propres à la personne peuvent apparaître par exemple lors d’une marche côte à côte. Cette expérience permet facilement de voir certains traits de caractère comme le contrôle, le manque de confiance en soi, l’assertivité, l’écoute de l’autre…
L’important est de garder à l’esprit qu’il n’y a pas de «bonne réponse». Tout se joue au cas par cas, l’essentiel est de vivre le moment présent en étant en contact avec les sensations et émotions qui vont naître. Il s’agit d’une exploration sensori-motrice mettant l’accent sur le corps comme outil de communication entre soi et les autres.
Si le moment vient de monter sur le cheval, alors la séance peut permettre d’explorer les peurs, les compétences ou les réticences. La monte peut se faire avec selle ou sans selle. Porté par le cheval, une autre dimension s’ouvre alors. La fonction tonique du corps, fonction primitive de communication et d’échange, s’éveille. Le corps se trouve alors sur une autre entité vivante et doit faire appel à l’équilibre et aux réflexes primaires pour s’adapter. Tout cela s’accompagne d’émotions plus ou moins fortes.
Pour les personnes à handicap et quelque soit l’handicap [moteur, mal entendant ou muet], cela devient une vraie rééducation. Il peut y avoir une amélioration motrice par les jeux d’équilibre ou bien l’handicap peut s’en trouver mieux accepté, «apprivoisé» pour que corps et esprit soient moins en lutte. L’important est de permettre de trouver des stratégies constructives pour que le chemin soit moins douloureux, la relation entre les participants et les expériences proposées y étant prépondérante. Si la parole est souvent utilisée, tout n’est pas toujours verbalisé, le ressenti étant primordial.
Chaque séance sera personnalisée en fonction des besoins. Le temps proposé est généralement d’une heure, mais cela est variable en fonction du handicap, de l’âge. La fréquence est souvent hebdomadaire. Au cours d’un travail, plusieurs chevaux peuvent être sollicités, chacun ayant un tempérament qui correspond mieux à la difficulté à traiter.

Devenir hippothérapeute en Belgique

A ce jour, il n’existe pas d’études spécifiques pour devenir hippothérapeute. Généralement ce sont des personnes exerçant les métiers d’aide qui y ont recours, tels que les psychologues, les thérapeutes, les kinésithérapeutes, les logopèdes… Des formations existent. Certaines sont ouvertes à tous. Il n’est pas nécessaire d’être cavalier mais d’avoir un intérêt pour le cheval et au mieux une expérience de la relation avec l’animal. La profession n’est pas encore reconnue au sens légal du terme. Actuellement, certains centres se regroupent pour essayer de mettre en place une fédération. L’important dans ce milieu semble être la capacité en tant que thérapeute de faire un travail sur soi afin d’être en accord avec une déontologie personnelle pour s’engager dans un travail qui combine les aspects physiques, psychologiques, affectifs et relationnels de l’homme et du cheval.

Vanessa Jansen



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