La communication non verbale décrypter le langage du corps
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La communication non verbale décrypter le langage du corps



Notre corps parle, même lorsque nous ne prononçons aucun mot ! Mimiques, gestes, postures, axes de la tête, démangeaisons,… autant d’indices qui expriment, en-deçà de la parole, nos vécus intérieurs conscients et inconscients.





La communication non verbale désigne tout échange interpersonnel n'ayant pas recours à la parole. Elle ne repose donc pas sur les mots mais sur les gestes, les attitudes, les expressions faciales (dont les micro-expressions) ainsi que d'autres signaux, conscients ou inconscients, tels que les odeurs.

L’étude de la communication non verbale, appelée « synergologie », fait appel à des connaissances empruntées aux sciences de la communication, à la psychologie (particulièrement l’étude des émotions) et à l'éthologie (étude du comportement des animaux). Elle bénéficie également d'apports provenant de l'anthropologie, de la sociologie, de l'ethnologie et des neurosciences.

Contexte historique

L'art de communiquer par l'image de soi remonte à l'Antiquité. Dans la tradition gréco- romaine, la « rhétorique » était l'art de convaincre une assemblée. A côté de la parole, l'orateur apprenait à se présenter sous son meilleur jour et travaillait ses attitudes pour persuader l'auditoire.

À l'âge classique, les collèges religieux enseignaient l'art de parler en public pour former des prédicateurs, qui comprenait également l’art de se présenter au public (maîtrise des gestes et composition de l'attitude).
À l'époque moderne, on doit à Darwin la première étude anthropologique sur le rôle des émotions dans la communication : « L'Expression des émotions chez l'homme et les animaux » (1872). Darwin a ouvert la voie à l'éthologie qui s'est développée au XXème siècle, notamment aux États-Unis.
En 1952, Ray Birdwhistell invente le concept de « kinésique » pour décoder les gestes et propose la notion de « kinème » (geste minimum ou « unité pertinente de mouvement ») sur le modèle des phonèmes en linguistique. Cette idée a ensuite été reprise avec succès par Gregory Bateson et l'École de Palo Alto, puis par la Programmation Neuro-Linguistique (PNL).
En 1967, les études menées par le professeur Albert Mehrabian ont établi la fameuse règle des « 7% - 38% - 55% ». Dans la transmission d'un message verbal, le sens des mots ne compterait que pour 7%, alors que le ton et la voix compteraient pour 38% et, surtout, l'impression visuelle compterait pour 55% dans l'interprétation de ce qui est dit ! Notons que des études plus récentes ont critiqué les conclusions auxquelles Mehrabian était parvenu : il y aurait certes une différence, mais moins marquée.

Des travaux déterminants

En 1972, le psychologue américain Paul Ekman démontre que l'expression de six émotions primaires universelles (colère, dégoût, joie, peur, tristesse, surprise) n'est pas déterminée par la culture, mais par la biologie. C'est aussi à cette époque qu'il fait le lien entre les émotions primaires et les micro-expressions du visage. Au début des années ‘90, il ajoute une 7e émotion primaire universelle : le mépris. Ces émotions primaires ont toute une signature distincte et précise dans le système nerveux autonome. De ce fait, chaque émotion provoque une activation musculaire spécifique.
Ses travaux l'ont ensuite conduit à répertorier les émotions secondaires (souvent produites par la combinaison de signaux appartenant aux émotions primaires) : l'amusement, le plaisir des sens, le contentement, le soulagement, la fierté, l'embarras, la satisfaction, l'excitation, la haine, la culpabilité et la honte.

Les moyens de communications non verbaux

L'être humain dispose d'une large panoplie de moyens de communication non verbaux, citons :
• les manifestations du corps (plus ou moins discrètes ou ostentatoires), comme les attitudes corporelles, regards, sourires, clins d'oeil, hochements ou signes de tête ou de la main, haussements d'épaule, tremblements, contractions, rougeurs, larmes, pleurs, rires, hoquets ou encore certains gestes emblématiques (ayant une signification particulière dans une culture), etc. ;
• la création artistique permet également l'expression et/ou l'appropriation d'émotions et de concepts difficilement exprimables par le langage. Citons : la peinture, la musique, le chant non verbal, la danse, les arts martiaux ou encore la sculpture ;
• le tatouage, le piercing et autres artifices comme le maquillage, la coiffure, etc. ;
• le port de vêtements et d’accessoires, éventuellement détournés de leurs fonctions habituelles, sont aussi des moyens de communication non verbaux.

Quelques éléments à observer…

Au niveau du langage corporel, la synergologie a ainsi pu répertorier des dizaines d’expressions inconscientes liées au fonctionnement de l’esprit humain. A titre d’exemple, en voici quelques-unes à observer :

• oeil droit plus petit : correspond souvent à un stress rationnel ;
• rotation de la tête pour mettre en avant l’oeil droit : volonté d’analyser, de contrôler ;
• commissures des lèvres plus élevées à droite qu’à gauche : sourire programmé, non spontané, conscience d’être observé ;
• épaule droite plus remontée que la gauche : stress de performance ;
• pieds pointés vers l’avant : en mode décisionnel et de vigilance, en lien avec le stress de performance ;
• léger froncement des sourcils : concentration, analyse ;
• légère inclinaison de la tête sur la droite : légère vigilance ; • posture droite, mais torse non bombé : fierté imprégnée dans la stature sans expansion de l’ego ;
• main gauche avec doigts détendus et un peu ouverts : le stress se gère ;
• bras replié : mode de protection.

Finalement, il ne sert à rien de vouloir « contrôler » notre communication non verbale, car nous ne sommes conscients que d’une infime partie de celle-ci. Et, de toute façon, nous ne pouvons mouvoir volontairement certains muscles sans la participation de l’émotion réellement ressentie. Que faire alors ? Tout simplement être nous-mêmes, accepter et accueillir nos émotions telles qu’elles sont. Être authentique est finalement le plus beau cadeau que nous puissions faire aux autres et à nous-mêmes.

Olivier Desurmont

RÉFÉRENCES :
Je lis en vous… savez-vous lire en moi ? Annabelle Boyer, Béliveau Editeur
• La Communication non verbale, Guy Barrier, ESF éditeur
• Comprendre et maîtriser l'intelligence non verbale, Eric Goulard, Ed.Leducs,
• Ces gestes qui parlent à votre place, Joe Navarro, Ixelles Éditions



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