Le Shinrin-yoku, le ‘bain de forêt’ comme médecine préventive
Vidéos
Annuaire
Retour

Le Shinrin-yoku, le ‘bain de forêt’ comme médecine préventive



Depuis des décennies, les Japonais savent que passer du temps en forêt est bénéfique pour le corps et l’esprit. Les thérapeutes et médecins occidentaux sont désormais du même avis. Marcher en silence entre les arbres… respirer profondément… éveiller nos sens… c’est la voie thérapeutique du Shinrin-yoku, la médecine des « bains de forêt ».





« Shinrin-yoku » est un terme japonais qui signifie « pénétrer dans l’atmosphère de la forêt » ou « se baigner dans la forêt ». C’est l’Agence des forêts japonaise qui a, la première, introduite ce terme au début des années ‘80. L’idée était d’inciter les Japonais à se promener en forêt afin d’éveiller leurs sens aux nombreuses interactions offertes par le milieu forestier. Bien que cette pratique fût reconnue comme une véritable hygiène de vie, aucune étude scientifique n’avait encore été publiée qui pouvait justifier le sentiment de calme et de bien-être ressentis par les personnes pratiquant le Shinrin-yoku.
Il faudra attendre le milieu des années ’90 pour voir apparaître les premières études sur les effets de la pratique du Shinrinyoku. En ‘95, Miyazaki et Motohashi ont été les premiers à en mesurer les effets physiologiques : des sujets qui passaient 40’ en forêt voyaient une diminution de leur score pour cinq indicateurs du célèbre « Profile of Mood States » (« Profil des états d’humeur »), à savoir : la tension, la dépression, l’anxiété, la fatigue et la confusion. De plus, leur taux de cortisol avait diminué significativement. Ce fut la première fois que l’effet ‘déstressant’ du Shinrin-yoku était mesuré.
Par la suite, d’autres études sont venues compléter ces recherches et ont pu confirmer les avantages de passer du temps sous la canopée d’une forêt vivante ; à tel point que le gouvernement japonais a très vite incorporé le Shinrin-yoku au programme officiel de santé du pays. À présent, ces études aident à mettre en place une véritable ‘thérapie forestière’ dans le monde entier.



De nombreux avantages

L’idée du Shinrin-yoku est simple : lorsqu’un individu visite une zone naturelle et s’y promène de manière détendue, des bénéfi ces apaisants, rajeunissants et réparateurs peuvent être obtenus. Certaines études ont même mis en avant des effets uniques liés aux émissions de composés organiques diffusés par les arbres. Ces composés soutiennent activement nos lymphocytes « NK » (de l’anglais « natural killer », signifi ant « tueur naturel ») qui font partie des cellules les plus réactives de notre système immunitaire. Elles ciblent en effet les cellules tumorales et protègent l’organisme contre une grande variété de microbes infectieux. Les cellules NK ont un rôle important dans la lutte contre le cancer.
A ce jour, les avantages scientifi quement prouvés du Shinrin-yoku sont nombreux et comprennent : une amélioration du fonctionnement du système immunitaire (augmentation signifi cative des cellules NK) ; une réduction de la tension artérielle ; une amélioration de l’humeur ; une réduction du stress ; une augmentation de la concentration (même chez les enfants atteints de TDAH) ; une récupération accélérée après une chirurgie ou une maladie ; un niveau d’énergie accru ; une amélioration du sommeil, …
D’autres effets tout aussi intéressants ont pu être observés, tels que : un accès plus profond et plus clair à notre intuition ; une augmentation de l’énergie vitale ; une amélioration de la capacité à communiquer avec le vivant ; une amélioration des relations inter-personnelles ; une augmentation globale du sentiment de bonheur, …



Une interdépendance avec le Vivant

La pratique du Shinrin-yoku est accessible à quiconque peut se rendre dans un environnement forestier, mais il peut aussi s’agir d’un parc assez grand permettant de ne plus entendre les bruits de la ville ou la circulation automobile. Comme l’objectif est d’éveiller nos sens, il importe de ne pas apporter d’appareils connectés (GSM, Smartphone, GPS, …) et même tout appareil électronique afi n d’éviter les distractions (lecteur MP3, appareil photo,…). Les bains de forêts permettent également une réalisation de l’interdépendance intime avec le Vivant. Et l’un des effets secondaires du vécu direct de ce « sentiment d’unité sous-jacente » est qu’il éveille immanquablement un profond respect envers la Nature, un désir de la protéger, voire un élan pour agir en faveur d’une société humaine qui puisse enfi n replacer la Nature au centre de toutes les décisions régionales, nationales et planétaires.

Olivier Desurmont

RÉFÉRENCES :
• « Shinrin Yoku. L’art et la science du bain de forêt » du Dr Qing Li chez First Editions
• « Shinrin Yoku. Les bains de forêt, le secret japonais pour apaiser son esprit et être en meilleure santé » de Yoshifumi Miyazaki chez Guy Trédaniel
• Shinrin-Yoku.org

“ Vous n’êtes pas venu dans ce monde, vous en êtes sorti. Comme une vague semble se distinguer de l’océan. Vous n’êtes pas étranger ici. La nature, c’est vous. Vous êtes la nature. ”
Alan Watts



Paru dans l'Agenda Plus N° 310 de Septembre 2019
Retour