Le soleil, mon meilleur ennemi ?
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Le soleil, mon meilleur ennemi ?



Face au soleil, tous nous disent de faire attention. Les dermatologues incitent à se protéger de ses rayons, pour éviter le cancer de la peau. Les toxicologues appellent à la vigilance quant à l’usage des crèmes solaires. En pénétrant la peau, leurs ingrédients seraient toxiques pour le corps humain. Qu’en est-il ?





Trop peu de soleil dans votre vie ? La carence en vitamine D vous guette. Trop de soleil ? Et voilà que vous risquez un cancer de la peau. Tout est question d’équilibre, l’exposition au soleil n’y échappe pas.
Pour avoir un teint hâlé tout en se préservant du mélanome, les crèmes solaires ont été dressées en idoles. Malheureusement, d’étude en étude, les suspicions s’accumulent. Plusieurs de leurs ingrédients s’avèrent nocifs, tant pour l’environnement que pour la santé : il y aurait un risque cancérigène et certains composants seraient des perturbateurs endocriniens.

L’imbroglio des filtres U.V. chimiques et minéraux

Une bonne crème solaire se doit à la fois d’arrêter les UV, d’être efficace durant plusieurs heures sans réitérer l’application et de ne pas être toxique. Selon l’association américaine de protection des consommateurs, cette crème idéale n’existe pas. Seules un quart des 1.800 lotions solaires étudiées se sont révélées réellement efficaces tout ne présentant pas de nocivité immédiate.
Delphine Dubois, experte belge en cosmétiques bios et «home made» abonde en ce sens. «Au vu de leur composition, aucune crème solaire du marché n’est totalement dénuée de molécules nocives pour la santé. Ainsi, aux filtres UV chimiques, je privilégie les filtres UV minéraux, à base d’oxyde de zinc ou de dioxyde de titane. Tout en prenant garde que le produit soit certifié exempt de nanoparticules».
Ces nanoparticules [le préfixe nano signifie que la taille des particules est de l’ordre du milliardième de millimètre] sont utilisées par les industriels pour éviter les trainées blanches disgracieuses laissées sur la peau par la crème minérale. La toxicité sur l’environnement de ces particules minuscules est de mieux en mieux étayée et les effets présumés sur l’homme sont inquiétants. Les nanoparticules de dioxyde de titane, par exemple, altéreraient la barrière hématoencéphalique qui protège naturellement le cerveau des éléments toxiques.
Par contre, «Hormis la pellicule blanche inesthétique, les filtres UV minéraux sans nanoparticule présentent l’énorme avantage d’être efficaces tout de suite !», nous fait part Delphine Dubois. A titre de comparaison, les filtres UV chimiques demandent environ 30 minutes avant d’être pleinement actifs contre les rayons du soleil.
Que sont ces filtres chimiques ? Ils sont dotés de noms barbares : oxybenzone et 4-méthylbenzylidène camphre [4-MBC]. «En plus d’être allergisants, ces composés chimiques utilisés comme filtres ultraviolets sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens», selon l’ANSM [l’Agence Nationale française de Sécurité du Médicament et des produits de santé]. Les organisations environnementales les ont également à l’oeil. Dispersés lors des baignades et des douches, ces filtres UV se retrouvent à la surface des rivières et des lacs. Plusieurs milliers de tonnes en seraient déversés annuellement dans l’environnement. Même à faible dose, ils présentent un risque potentiel tant pour les espèces animales, que pour l’homme, en bout de chaîne.

D’autres ingrédients fâchent

Inconvénient majeur, rencontré dans moult cosmétiques : l’aluminium. Ses sels, le stéarate aluminium et le silicate aluminium font communément partie des ingrédients des produits de beauté, les crèmes solaires n’y coupent pas. L’aluminium est fortement suspecté d’être un promoteur de cancer [particulièrement celui du sein] et de jouer un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer. «Je refuse de mettre de l’aluminium sur ma peau ainsi que celle de mes enfants, alors je passe les ingrédients des crèmes commerciales au crible», reprend Delphine Dubois. «Un autre point important à mes yeux est que les composants soient en grande majorité biologiques. J’évite ainsi les parabènes, le silicone ou encore le phénoxyethanol [éthers de glycol, ndlr]». Les parabènes ont été très médiatisés ces dernières années, en raison de leur quasi omniprésence dans les cosmétiques et de leur pouvoir cancérigène et reprotoxique. Ils accéléreraient aussi le vieillissement de la peau exposée au soleil.



Quel indice choisir ?

Chaque crème est identifiée par son indice de protection. «Les filtres minéraux sont plus controversés que les filtres chimiques quant à l’indice réel par rapport à l’indice mentionné sur le flacon», explique Delphine Dubois. «Il faut de toute façon en mettre en quantité, et régulièrement, pour protéger la peau des rayons UV.».
L’indice de protection [IP ou FPS ou SPF pour facteur de protection solaire] mesure l’efficacité de la crème contre les coups de soleil. C’est le rapport entre le temps nécessaire pour attraper un coup de soleil, avec et sans crème solaire. Ainsi, si en l’absence de protection une personne a un coup de soleil au bout de 10 minutes, une crème avec un IP 15 signifie qu’elle est capable de protéger cette peau du soleil durant 150 minutes [soit 15 fois 10 minutes, c’est-à-dire 2h30]. Au plus l’indice est élevé, meilleure est la protection.
Les blonds et les noirs de cheveux ne sont pas égaux face au soleil. C’est ce qu’on appelle le phototype ou la «capacité à bronzer». Les premiers ont besoin d’un indice solaire bien plus élevé pour éviter de brûler. «Les roux et les blonds avec une peau très claire préféreront ainsi un indice [IP] compris entre 40 et 60. Les bruns avec une peau mate choisiront un indice compris entre 20 et 40 tandis que les peaux très foncées se contenteront d’un indice 10 ou 15», s’accordent les dermatologues.
Attention : la protection contre les U.V. n’est pas proportionnelle à la valeur de l’indice de protection. Ainsi, un IP 20 ne protège pas deux fois ou deux fois plus longtemps qu’un IP 10. En effet, alors qu’un IP 2 arrête 50 % des UV, un IP 20 en arrête 95 % et un IP 50, 98 %.
Une crème présentant un indice inférieur à 10 est peu efficace. Et l’écran total ? C’est une appellation marketing, car en réalité, aucune protection complète [100%] contre les rayons du soleil n’est possible actuellement.
Restent les ombrelles.
Une touche glamour délicieusement efficace pour se protéger du soleil, sans laisser les cosmétiques avoir notre peau.

Laetitia Theunis

Références : La protection solaire de Thierry Souccar chez Flammarion • Soleil, mensonges et propagande de Brigitte Houssin aux Editions Thierry Souccar.



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