Coenzyme Q10, essentielle pour une bonne santé

La coenzyme Q10, produite naturellement par le corps grâce à une alimentation vitaminée, a des effets protecteurs sur les systèmes cardiaque et cardiovasculaire. En cas de carence, des compléments alimentaires d’ubiquinol peuvent prendre le relais.

«Les effets protecteurs des coenzymes Q10 [CoQ10] sont démontrés notamment dans le traitement des cardiomyopathies», explique d’emblée Dr Joël Pincemail, spécialiste du stress oxydant et des antioxydants au sein du service de chirurgie cardiovasculaire du CHU de Liège. La cardiomyopathie se caractérise par une diminution du tonus musculaire du coeur : sa capacité à pomper le sang vers le reste de l’organisme diminue alors drastiquement.
La CoQ10 est également une bienfaitrice des artères et du système cardiovasculaire.

Hypercholestérolémie, statines et déficit en CoQ10

L’usage de statines, médicaments couramment employés pour lutter contre le trop-plein de cholestérol dans le sang, peut provoquer une carence en CoQ10. En effet, ces hypocholestérolémiants ralentissent fortement la production des précieuses coenzymes par l’organisme. «C’est ainsi que les statines peuvent être responsables des douleurs musculaires de patients traitant leur surplus de cholestérol», ajoute Dr Pincemail.
La carence en CoQ10 due aux statines se comblera par une alimentation choisie et un complément alimentaire, au besoin. «Alors qu’au Canada la prescription de statines est directement accompagnée d’une prescription de CoQ10, les médecins européens se montrent encore timides vis-à-vis de cette molécule». Selon le spécialiste du CHU de Liège, la CoQ10 mériterait d’être davantage connue du monde médical européen qui a à traiter des troubles cardiaques et cardiovasculaires.
Quelles sont les doses bénéfiques pour la santé ? «Pour réduire les douleurs musculaires dues à la prise de statines, les scientifiques préconisent une dose journalière comprise entre 30 et 100 mg de CoQ10», explique Dr Pincemail. «Avec un apport de 100 mg au quotidien, certains ont constaté une diminution de l’hypertension artérielle. Au-delà, entre 150 et 600 mg de CoQ10 par jour, les doses permettent une amélioration de l’éjection du ventricule gauche lors d’une décompensation cardiaque, en plus de la thérapie conventionnelle bien entendu.»

CoQ10, essentielle à notre santé

La coenzyme Q10 est essentielle au bon fonctionnement de notre organisme.
Pour comprendre ce qu’est la CoQ10, il faut se laisser aspirer dans les méandres biochimiques de nos cellules. Ainsi, dans chacune d’elles, il y a une mitochondrie qui combine l’oxygène respiré avec du glucose pour fabriquer de l’énergie. Au cours de cette réaction, des radicaux libres sont également produits. Ce sont des molécules oxygénées extrêmement réactives qui peuvent avoir des effets délétères sur la santé. Il est connu qu’au cours du vieillissement, la production cellulaire de radicaux libres va crescendo. La coenzyme Q10 intervient dans ce processus de respiration cellulaire. Elle est dotée de vertus anti- oxydantes, c’est-à-dire qu’elle est capable, dans une certaine mesure, de contrecarrer les effets toxiques des radicaux libres.

Des CoQ10 par l’alimentation

L’alimentation serait responsable de 25% de la teneur en coenzyme Q10 dans le sang. C’est dire l’importance de bien s’alimenter. La synthèse naturelle de la coenzyme Q10 par l’organisme nécessite un apport en sélénium et en différentes vitamines, particulièrement la vitamine B6. Pour une production optimale, il faut dès lors veiller à ce que son alimentation soit suffisamment riche en B6. Où trouve-ton cette vitamine ? Dans le poulet et le foie de veau, de boeuf et de porc. Ainsi, des études scientifiques ont calculé qu’une portion de boeuf apportait au corps entre 3000 et 4000 μg1 de CoQ10 pour 100 g de viande fraîche. Le boeuf serait l’aliment qui apporte le maximum CoQ10 à l’organisme au regard du poids consommé. Le poulet quant à lui correspond à un apport d’environ 1700 à 2500 μg1 de CoQ10 par 100 g de viande fraîche.
Des alternatives intéressantes pour gonfler sa production de CoQ10 via l’alimentation, sont les noix et cacahuètes, les poissons [sardines, hareng, saumon], les céréales complètes, le maïs ou encore le pain.
Par contre, les légumes, les oeufs et les produits laitiers sont assez pauvres : alors qu’un brocoli apporte à l’organisme environ 700 μg de CoQ10 par 100 g de légumes frais, le chiffre tombe à 50-100 μg CoQ10 par 100 g de pomme de terre ou d’oeuf.
La Coenzyme Q10, aussi appelé ubiquinone- 10, clin d’oeil à sa répartition ubiquitaire dans l’organisme, a la propriété d’être soluble dans les graisses. Ainsi, le CoQ10 est mieux assimilé par l’organisme lorsque la prise s’effectue lors d’un repas contenant des matières grasses.

Et les compléments alimentaires ?

La capacité de l’organisme à absorber la CoQ10 par la nourriture diminue avec l’avancée en âge. De plus, notre comportement influe sur la quantité de la CoQ10 produite par nos cellules. Ainsi, le tabagisme, l’abus d’alcool, le stress ou encore les efforts physiques intenses diminuent drastiquement la production de la CoQ10. Dans ces cas, l’usage d’un complément alimentaire peut s’avérer intéressant, mais il est essentiel que cela soit évalué au préalable avec un médecin.
Sous forme de complément alimentaire pour les adultes, les doses journalières de la CoQ10 varient entre 30 et 100 mg/jour. C’est donc un apport quotidien bien supérieur à celui fourni par l’alimentation.
La recherche au niveau des compléments alimentaires a mené récemment à une formulation huileuse de la forme réduite de la CoQ10, appelée ubiquinol. «L’ubiquinol augmente incontestablement la biodisponibilité de la CoQ10 dans l’organisme», s’enthousiasme Dr Pincemail. «Cette nouvelle formulation a vraisemblablement un rôle important à jouer dans le traitement des cardiomyopathies, pour lesquelles il est nécessaire d’atteindre une concentration minimum de 3mg de la CoQ10/L de sang pour observer des effets positifs sur la pathologie».
La présence sur le marché des compléments alimentaires de CoQ10 oxydée [ubiquinone] et réduite [ubiquinol], peut entraîner une certaine confusion. Vous voici désormais armé pour effectuer le bon choix, d’un oeil averti.
1 : μg signifie microgramme, il représente un millième de milligramme ou encore un millionième de gramme.

Laetitia Theunis

Pour continuer la lecture : Stress oxydant et antioxydants, revue critique des processus d’action des antioxydants, Dr Joël Pincemail, 2013, collection nutridoc, Testez éditions.