Epigénétique : du fatalisme à l'espoir
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Epigénétique : du fatalisme à l'espoir



« Lorsque nous connaîtrons les fondements de l’hérédité humaine, nous pourrons vaincre et corriger toutes ses anomalies pour éradiquer les maladies », tel était en substance le fantasme de la biologie et de la médecine des années 80 et 90. Mais les plans seuls ne font pas un édifice, pas sans le choix des bons matériaux et les choix de l’architecte !





Chaque discipline a ses « piliers », qu’on les appelle « théorie », « dogme », « vérité », « hypothèse ». Un des piliers de la biologie et de la médecine du 20ème siècle était que nous étions entièrement et irrémédiablement définis par nos gènes ! Ces mystérieux gènes abrités au sein du noyau de chacune de nos cellules étaient considérés comme la « pierre de Rosette » de la nature et de la physiologie humaine, détenteurs du message qui déterminait le moindre de nos caractères, de la couleur de nos yeux à notre tendance à l’embonpoint ou encore à notre agressivité !

Il suffirait de décrypter ce message, d’en modifier les « erreurs de frappe » à l’origine de tous ces aspects de nous qui nous invalident (maladies, handicaps,…) ou nous déplaisent, pour faire de nous des êtres parfaits. Tel était l’objectif des chercheurs qui, pendant des années, s’attelèrent au décryptage du génome (l’ensemble des gènes) humain. En 2000, les résultats se font enfin connaître ! Mais voilà, ils sont loin de valider toutes les hypothèses émises ! Les chercheurs découvrent ainsi que notre patrimoine génétique n’est pas si éloigné (il est même semblable à plus de 90%) de celui d’une simple souris et à peine plus conséquent que celui d’un ver constitué de quelques centaines de cellules,… contre plus de 100 milliards nous concernant ! Il doit donc y avoir quelque chose de « plus » que la génétique ! C’est ce que l’on baptisera « épigénétique » ou science étudiant les facteurs modulant l’expression de nos gènes et pouvant être transmis à la descendance comme ces derniers, et qui plus est, réversibles ! Au fatalisme et au déterminisme génétique gravé dans la pierre et défendu par des savants depuis des décennies, s’ajoute ainsi un niveau de compréhension du vivant pouvant faire basculer notre destin personnel du statut de victime de nos gènes à celui d’acteur de notre santé !

Le livre n’est pas l’histoire

Il est fréquent de comparer notre matériel génétique, connu aussi sous le nom d’ADN, à un livre dans lequel l’agencement des lettres en mots détermine un message. Alors que notre alphabet comporte 26 lettres permettant d’écrire des mots, celui de l’ADN en comporte 4. Ce ne sont pas des lettres, mais des molécules appelées « bases azotées ».

Leur succession (attachées les unes aux autres comme les perles d’un collier) constitue la molécule d’ADN. Chaque « mot » du livre correspond, dans notre analogie, à un gène. Pour le lecteur, il a une signification. Dans la cellule également, la lecture du gène va avoir une signification : la synthèse de molécules (des protéines) participant au mouvement, à la communication, à la production d’énergie, etc. Avant le décryptage du génome, les chercheurs, sachant qu’il existe dans l’organisme humain environ 100 000 protéines différentes, pensaient donc trouver au moins 100 000 gènes servant à leur synthèse. Or, surprise, ils n’en trouvèrent qu’environ 26 000 ! Comment expliquer cela si l’on part de l’hypothèse longtemps admise en biologie que « 1 gène donne 1 protéine » ? En s’imaginant des mécanismes permettant par exemple de masquer certains mots (ou gènes) pour modifier le message. Prenons un exemple : vous lisez un livre sans savoir à quel genre il appartient mais on vous donne pour consigne de mettre en pratique l’image que vous allez vous faire en lisant. La phrase lue est « je mets le gâteau fait de mes mains dans le four à 180 degrés ». On peut imaginer un manuel de pâtisserie. Imaginez ensuite que quelqu’un vienne coller une étiquette repositionnable sur les mots « le gâteau fait de ». La phrase devient « je mets mes mains dans le four à 180 degrés »… un message certes différent, digne d’un manuel de sado-masochisme ! Alors que sont ces étiquettes repositionnables dans la réalité cellulaire, d’où viennent-elles et quels sont les événements venant les coller sur notre ADN ?



Les acteurs de l’épigénétique : on est ce que l’on mange...

Bien sûr, nos cellules ne contiennent pas d’étiquettes repositionnables en papier ! Quelles sont donc les substances ou mécanismes modulant l’expression de nos gènes ? Actuellement, ce sont surtout des réactions telles que la méthylation (ajout d’un petit groupement –CH3) de l’ADN qui sont évoquées. Il ne s’agit bien sûr que d’une vision partielle d’une réalité biochimique, voire énergétique beaucoup plus complexe. Comme nous nous construisons à partir de la nourriture, les recherches se sont portées vers la nutrition et la source potentielle de ces « groupes méthyle ». L’exemple sans doute le plus spectaculaire chez l’animal de la modification épigénétique des gènes par la nourriture est celui des abeilles : toutes les larves d’abeilles ont à la naissance le même matériel génétique ou, pour en revenir à notre analogie, la même succession de « lettres » dans leur ADN. Certaines larves vont cependant recevoir une nourriture différente des autres, à savoir de la gelée royale. Ces larves nourries différemment vont devenir des reines. Un simple changement de nourriture va donc donner des individus plus grands, d’une longévité supérieure et surtout, capables de se reproduire ! Chez l’homme, l’étude de la descendance sur trois générations de femmes néerlandaises ayant subi la famine lors de leur grossesse pendant la seconde guerre mondiale révèle un risque accru de diabète, obésité et risque cardiovasculaire chez les petits-enfants ! L’influence de l’alimentation sur l’expression des gènes semble donc évidente !

Dans les pathologies cancéreuses, une mauvaise alimentation (trop de graisses de mauvaise qualité, de sucres, peu de fruits et légumes, etc.) peut favoriser l’expression de gènes inducteurs de tumeurs! Depuis 20 ans, des recherches nutritionnelles nouvelles ont mis en avant les propriétés de la Lunasine (un peptide de soja ) aux propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, anti-cholestérol, de raffermissement du système immunitaire et de capacité à favoriser l’expression des bons gènes et d’inhiber les mauvais gènes au coeur de la cellule, ceci avec différents brevets scientifiques alimentaires à l’appui. L’alimentation « anticancer » prônée par David Servan-Schreiber reste donc, elle aussi et en priorité, plus que jamais recommandée pour apporter des éléments tels que minéraux et oligo-élements mais aussi, entre autres, acide folique, choline et méthionine, pourvoyeurs des fameux groupements méthyles indispensables pour moduler positivement le génome. En clair, on en revient toujours à l’alimentation naturelle, riche en fruits, légumes, oléagineux, viandes ou poissons de qualité !

… et ce que l’on vit

Bien sûr, l’alimentation n’est pas le seul facteur modulant ! Tout ce qui fait notre rapport au monde extérieur va potentiellement avoir une incidence sur l’expression de ce génome. Un état de stress chronique par exemple, via des hormones telles que l’adrénaline et le cortisol, va moduler l’expression épigénétique. De nouveau, les périodes de gestation, mais aussi pré-conceptionnelles semblent cruciales ! On ne dira donc jamais assez l’importance de l’hygiène de vie et de la gestion du stress (relaxation, méditation, visualisation positive,...) pendant ces périodes, sachant que leur influence pourra s’étendre sur plusieurs générations ! Il ne s’agit donc pas simplement de bouger et de se relaxer mais aussi d’entretenir une pensée et des croyances positives, porteuses de sens pour l’individu !

Le pouvoir retrouvé

Cette plasticité soudainement révélée face à l’environnement peut donner le tournis et surtout faire basculer dans la peur et la culpabilisation face à l’incidence sur nos enfants et nous-mêmes de ce que nous avons fait ou été ! Et bien sûr, la médecine s’oriente déjà vers des « épi-médicaments » capables de vous sauver de l’environnement et de vousmême ! La peur étant le mode de réaction dominant de notre société et ses méfaits sur la santé bien établis, n’hésitez pas à regarder le « bon côté de la pièce » ! L’épigénétique nous révèle bien sûr une responsabilité à court et moyen terme sur notre santé, mais elle nous redonne surtout le pouvoir de changer notre vie, de ne plus nous voir comme des victimes de nos gènes, cancéreuses de mère en fille ou héritier (es) d’une « obésité familiale » ! En réalité, nous héritons surtout d’habitudes (alimentaires, de pensée, de croyances, de comportement, etc.) ! Et la bonne nouvelle de l’épigénétique, c’est qu’en changeant ces habitudes, vous pouvez changer jusqu’au coeur de vos cellules pour votre bien et celui de vos enfants ! Et ça, c’est un pouvoir merveilleux à exploiter dès maintenant pour aller mieux !

Charline Nocart

POUR EN SAVOIR PLUS :
- L’impact des émotions sur notre ADN, de Nathalie Zammatteo, Editions Quintessence (Ressources & Santé)
- Biologie des Croyances, de Bruce H. Lipton, Ph.D., Editions Ariane
- Anticancer, du Dr David Servan-Schreiber, Editions Robert Laffont
- www.epigenome.eu
- www.inserm.fr
- www.epigenesys.eu
- www.ncbi.nlm.gov/pubmed (rechercher « lunasin »)



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