le Jeûne
Si l’on s’arrêtait de manger un jour, deux jours, une semaine... ?
Défendu par certains, critiqué par
d’autres, le jeûne suscite bien des
débats. Dans la société actuelle où la
tendance est à la «sur-consommation»,
l’idée même de sauter un repas est souvent
impensable.
Pourtant, il s’agit d’une des plus anciennes
approches d’autoguérison. Hippocrate
le préconisait, Socrate et Platon le
jugeaient primordial pour un bon équilibre
physique et mental. Dans toutes les
sociétés traditionnelles, d’orient en occident,
on retrouve des traces du jeûne.
Les grands manuscrits religieux lui prêtent
même une valeur spirituelle. Dans
la nature, les animaux s’abstiennent volontairement
de manger lorsqu’ils sont
malades ou blessés.
En quoi consiste-t-il exactement ? Jeûner
c’est s’abstenir de nourriture pendant
une période plus ou moins longue. Au
quotidien, notre corps doit digérer une
quantité plus que nécessaire de graisses,
sucres et protéines, sans parler des effets
néfastes des additifs alimentaires et de la
pollution ambiante. Tout ce qui ne lui est
pas essentiel pour son bon fonctionnement
finit par l’encrasser, produisant des
toxines. Ces toxines accumulées ont des
effets nuisibles, irritants sur le corps, provoquant
des problèmes de santé, mauvaise
mine, fatigue, mauvaise image de
soi. Jeûner entraîne un travail de détoxination qui permet à l’organisme d’évacuer
par autolyse ces multiples toxines,
de se reposer et de se régénérer. Privé de
nourriture, l’organisme va se nourrir par
auto-restauration en puisant dans les réserves
de graisses, ne prenant que ce qui
lui est indispensable. L’énergie de réserve
est utilisée pour éliminer les déchets de
l’organisme, se débarrasser des cellules
défectueuses, brûler les calories excédentaires.
C’est une mise au repos ; un repos
digestif, nerveux, endocrinien, cardio-vasculaire,
circulatoire et respiratoire. Ainsi,
l’organisme va se réguler, se débarrasser
des cellules défectueuses, soignant naturellement
certains déséquilibres.
Il existe deux sortes de jeûnes : le jeûne
hydrique et le jeûne sec. Le premier est
le plus courant. Il permet l’apport d’eau,
de jus, de tisanes, bouillons de légumes.
La durée peut varier d’un jour à plusieurs
semaines. A partir de trois semaines on
parle de jeûne thérapeutique qui se fait
dans le cadre d’une clinique spécialisée
comme la clinique Buchinger en Allemagne.
Le second type ne permet aucune
absorption de liquide. Pratiqué trop
longtemps il devient dangereux pour
l’organisme et donc sa pratique se limite
à 2 ou 3 jours maximum. Avant d’entamer
un jeûne il faut demander l’avis
préalable d’un médecin et effectuer un
bilan de santé. Les femmes enceintes,
personnes diabétiques ou ayant trop peu
de réservés naturelles ne pourront pas
jeûner.
S’il est possible d’organiser soi-même un
jeûne hydrique d’un ou deux jours, il est
quand même préférable de se faire encadrer
par des professionnels. Des stages
résidentiels d’une semaine en moyenne
sont organisés en Belgique, en France et
même dans le sud de la Turquie. Pratiquer
le jeûne de cette manière présente
beaucoup d’avantages : on se lie à un
groupe dont l’énergie est porteuse, les
impressions, les émotions sont partagées,
on s’octroie du vrai temps pour soi en se
coupant de son quotidien, de ses habitudes
et surtout des obligations. Le lieu
choisi revêt une grande importance sur le
plan moral. Si un certain genre de paysage
vous déprime, il serait
déconseillé d’y aller une
semaine pour jeûner !
L’organisme tournant
au ralenti, les sens sont
en éveil et les émotions
au rendez-vous !
Toute cure de jeûne est
généralement associée
à une forme d’activité
physique, le plus souvent
la marche, mais
cela peut aussi être du
yoga, de la bioenergym,
de la danse... Audelà
de préserver la masse musculaire,
lors de la perte de poids, la marche aide
le processus d’élimination en favorisant la
circulation du sang et de la lymphe. Le
jeûne comporte une phase préparatoire et
une phase post-jeûne.Une semaine avant
il s’agit d’éliminer de son alimentation
l’alcool, le thé, le café, la viande rouge,
les produits raffinés. La veille l’organisme
ne se nourrit que de fruits et de légumes
(bio, bien entendu!). De cette manière, la
transition se fait en douceur. Autre phase
primordiale, la réintroduction de la nourriture
qui correspond en temps à celle du
jeûne à proprement parlé. Priorité aux
fruits, légumes et céréales complètes.
Si les effets visibles du jeûne sont avant
tout physiques, comme la perte évidente
de poids, les effets psychologiques sont
tout aussi importants. L’organisme tournant
au ralenti, cela nous donne la possibilité
d’être plus à l’écoute de nos émotions,
de nos besoins. C’est souvent une
occasion de remettre en question son rapport
à la nourriture, aux autres, à soi. En
même temps que le corps se purifie, les
idées deviennent plus claires, libérant des
blocages émotionnels. Le coeur est plus
léger. Loin de toute obligation, voir de cadre
connu, le retour à soi est inévitable et
si bénéfique ! Pour appuyer ce travail, certains
organisateurs de stages proposent
également des méditations, dirigées ou
libres, favorisant l’introspection. Toutes les
informations s’avèrent ensuite utiles dans
le cadre d’un développement
personnel.
Si le jeune peut se
faire tout au long de
l’année, les meilleures
périodes correspondent
aux deux grands
changements de saison
: l’automne et le printemps.
Il faut savoir que
le plus difficile est de
prendre la décision de
jeûner. Les parents et
amis peuvent se montrer
très sceptiques, il
s’agit donc d’un réel choix personnel. Une
fois le jeûne commencé, la sensation de
faim disparaît très rapidement en général
après deux jours. Le corps a alors compris
qu’il ne doit pas s’attendre à recevoir de
l’extérieur et il se gère de l’intérieur. La
suite se fait : naturellement !
Vanessa Jansen
Références : «Le Jeûne» de Gisbert Bölling aux Editions
La plage, «Vivre sans toxine» de Marie Farquharson
chez Guy Trédaniel Editeur et «Ma cure «détox
» de A à Z» de Pierre Juveneton chez Plon.