Le couple, un organisme vivant
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Le couple, un organisme vivant






« Il la réveilla d’un baiser, elle le trouva charmant ; ils se marièrent, eurent deux enfants et vécurent heureux. »

Si cette phrase correspondait à la réalité, cette chronique n’aurait pas lieu d’être. Malheureusement, la réalité du couple est autrement plus compliquée que cela.


Après la lune de miel, phase passionnelle du couple qui dure au maximum deux à trois ans, vient un moment où la femme, être de relation par excellence, entre en conflit avec son homme, être priorisant davantage l’action. Le couple, contrairement à nos contes de fée et aux films d’amour, n’est pas une garantie de bonheur, mais plutôt un creuset pour générer de nombreux conflits et d’innombrables crises. Seuls ceux et celles qui sauront faire de ces conflits et de ces crises des moments de croissance personnelle survivront et pourront aspirer au bonheur. Les autres, soit se résigneront à une lutte sans fin, soit iront de couple en couple répétant le même scénario : séduction – passion – confrontation – séparation.

Personne n’est réellement préparé à la vie à deux : c’est en couple que l’on se rend compte de la réalité du couple. Et n’allez surtout pas croire que c’est plus facile pour le couple d’à côté. Tous les couples passent par les mêmes étapes et sont confrontés aux mêmes difficultés. Dans la conception traditionnelle du couple, les deux personnes ne forment plus qu’UN. J’appelle « fusionnel » ou « velcro » ce type de couple où Un plus Un fait Un. Tout dépendant de la force de caractère de chacun, c’est tantôt l’homme (couple patrifocal) qui impose ses valeurs, tantôt la femme (couple matrifocal).

Le couple d’aujourd’hui constitue davantage une association entre deux personnes qu’une unité en soi. Chacun veut bien vivre en couple, mais personne ne veut abdiquer sa liberté. Chacun veut bien s’engager, mais personne n’accepte d’être envahi. La structure conjugale devient donc trinitaire : un + un = trois.

Le couple, deux forces à équilibrer

D’un côté du lit, un homme ; de l’autre, une femme. Chacun avec leurs besoins respectifs et leurs priorités. Le lit restera-t-il un terrain de jeux et de repos ? Ou deviendra-t-il une arène de lutte ? Comment gérer une association si chacun veut imposer ses besoins selon ses priorités ? À la base de tout couple existent deux forces opposées et complémentaires : le désir de fusion (relation et communication) et le désir d’autonomie (liberté d’action), besoins inégalement répartis entre les deux partenaires.

Les couples heureux, formés de deux personnes plus autonomes que fusionnelles, réussissent à établir un équilibre mouvant entre ces deux forces. Les couples malheureux n’y parviennent pas et se retrouvent avec un déséquilibre permanent où l’un devient dépendant et l’autre, contre-dépendant. Il semble paradoxal de dire que le contre-dépendant est fusionnel, puisqu’il semble s’opposer au désir de rapprochement intime du dépendant, mais il faut comprendre que la fusion est une tentative d’amener l’autre à agir tel qu’on le veut. Le dépendant est en attente d’une plus grande présence de son partenaire ; le contre-dépendant, quant à lui, veut imposer une plus distance entre lui et son partenaire.

Le défi de l’organisme conjugal réside dans l’établissement d’une « juste distance » permettant aux deux personnes de satisfaire et leur besoin d’intimité et leur besoin d’autonomie. Ces besoins s’expriment différemment selon le sexe : la jeune femme désirant davantage de fusion émotive là où le jeune homme désire plus de fusion sexuelle. Ils évoluent aussi avec le temps, la femme devenant plus autonome et l’homme plus émotif avec l’âge.

Pour en savoir davantage : Qui sont ces couples heureux ? Québec, Option Santé, 2011.

Yvon Dallaire, M.Ps.
Psychologue, Sexologue et auteur
www.yvondallaire.com



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