L'éphémère, celui qui fait sens pour nous…

Au moment où j'écris ces quelques lignes, j'observe tout autour de moi Dame nature à son œuvre de beauté et d'abondance. Bientôt, ce sera l'été où, après l'effort de croissance du printemps, cette grande dame à son paroxysme se mettra en pause avant de nous régaler de ses fruits juteux ! Et tout cela se passe sous ma fenêtre, à son rythme, sans hâte et sans bruit, dans une harmonie parfaite … Venue me relier à ces rythmes naturels en montagne après une vie citadine à fond est sûrement le fondement de mon choix de vie plus lent. Et cette lenteur m'invite à plonger dans cet état de réceptivité où l'éphémère beauté nourrit mon Etre profondément.
L'éphémère est partout autour de moi : dans les effluves délicates d'une pivoine, dans ces verdures sauvages qui régalent notre table d'hôte, dans ces hauteurs enneigées qu'on souhaite éternelles ... L'éphémère semble être un instant où le temps se suspend, une invitation à la contemplation profonde de ce qui ne dure pas en apparence … à moins que la trace laissée en notre cœur, elle soit éternelle ?
Puis il y a la marche, lente, longue qui semble ne jamais se terminer parce que sans but. Choix d'alliance avec nos corps, racine de notre quotidien, elle renouvelle l'évidence de notre petit ermitage adossé à la colline qui se découvre à pied. L'éphémère se cache aussi dans ces milliers de pas posés sur la Terre doucement comme une carresse donnée et reçue. Dans ce silence du corps en mouvement qui s'élance vers les crêtes pour s'unir à ce décor de blancs monts et de vertes estives ...
L'éphémère est partout où le regard se pose, où le cœur se dilate, où la main caresse ... Alors je m'interroge : plutôt que de se libérer de l'éphémère, pourrions nous l'accueillir à bras et à cœur ouverts, le savourer en volupté et laisser vivre durablement les traces qu'il nous laisse quand la nuit est là et que le souvenir de la lumière prend sa juste place ? Mes frères et sœurs en ces terres cathares l'avaient bien compris : seule la vie de l'esprit est éternelle.
Puis viendra le temps des récoltes de l'été indien : pommes et chatâignes, bois de chauffe et douces couleurs chaudes ... La nature nous offre tout ce dont nous avons besoin en abondance ! En attendant, je vous souhaite aux portes de l'été de prendre le temps de vous relier à Votre éphémère, celui qui fait sens pour vous, qui rallonge le temps, agrandit l'espace, ouvre de nouvelles sentes vers cette part d'éternité qui nous habite tous !

Mariehélène Faurès,
Retraite en pleine nature sauvage à la Trabesse en Pyrénées
Animatrice en marche méditée (consciente et afghane)
Séjour en Terres cathares
www.la-trabesse.fr
www.geode.be