Les vraies richesses
Autrefois, les paysans cultivaient la terre à l’orée des villages
et les villageois étaient ravis d’avoir accès à une nourriture
variée, saine et locale. Ils développaient des liens, s’entraidaient
et, à la moindre occasion, prenaient le temps de «célébrer»
ensemble. La bonne humeur était au rendez-vous, car ils étaient
conscients de contribuer à prendre soin les uns des autres et de
la Terre. Leur nourriture était bio et n’avait que quelques centaines
de mètres à parcourir pour arriver dans leur assiette.
Un jour, les paysans, poussés par un système économique coupé
de la réalité des Hommes, acceptèrent d’emprunter de l’argent
avec intérêt. Bientôt, les taux augmentèrent artificiellement et
les banques saisirent les terres, transformant ainsi leurs prêts virtuels
en biens réels... C’est la crise, s’exclamèrent les villageois !
La crise, mais pourquoi donc ? Les terres étaient-elles devenues
incultes ? Les paysans incompétents ? Non, tout était toujours
là. En tous cas, les vraies richesses... C’est caricaturalement la
situation absurde dans laquelle nos sociétés se trouvent.
Il est donc indispensable de se ré-approprier ces richesses «non
monnayables». Réapprenons à cultiver la terre. Même dans les
villes ! Que chaque arbre urbain devienne un arbre fruitier, que
chaque haie puisse offrir ses baies aux passants. Redécouvrons
la joie de toucher la terre et laissons-nous toucher par elle. Que
chaque jardin, terrasse, toit et balcon puisse partager son abondance.
Redécouvrons le plaisir des jardins communautaires, des
potagers créatifs et des espaces verts partagés. Faisons de nos
paysages, des paysages comestibles, utiles et beaux, afin d’amorcer
une transition vers un monde auquel nous aspirons tous...
Allez, c’est le printemps, on s’y met !
Olivier Desurmont
Paru dans l'Agenda Plus N° 236 de Avril 2012