Le mal de dos : un trouble émotionnel ?

En début de carrière, mon diagnostic portait sur de probables dysfonctions de mobilité articulaire et tissulaire qui pouvaient donner lieu à une douleur ou une maladie. Depuis quelques années , je me suis permis de descendre plus au cœur de la philosophie ostéopathique.
Peut-on trouver une réponse à un mal de dos en incluant au diagnostic comportemental et structurel, une dimension émotionnelle ?
Emettons l’hypothèse que le corps du patient est un moyen d’entrer en contact avec le praticien de santé. Cette communication non verbale est un support pour accéder aux émotions et se reconnecter à soi. J’entends par « Emotions » (du latin movere) ce qui me meut, ce qui me met en mouvement. Nous comprenons ainsi que le mouvement n’est pas juste le résultat d’insertions musculaires, de force et bras de levier mais la traduction d’un comportement qui inclut du biologique, de l’inné, du réflexe, de la volonté, des automatismes, du psychologique, du social, des intentions, des informations émotionnelles.
On peut considérer un dysfonctionnement articulaire comme « un lapsus de mouvement », une perte de mobilité créée par un muscle « fusible » protecteur de l’articulation qui se spasme en perdant toute sa tonicité fonctionnelle.
Celui-ci étant un comportement, je me demande alors « qu’est – ce que cette partie de mon corps imprime plus qu’elle ne peut exprimer verbalement ? Quelle émotion ou évènement mal vécu se cache derrière ce dysfonctionnement ? »
Face à des situations émotionnellement trop intenses, le système nerveux végétatif ne peut plus absorber et doit donc se décharger. Le système nerveux se fige alors, soit localement, tel un mal de dos, soit totalement, en se déconnectant, se dissociant de lui-même un peu comme le pilote qui a mis le « cruise control » automatique de sa voiture, perdant le contact avec ses sensations, ses sentiments, certaine partie de son corps, jusqu’à griller ses fusibles comme dans un burn-out !
Le traumatisme est mémorisé par tout le système nerveux, notre cerveau inclus, ce qui peut déclencher différents types de symptômes.
En donnant un point d’appui, comme ce merveilleux outil qu’est la main, le corps (et tout le système nerveux) peut se reconnecter à lui-même, à son processus instinctif, affectif et cognitif. Il peut se réparer, se réapproprier un véritable agir, un mouvement, une fluidité, une émotion, et ... surtout « le vivant » en lui !

Jean-Michel Spanoghe,
Eur-Ost, D.O, Praticien en Somatic-Experiencing®
www.jmspanoghe.com - www.apf-somatic-experiencing.com