Oxygéner la démocratie
Ce 25 mai, nous votons. Quelle relation vivons-nous à la politique et au
«monde politique» ? Méfiance ou confiance ?
Le «monde politique» est, déjà en soi, une expression incongrue. Comme s’il
y avait «le monde politique» [eux] et puis «le reste du monde» [nous], séparés
par une vitre, la télé et, les médias de masse pour entretenir l’illusion que les
mondes sont étanches et tournent en vase clos.
Cette séparation illusoire entretient une méfiance qui semble s’accroître d’année
en année, comme si la politique était à part de notre vie, qu’elle n’y intervenait pas.
Pourtant, pendant qu’une partie de plus en plus grande de la population se désintéresse de
la politique, que se passe-t-il ? Le monde se complexifie, devient chaque jour un peu plus
difficile à gérer. Les défis techniques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux ne
peuvent plus se solutionner avec des recettes du passé. Et la tentation est grande de se replier
sur soi et de devenir des nostalgiques d’antan ! Mais si nous nous détournons de la politique,
les décisions seront de moins en moins cohérentes avec notre quotidien et donc, de plus en
plus basées sur les intérêts de ceux qui font la politique.
Refuser de voter, se désintéresser de la politique, c’est un peu comme si des parents décidaient
de ne plus s’intéresser au devenir de leurs enfants, comme si on refusait de s’occuper de ses
proches, de sa maison, de son trottoir, … de son quartier, … de sa région, … de son pays.
La politique, c’est comme la prose [pour paraphraser Molière], on en fait sans le savoir. Elle
impreigne toute notre vie, qu’on le veuille ou non. Chaque achat, chaque action sociale alimente
un projet de société et pose un acte politique. Tout comme l’acte du vote.
D’ailleurs en Suisse, où la démocratie directe est bien plus vivante, les «votations» sont beaucoup
plus nombreuses. Finalement, refuser de voter, c’est comme refuser de respirer l’air du
temps. Cela revient à asphyxier la démocratie.
Finalement, ne devrions-nous pas voter plus souvent, comme en Suisse, sur des projets de
réformes plus précises ?
Alors, on vote !
Raphaël Dugailliez
Paru dans l'Agenda Plus N° 257 de Mai 2014