S'ouvrir à l'autre
En cette fin d’année, nous allons tous être sollicités pour donner. Donner
aux pauvres, aux sans abris, aux étudiants, aux pompiers, etc. Donner
aux associations qui s’investissent dans les différentes parties du monde
contre la guerre, la maladie, les victimes d’intempéries. Donner à ceux qui
donnent de leur temps. Donner donc, quitte à faire vibrer notre bonne
conscience et nos bons sentiments.
Mais comme le rappelle Marie-Andrée Delhamende dans son dossier
«Solidarité et Compassion», le véritable don n’est-il pas dans l’attitude plutôt que dans ce qui
est donné, dans l’ouverture du coeur plutôt que dans l’importance du don, dans l’écoute,
le respect, et le non-jugement.
La solidarité envers l’autre demande aussi compréhension. On peut donner sans se poser
de questions, mais on peut aussi aller plus loin que le simple fait de donner. Don Elder
Camara, archevêque au Brésil dans les années ‘80, disait : «Quand je donne de l’argent aux
pauvres, on dit de moi que je suis un bon chrétien, mais quand je demande pourquoi ils sont
pauvres, on dit que je suis un communiste». Il s’inscrivait ainsi en faux contre tous les paternalismes
et contre l’hypocrisie qui donne d’une main ce qu’elle reprend de l’autre.
La charité est une chose, la vraie solidarité en est une autre. Elle suppose une remise en
question de notre propre mode de fonctionnement. La cause de beaucoup d’inégalités et
de pauvreté dans le monde puise, en effet, sa source dans les relations inégalitaires que
produit notre mode de vie occidental. Bref, nous co-créons une partie des inégalités que
nous voulons combattre par ailleurs.
La seule solution : dénouer honnêtement les causes de ces relations inégalitaires et
réduire nos exigences parfois bien futiles.
Et vivre dans cette sobriété heureuse dont parle Pierre Rabhi qui nous invite à «Vivre
simplement pour que l’autre, quel qu’il soit, puisse aussi simplement vivre.»
Douces et légères fêtes de fin d’année à toutes et à tous.
Jean Annet
Paru dans l'Agenda Plus N° 263 de Décembre 2014