Produits ménagers : il y a péril en la demeure !
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Produits ménagers : il y a péril en la demeure !



Utilisés couramment pour nettoyer les intérieurs, les détergents ménagers sont une source de pollution importante. Javel, limonène, formaldéhyde, l’air des maisons se charge de composés volatils et toxiques. Un bon geste : aérer quotidiennement !





Quel que soit le mode de nettoyage choisi, il y a la sempiternelle exigence : «Il faut que ça sente bon !» … la contrepartie inévitable est que cela pollue l’air à l’intérieur de la maison. Car, personne n’en doute, les différentes substances utilisées pour terrasser les saletés de toute sorte, sont rarement inoffensives. Composés organiques volatils, tensioactifs, produits chlorés, c’est dans les poumons de toute la famille que beaucoup finissent leur vie de décapeur de taches et d’agresseur de microbes.

Le parfum qui sent bon… la pollution
Quand la maison «sent le propre», on a la conscience tranquille et l’impression de l’avoir bien nettoyée. Les fabricants l’ont bien compris : les produits d’entretien regorgent de parfums.
Ainsi, en tête de gondole, siège l’indétrônable arôme «citron». Malgré la jolie représentation du fruit jaune gorgé de soleil sur l’étiquette, c’est bien un agent chimique toxique qui est responsable de cette senteur d’agrumes. Son nom ? Le limonène. Il est irritant pour la peau et doté de propriétés allergisantes. D’autres fragrances, comme la menthe et l’eucalyptus [menthol et eucalyptol], ainsi que la résine de pin [cédrène, pinène, terpinène], peuvent également conduire à des réactions d’allergie chez les personnes sensibles. Quelle que soit la senteur, tous font partie des composés organiques volatils [COV]. Toutefois, et c’est là où la contamination de l’air intérieur de la maison se révèle particulièrement pernicieuse, de nombreux COV n’ont pas d’odeur. C’est le cas du formaldéhyde, une molécule chimique volatile et cancérigène.



Le formaldéhyde, un agent volatil et cancérigène, présent dans 91% des produits d’entretien
Dans une étude récente, les chercheurs de l’INERIS [Institut national de l’environnement industriel et des risques] ont passé au crible les émanations de dizaines de produits ménagers. Le formaldéhyde a été retrouvé dans la composition de 9 agents nettoyants sur 10 ! De plus, les scientifiques ont découvert que d’autres composants des détergents, lorsqu’ils se mêlent à l’ozone présent dans l’air, génèrent également du formaldéhyde en composé secondaire. Cette molécule toxique est donc quasi omniprésente dans l’air de la maison.
«Le formaldéhyde est un agent cancérigène certain pour l’homme, il conduit principalement au cancer du nasopharynx. C’est également un irritant des voies respiratoires supérieures et des yeux. A long terme, les expositions au formaldéhyde pourraient augmenter le risque de développer de l’asthme et des allergies. Il n’est pas rare que le formaldéhyde affecte également le système nerveux, provoquant des céphalées, de la fatigue ainsi que des problèmes de mémoire et de concentration», précise le Dr Martyna Kuske, médecin spécialiste des pollutions des milieux intérieurs. «Les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées mais également celles qui sont allergiques ou asthmatiques, sont les plus sensibles aux polluants volatils.»
Les chercheurs de l’INERIS mettent eux aussi les utilisateurs en garde contre les émanations des produits d’entretien. «Ils sont vendus à large échelle, mais on connait peu de choses sur la contamination qu’ils engendrent. Nos analyses ont révélé la présence de nouvelles molécules préoccupantes dans les émanations des produits ménagers. Ainsi, des particules très petites sont présentes en nombre. Leur diamètre inférieur aux PM10 leur permet de rentrer profondément dans les poumons, ce qui les rend particulièrement dangereuses. On a également retrouvé des composés oxygénés, comme le méthylglyoxal et le 4-oxopentanal, dont des effets délétères sur la santé sont suspectés.»
Nettoyer avec des produits d’entretien pollue l’air intérieur. Il y a de quoi s’inquiéter du manque d’aération de la maison. A force de renforcer l’isolation des bâtiments, ils sont devenus des endroits clos qui ne respirent plus. Au fil du temps, en l’absence de ventilation, les contaminants s’y concentrent.

L’eau de Javel : le biocide banalisé
L’eau de javel, et son odeur chlorée caractéristique, pique au nez. Et pourtant, ce parfum désagréable est pour beaucoup ô combien rassurant car synonyme de désinfection. Souvent présente dans la composition des produits ménagers, l’eau de Javel est un atout marketing imparable grâce à ses superpouvoirs biocides. Bactéries, virus, champignons et spores, tous passent de vie à trépas en l’espace de quelques minutes.
Banalisée, l’eau de Javel n’en est pas moins un produit très agressif. Elle est corrosive et peut provoquer des irritations, voire des brûlures,tant aux mains qu’aux yeux. Pire, ses composés chlorés volatils se combinent avec des molécules organiques présentes dans l’air pour former des complexes chimiques toxiques. Ceux-ci peuvent conduire à de graves réactions respiratoires [oedème bronchique, sensations d’étouffement, forte toux].
Ajouter un détartrant à l’eau de javel, fait partie des mélanges périlleux à proscrire à tout jamais. En effet, cette mixture produit des molécules de dichlore extrêmement toxiques, conduisant à des crises d’asthme.

Aérez ! On ne le répètera jamais assez
Les produits de nettoyage ne sont donc pas des produits inoffensifs. Comme alternative intéressante aux détergents traditionnels, il y a les produits écologiques. Moins corrosifs, moins nocifs pour l’environnement, ils émettent souvent moins de composés organiques volatils toxiques. Mais qui dit «moins de COV», ne veut pas dire «absence de COV». C’est pourquoi, même avec des produits verts, il est important de respecter les dosages et les consignes d’utilisation mentionnées sur les étiquettes des produits. Il est, en outre, grandement recommandé de ne pas respirer directement les produits et de veiller à les utiliser dans un lieu ventilé. L’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur [OQAI] revient sur d’autres bons gestes pour limiter l’exposition nocive. «N’achetez que les produits ménagers utiles à vos besoins et stockez-les loin des sources de chaleur, dans un endroit ventilé. Enfin, soyez particulièrement vigilants aux sigles sur les étiquettes des produits. Certains produits sont clairement inflammables, corrosifs ou toxiques».

L’usage des produits verts pour nettoyer la maison est bien entendu préférable, et il l’est encore plus lorsque l’on pense à aérer les pièces. Ouvrir les fenêtres chaque jour, principalement en hiver, pour permettre aux polluants de sortir du bâtiment. Il suffit de 15 minutes pour renouveler l’air. Un petit geste simple qui permet de protéger durablement la santé de toute la famille.

Laetitia Theunis



Paru dans l'Agenda Plus N° 254 de Février 2014
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