Prévenir, voire inverser la maladie d’Alzheimer
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Prévenir, voire inverser la maladie d’Alzheimer



Selon l’OMS, 55 millions de personnes dans le monde sont atteintes de démence dont la cause principale est la maladie d’Alzheimer. D’ici 2050, ce nombre pourrait s’élever à 250 millions. Une réelle épidémie, qui effraie bon nombre d’entre nous et qui entraîne bien des souffrances au sein des familles, tant chez la personne atteinte de la maladie que chez ses proches. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions … Pensons aux centenaires en pleine santé de l’île d’Okinawa !





La maladie d’Alzheimer, un réel fléau de santé publique
Aloïs Azheimer est un médecin psychiatre, neurologue, né en 1864 et mort en 1915. De son temps, la démence était considérée comme une usure normale chez les personnes âgées.
Ce n’est qu’en 1901, au vu d’une de ses patientes, âgée seulement de 48 ans, souffrant de confusion mentale, de perte de mémoire et de comportements incohérents, que le Dr. Alzheimer considérera ces symptômes comme l’expression d’une maladie qui portera son nom dès 1906.
En effet, une fois la patiente décédée, il réalisa une autopsie de son cerveau et constata une dégénérescence des fibres neuronales ainsi que des amas anormaux de fibrilles.

On arle de surproduction de protéines bêtaamyloïdes qui se déposent autour des neurones, provoquant l’altération d’autres protéines, les protéines tau, celles-ci étant normalement essentielles à la neurotransmission. C’est dans l’hippocampe, zone de la mémorisation, que commencent les dysfonctionnements, pour atteindre progressivement le cortex cérébral qui reçoit et interprète les signaux de notre organisme.
La maladie d’Alzheimer est une maladie dégénérative comme les troubles cardiovasculaires, le diabète de type 2, les cancers. Le vieillissement en est le principal facteur, dû au stress oxydatif, à l’inflammation et à la pollution. La maladie est insidieuse et peut se profiler lentement durant des dizaines d’années avant l’apparition des symptômes.
On distingue 4 symptômes, appelés les 4 «A» : Amnésie, Aphasie (difficulté de langage), Agnosie (visuelle, gustative, olfactive) et Apraxie (perte de la capacité à effectuer des mouvements).

Comment prévenir ?
Les recherches montrent que les causes de cette pathologie sont multifactorielles et qu’il convient très certainement de renforcer notre système immunitaire.
Dès lors, veiller à un microbiote intestinal sain s’avère une évidence, sachant que notre flore intestinale est responsable à 80 % de notre système de défense.
Par ailleurs, depuis les années 2000, bon nombre d’études se sont penchées sur l’axe cerveau-intestin, ce dernier étant considéré comme le deuxième cerveau. En effet, le système entérique contient plus de 200 millions de neurones et de nombreux neurotransmetteurs. Il est en communication permanente avec le cerveau via le nerf vague.
Les toxines produites par le microbiote intestinal augmentent les marqueurs inflammatoires. Or, les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer présentent un déséquilibre de leur flore intestinale. Selon ces observations, les plaques d’amyloïdes dans le cerveau sont étroitement liées à cette inflammation intestinale, ce fameux leaky gut, terme anglais pour exprimer l’hyperperméabilité de l’intestin.

Adopter une alimentation anti-inflammatoire
Nous le savons, l’inflammation engendre la dégénérescence cellulaire de tout l’organisme, tant le déclin cognitif que toutes autres maladies dites de civilisation. Nous pouvons freiner ce vieillissement précoce en consommant des aliments vivants, riches en antioxydants, en bons acides gras, et en réduisant fortement les aliments acidifiants comme la viande, les glucides raffinés, les fromages à pâtes dures.

Cuire les aliments à basse température
Une autre recommandation, et non des moindres, est d’éviter impérativement les produits de la réaction de Maillard, ces composés glyqués tout aussi responsables du vieillissement cellulaire que l’oxydation. On parle de glycation. C’est Louis Camille Maillard, médecin et chimiste français, qui a découvert ce phénomène physico-chimique en 1912. Ces molécules de Maillard, comme l'acrylamide, constituent la résultante d’une sorte de caramélisation des protéines. La bonne odeur et la texture croustillante avec sa couleur dorée, de nos gratins, fritures, pain et biscuits bien cuits sont, en réalité, des produits glyqués, néfastes à notre santé. Quant aux amines hétérocycliques, formés sur la viande ou les poissons grillés, ils sont particulièrement toxiques et suspectés de jouer un rôle dans le cancer colorectal.
Sans rentrer dans les détails, sachez que la réaction de glycation se déroule en trois étapes et que la dernière aboutit aux AGE (Advanced Glycation End Products), à savoir les produits de glycation avancés, ceux-ci, étant tout à fait délétères pour notre organisme car pro-oxydants et inflammatoires. Des AGE sont également produits dans notre organisme selon certaines conditions favorables (pH, température, sucre sanguin). Quant aux AGE issus de l’alimentation, ils sont, dans le meilleur des cas, éliminés dans les urines, sinon, ils s’ajoutent aux AGE produits dans l’organisme et s’accumulent. Dès lors, ils génèrent un stress oxydatif et contribuent à bon nombre de maladies (diabète de type 2, polyarthrite, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer, cataracte, troubles cardiovasculaires …).
Par ailleurs, lorsque notre cholestérol LDL est oxydé (lipoprotéine de faible densité), sa forme est modifiée et ne peut plus, dès lors, pénétrer les astrocytes, cellules assurant une fonction nutritive auprès des neurones. D’autre part, lorsque la LDL est glycolysée, elle ne peut plus apporter le cholestérol indispensable à notre cerveau. Rappelonsnous, 60% de notre cerveau est constitué de lipides dont 10% de cholestérol.

L’Alzheimer, diabète de type 3
Le neurologue David Permutter, dans son livre Ces glucides qui menacent notre cerveau, nous rappelle que le blé d’aujourd’hui n’est plus du tout celui d’antan et que le taux du gluten y est tellement élevé qu'il crée une dépendance en agissant sur les centres impliqués dans le plaisir et l’addiction. Ce gluten provoque une hyperglycémie, ce qui, à la longue, entraîne une résistance à l’insuline qui favorise la formation des plaques amyloïdes. S’agglutinant autour des neurones, elles durcissent et rétrécissent les artères cérébrales. Le diabète est un facteur de risque majeur de déclin cognitif, d’où la dénomination de diabète de type 3.



Des neurotoxiques environnementaux
Les pesticides, les perturbateurs endocriniens (les phtalates, les microplastiques, les retardateurs de flamme..).
Les métaux lourds (mercure, aluminium, …) qui peuvent provoquer des maladies comme l’autisme, la sclérose en plaque, la maladie d’Alzheimer.
Certains additifs tels les glutamates (E621- E625). A forte dose, ils déclenchent un processus d’excitotoxicité, délétère pour les neurones. Plus particulièrement chez les personnes sensibles (notamment les enfants).
Les édulcorants artificiels tel l’aspartame (E951) qui contient 10% de méthanol qui se transforme en formol, dès 30°C.
Les ondes électromagnétiques comme l’utilisation des smartphones, le wifi.
ATTENTION AUX BENZODIAZÉPINES (somnifères, anxiolytiques, antidépresseurs) !

Protocole anti-Alzheimer
1. Optons pour une alimentation peu transformée,
des fruits et légumes riches en polyphénols, en bons acides gras (huile d’olive, Ω3) et veillons à un bon équilibre en Ω3 et Ω6 pour éviter un état pro-inflammatoire.
Diminuons les céréales et privilégions celles sans gluten ou des blés de variété ancienne. Supprimons les glucides à index glycémique élevé et les acides gras trans. Privilégions les cuissons à la vapeur et à l’étouffée. Mangeons moins, privilégions le jeûne intermittent. Filtrons l’eau du robinet et évitons celle des bouteilles en plastique achetées en magasin.

BON À SAVOIR : La plupart des troubles cérébraux sont dû à une alimentation trop riche en glucides et trop pauvres en bonnes graisses.

2. Veillons à un sommeil de qualité essentiel au «nettoyage du cerveau».
On parle de fonction glymphatique. Tout comme notre système lymphatique dans le reste de notre organisme, les cellules gliales de notre cerveau jouent le rôle d’éboueur. Le liquide céphalorachidien dans lequel baigne le cerveau permet de faire évacuer les protéines B-amyloïdes. Durant le sommeil, leur évacuation est plus fluide grâce à la dilation de l'espace intercellulaire.
3. Veillons à réduire le stress, le tueur de neurones par excellence ! Le cortisol, hormone du stress entrave la neurogenèse. La pratique du yoga, de la méditation, de la sophrologie, de la cohérence cardiaque peuvent nous aider.
4. Musclons notre cerveau. Nos neurones peuvent être modifiés, remodelés selon nos expériences cognitives, affectives et psychiques. De nouveaux neurones se construisent chaque jour. Nous pouvons stimuler la plasticité de notre cerveau en lisant, en jouant d’un instrument de musique, en dansant, en dessinant, en voyageant, en rencontrant d’autres personnes, en pratiquant des exercices mentaux tels les mots croisés, sudoku, …
5. Oxygénons notre cerveau en pratiquant une activité physique, ce qui permet de développer des connexions cérébrales.
6. Complémentons-nous : vitamine D, Ω3 (DHA), Mg, vitamine C, N-acétylcystéine, sélénium, …



Alors tentons d’appliquer les trois valeurs essentielles des centenaires d’okinawa : - Consommer une alimentation naturelle,
- Vivre en toute simplicité en lien avec la nature et les autres,
- Chanter, rire, danser, partager au sein de la communauté.
Pas simple dans nos sociétés occidentales où l’on voue un culte à la performance individuelle et au profit !
Où est cette culture où les aînés transmettaient leur savoir et gardaient leur place respectée au sein de la collectivité ? Ils sont notre mémoire et nos racines.
Pensons-y !

Karin Schepens



Paru dans l'Agenda Plus N° 341 de Octobre 2022
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