Cohérence cardiaque : au coeur de l’équilibre
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Cohérence cardiaque : au coeur de l’équilibre



Anxiété, dépression, maladies chroniques, stress, obésité… autant de fléaux que la raison, du médecin comme du patient, à peine à endiguer. Et si une gestion simple du stress redressait la barre ? S’il suffisait simplement… d’y mettre du coeur ?





Relégué au rôle de «vulgaire pompe» par la vision mécaniste de la médecine, le coeur retrouve, avec la cohérence cardiaque, ses lettres de noblesse. Apparue dans les années ‘90 aux USA suite au développement des recherches en neurocardiologie, la cohérence cardiaque est popularisée sur la scène francophone en 2003 par le livre de David Servan- Schreiber «Guérir le stress, l’anxiété et de la dépression sans médicaments ni psychanalyse». Apôtre de la méthode, le Dr. David O’Hare, médecin canadien, la développe en 2008 en l’appliquant notamment à la gestion du poids décrite dans son premier ouvrage «Maigrir par la Cohérence cardiaque». Mais au-delà de l’équilibre pondéral, la cohérence cardiaque permet de réguler tous nos automatismes physiologiques… et bien plus.

Comment ça marche ?

La compréhension des fondements de la cohérence cardiaque passe par la définition de quelques notions de physiologie, dont celle de variabilité cardiaque. Cette notion reflète l’irrégularité des intervalles de temps séparant deux battements cardiaque. Non détectable par la prise de pouls manuelle, cette variation de quelques dizaines à quelques centaines de millisecondes entre les battements successifs reflète les accélérations et décélérations constantes du coeur pour s’adapter aux demandes de l’environnement [danger nécessitant la fuite et donc un besoin accru de sang et d’oxygène aux muscles par exemple ou au contraire repos autorisant un rythme plus lent]. Chaque intervalle de temps entre deux battements, s’il est extrapolé sur une minute, permet de définir un rythme cardiaque exprimé en battements par minutes [BPM], tel que le montre la courbe en dents de scie ci-dessous. Cette variabilité cardiaque chaotique est normale, elle reflète notre adaptabilité à l’environnement. Elle est caractérisée par une amplitude [écart entre la valeur la plus faible et la plus élevée]. Dans votre cas, 55 battements/minute sera par exemple la valeur minimale et 87 la valeur maximale [l’amplitude sera donc de 87-55, soit 32]. Une amplitude élevée est un signe de bonne santé, de flexibilité physiologique : votre coeur, chargé de distribuer les nutriments et l’oxygène à tout l’organisme se montre capable aussi bien de ralentir le rythme que de «monter dans les tours» ! Avec l’âge, on assiste à une sorte de rigidification des capacités d’adaptation se marquant par une baisse de 3% de l’amplitude de la courbe par an. Le marqueur serait à ce point fiable qu’il permettrait d’estimer l’âge d’un individu !

Le coeur a ceci de particulier qu’il possède un «centre rythmogène» propre capable de lui imprimer un rythme de battement régulier. Mais en tant que centrale de distribution du sang porteur des nutriments et de l’oxygène, il est aussi soumis aux impulsions nerveuses des deux branches antagonistes [l’orthosympatique actif en état de stress et le parasympathique dominant au repos] du système nerveux autonome [SNA] qui, à l’instar de l’accélérateur et du frein d’une voiture, le font tantôt accélérer pour répondre à un stress [danger, émotion forte, etc...], tantôt ralentir lorsque l’environnement calme permet la récupération. Cette partie « involontaire » de notre système nerveux gère la quasi-totalité des régulations inconscientes de notre organisme : température, taux de sucre sanguin, niveaux hormonaux, digestion, faim et satiété et… rythme respiratoire ! Même lorsque vous dormez sur vos deux oreilles, ce système de régulation interne s’assure que le coeur batte et que la respiration ait lieu ! On a longtemps cru que la communication «système nerveux/coeur» était à sens unique. On sait aujourd’hui que cela est faux ! Si notre état nerveux, et notamment sa composante émotionnelle, peut faire s’emballer le rythme cardiaque, le coeur peut, lui aussi, influencer par son état le système nerveux et les émotions ! Hélas, me direz-vous, il est impossible par la volonté d’imprimer un rythme précis au coeur ! Il existe pourtant une parade : la respiration ! Comme tout mécanisme régulé par le SNA, le rythme respiratoire peut-être accéléré ou ralenti involontairement selon les besoins.



Respirez, c’est gagné !

Mais, contrairement au rythme cardiaque, le rythme respiratoire peut, de plus, être modulé par la volonté ! On s’est ainsi rendu compte qu’une respiration calme et lente, par un effet de rétroaction sur le SNA, pouvait induire une variation, elle aussi régulière, et donc prévisible, du rythme cardiaque. C’est cela, la cohérence cardiaque. Pendant l’inspiration, la stimulation de l’orthosympatique [l’accélérateur] provoque une accélération du coeur alors que pendant l’expiration, la stimulation du parasympatique [le frein] ralentit le rythme cardiaque. Se calquant sur le rythme respiratoire lent, le rythme cardiaque adopte alors une allure graphique harmonieuse telle que le montre le graphique inférieur représenté ci-contre. En outre, lorsque la respiration se fait au rythme de 6 respirations par minutes, l’amplitude de la courbe obtenue est maximale. On parle alors de résonance cardiaque. Cette harmonie du coeur se répercute, via le SNA, sur l’état nerveux général et a de nombreuses conséquences positives : diminution de l’anxiété et de la dépression, de l’hypertension, du risque cardiovasculaire, de l’obésité, des troubles de l’attention, etc..

365…

Profiter des bienfaits de la cohérence cardiaque est donc à portée... de souffle : 3 fois par jour, asseyez-vous bien droit, les pieds à plat au sol [ou debout] et respirez au rythme de 6 respirations [5 secondes d’inspiration par le nez suivies de 5 secondes d’expiration par la bouche] par minute, pendant 5 minutes. L’équilibre nerveux obtenu perdurera pendant près de 5 heures et les bénéfices notables décrits plus haut apparaîtront dès 7 à 10 jours de pratique ! Dessiner des vagues ou les nombreux guides visuels existant sur le net vous aideront à acquérir le bon rythme avec un peu d’entraînement ! Véritable technique de gestion personnelle du stress et d’harmonisation de la santé, la cohérence cardiaque démontre donc que si, comme le disait André Malraux dans La Condition Humaine : «ce que l’esprit voit, le coeur le ressent», l’inverse est aussi vrai !

Charline Nocart

Sources :
Guérir le stress, l’anxiété et de la dépression sans médicaments ni psychanalyse, de David Servan-Schreiber aux Editions Robert Laffon
• Cohérence Cardiaque 365, du Dr David O’Hare aux Editions Thierry Souccar
• Maigrir par la cohérence cardiaque, du Dr David O’Hare aux Editions Thierry Souccar
• Site de David O’Hare : coherencecardiaque.ca



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