Egalité … ou différence et complémentarité.

L'égalité en général…
De quelle égalité parle-t-on, lorsqu'on dit
que tous les hommes sont égaux ?
Parle-t-on de l'égalité entre les individus
réels ?
En y regardant, même de loin, on ne peut
que constater des hommes très différents.
Ils le sont physiquement, intellectuellement,
socialement, économiquement,
culturellement.
Et cette différence est une immense
richesse qu'il faut à tout prix préserver
contre les laminages égalitaires.
Quel que puisse être le critère d'évaluation
ou de comparaison des individus, on
obtient, en bonne conformité avec la loi
des grands nombres, une gaussienne avec
une grosse moyenne, une aile de déficience
et une aile d'excellence.
Si vous vous croyez membre d'une de ces
"élites" d'excellence, il ne faut en tirer
nulle gloire, il ne faut en espérer aucun
pouvoir ou privilège particuliers : l'excellence
ici sera déficience là, et c'est très
bien ainsi. Combien parmi les plus "riches"
ou les plus "intelligents" échouent complètement
dans leur vie familiale ou sociale ou
culturelle ?
Parle-t-on alors d'égalité des chances
réelles ?
Ici encore, l'observation rend verdict : un
enfant élevé dans un milieu cultivé a infiniment
plus de chances de faire de bonnes
études et de décrocher un bon diplôme
qu'un enfant délaissé dans un milieu défavorisé.
De même, une personne jouissant
d'un relationnel important pourra toujours
se frayer un chemin plus vite et plus loin
que celui qui ne peut compter que sur
lui-même.
Toutes les bonnes intentions en ces
matières ne font que déplacer le problème
sans jamais pouvoir le résoudre. Promulguer
moult règlements en vue de déjouer
ces inégalités de fait, ne font qu'en renforcer
le jeu dans le cercle vicieux bien connu
du braconnier et du garde-chasse.
Quels que soient les obstacles que l'on
met artificiellement sur sa route, la rivière
coulera ; elle aura seulement quelques
méandres de plus, et voilà tout.
Parle-t-on encore de l'égalité des droits
réels ?
Encore un fois, la réalité dément. Selon
que vous puissiez vous offrir un ténor du
barreau ou que vous écopiez d'un stagiaire
commis d'office, vos chances de succès
seront terriblement différentes. Selon que
vous tombiez dans tel ou tel arrondissement
judiciaire, sur tel ou tel juge appartenant
à tel ou tel lobby politique, vous
n'aurez pas les mêmes atouts dans votre
affaire.
Et comme, de plus, le juridisme galopant
légifère de plus en plus et produit de plus en
plus de jurisprudence, ceux qui consacrent
un gros budget juridique à titre préventif
passeront bien plus facilement au travers
des mailles de tous les filets que ceux qui,
innocents, croient stupidement qu'ils n'ont
rien à se reprocher et ne se préoccupent
nullement de se protéger.
Mais au fait, pourquoi faudrait-il s'insurger
contre ces inégalités de fait ? Parce
qu'elles sont injustes ? Mais tout est
injuste ! La souffrance, la tristesse, la mort
sont injustes. La vie est injuste : elle n'a
que faire des états d'âme humains. Dieu
est injuste puisqu'il ne se dévoile pas pour
éradiquer l'injustice. La Justice est un mot,
rien qu'un mot.
La réalité, elle, est injuste.
Un exemple : l'égalité des sexes …
Quand donc, dans le discours entre
hommes et femmes, cessera-t-on de parler
d'égalité et de parité pour, enfin, retrouver
la complémentarité ?
La Nature a inventé la différenciation
sexuelle précisément pour qu'il y ait différence
et donc complémentarité, pour
que ce qui était unipolaire et médiocre,
devienne bipolaire et efficient : mâle et
femelle ont pu, chacun de leur côté, développer
des efficiences nouvelles qu'un
pauvre unisexué solitaire n'aurait jamais
eu ni le temps, ni l'énergie, ni le courage de
perfectionner.
Oui, la femme est merveilleusement différente
de l'homme (et vice-versa, sans
doute …) et cette différence dans ses spécificités
physiques, affectives, mentales et
spirituelles, est notre richesse à tous deux.
Et cessons de parler de la domination de
la femme par l'homme (ou des violences
conjugales unidirectionnelles). Bien sûr
que, parmi les humains, il y a des dominateurs
et des violents, des barbares et des
salopards, des sadiques et des cruels et
plus souvent mâles que femelles … quoique
… mais cessons de faire des généralisations
plus qu'abusives.
Presque partout j'ai constaté que la norme
n'est pas celle-là, n'est pas cette caricature
du macho débile qui "roule des mécaniques",
qui "fout des mandales" et qui
"pince les fesses des nanas" ; presque partout
j'ai vu des couples unis où la femme
mène la barque de l'intérieur et où l'homme
fait l'interface extérieur, où les décisions
se prennent en commun mais où l'avis de la
femme prédomine souvent, où l'affection,
la tendresse et l'amitié réciproques sont la règle d'or, où les enfants se tournent toujours
vers leur mère par priorité, etc…
Je tiens à le répéter ici, encore une fois
: l'unité de base du monde humain n'est
pas l'individu isolé, mais le couple hétérosexuel.
Il faut rappeler que l'humain est
un animal comme les autres et, donc, que
c'est le sexe qui induit le genre, que c'est
la biologie qui induit la psychologie et que
c'est la nature qui induit la culture … et
jamais l'inverse.
La différenciation sexuelle induit, entre
hommes et femmes, des répartitions
de rôles et de fonctions pour lesquels
la Nature a bien équipé les corps et les
esprits, eux aussi bien différents. Et c'est
tant mieux car c'est une richesse pour chacun
que cette complémentarité des aptitudes
et des talents.
Ce n'est pas la différenciation des sexes
qu'il faut combattre ; ce qu'il faut combattre
avec la plus extrême énergie, c'est
l'uniformité que certains voudraient imposer
au nom d'un égalitarisme suranné et
mortifère. En termes physiciens, l'uniformité
et l'égalité, cela s'appelle l'entropie
maximale, c'est-à-dire la mort ! La Vie
n'est possible et ne se nourrit que des différences
qui doivent être clairement marquées,
cultivées et assumées. Les mots
sont là : l'uniformité et l'égalité mènent à la
médiocrité c'est-à-dire à la tyrannie de la
"moyenne" (mediocris, en latin).
Bien sûr, on peut gloser à l'infini sur l'égalité
des droits, l'égalité des chances, l'égalité
des revenus (à productivité égale), etc …
Toutes ces questions sont légitimes, mais
sortent totalement du cadre de la différenciation
sexuelle : elles se posent pour tous
les individus humains entre eux, quel que
soit leur sexe.
Je crains que ce faux débat sur l'égalité
et la parité des sexes ne masque une tout
autre question, bien plus profonde et bien
plus terrible : celle du refus du couple
comme unité fondamentale de l'humanité
(et, par suite, le refus confus de la
Nature et du Réel, et des contraintes qu'ils
imposent à tout ce qui émane d'eux, humanité
comprise).
Ce serait là l'expression ultime de l'individualisme
forcené c'est-à-dire de cet égocentrisme
narcissique et nombriliste qui
est obsédé par l'accomplissement de soi,
sans comprendre que celui-ci est impossible
sans, aussi, l'accomplissement de
l'autour de soi.
L'accomplissement de soi seul, pour soi
seul, par soi seul est une totale absurdité
nihiliste qui ne donne de sens à rien, surtout
pas à l'existence personnelle qui n'est
plus, alors, qu'une longue et morne masturbation
solitaire, une sorte de suicide lent :
celui du poisson rouge devenant fou à force
de tourner en rond dans un bocal transparent
appelé réseaux sociaux ou autre.
Marc Halevy
Ecrivain
Paru dans l'Agenda Plus N° 340 de Septembre 2022