Les chèques formations en question...
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Les chèques formations en question...



Les chèques formation, ce dispositif très efficace pour les indépendants et les PME, va vivre dès 2014 une évolution importante, 2013 ayant été une année de transition et de «moratoire». Ils permettent de pouvoir suivre, entre autres formations, des formations complémentaires ou en recyclage dans le domaine du bien-être à des coûts démocratiques.





Historique

En 2003, le dispositif «chèque formation» avait été créé pour doper la formation continue, en soutenant les PME et indépendants dans ce besoin, puisque la Région wallonne finance 50% du montant des chèques.
Le Chèque-Formation est accessible à toute personne physique, toute personne morale sous forme de société commerciale et tout société groupement d’intérêt économique, tous indépendants à titre principal ou complémentaire ainsi que les conjoints aidants. Pour y avoir accès, il convient de remplir 4 conditions :
• posséder un siège principal d’activités situé en Wallonie ;
• l’entreprise doit compter au maximum 250 travailleurs OU être indépendante ;
• le chiffre d’affaires doit s’élèver à maximum 50 millions d’euros OU le total du bilan financier doit être inférieur à 43 millions d’euros
• l’entreprise doit être autonome.


Toutes les formations agréées par le FOREM sont accessibles aux travailleurs, aux intérimaires et aux indépendants. En revanche, les personnes en Plan Formation Insertion (PFI), les étudiants, les apprentis et les stagiaires en entreprise n’y ont pas droit.
Le Chèque-Formation est valable pour une heure de formation. D’une validité d’un an, il s’achète 15 euros et a une valeur de 30 euros. Selon la taille de l’entreprise, le nombre de Chèques-Formation que vous pouvez obtenir varie de 100 à 800. Le chèque permet également de suivre des formations en naturopathie et en différentes techniques de bien-être dans les écoles liées à ce secteur d’activités.

Un moratoire en 2013 …

Mais voilà, le système a été très sollicité par les usagers et son coût s’est envolé. En 2005, 470 062 chèques formation ont été utilisés et en 2011, 737 364 ! Nul n’ignore les restrictions budgétaires et nul n’ignore que si un système s’emballe, il faut le recadrer.
C’est donc pour ce faire que le Gouvernement, sur proposition du Ministre Antoine, ministre wallon de la formation, a acté un moratoire visant à cesser l’agrément de nouvelles formations en 2013 et à ne pas renouveler les société agréments des opérateurs avant l’évolution du dispositif, les opérateurs étant, par exemple, les écoles de formation dans le domaine du bienêtre. Pour ces dernières, les usagers peuvent encore utiliser des chèques formation pour autant qu’elles aient encore leur agrément. En effet, leur agrément s’obtient tous les 3 ans et certaines l’ont encore jusqu’à fin 2014.

L’arrêté précise : «aucun agrément de nouveaux opérateurs de formation et aucun agrément de nouvelles formations ne peut être octroyé».
Trois exceptions furent néanmoins introduites :
• les secteurs concernés par l’alliance emploi environnement (isolation, audit, etc) ont pu être stimulés hors du moratoire par les chèques «Eco-climat» ;
• les secteurs stimulés par le Plan Marshall 2.Vert, à l’initiative des centres de compétence du FOREM, qui, eux, échappent au moratoire ;
• l’apprentissage des langues étrangères a lui aussi, naturellement, échappé au moratoire.

Globalement, au delà des questions budgétaires, l’arrêté du moratoire a été pris dans la perspective de «procéder de façon urgente à une réforme majeure du dispositif chèques formation, notamment en ce qui concerne la pertinence des formations agréées au regard des priorités socio-économiques de la Wallonie, la révision des conditions d’agrément et l’amélioration du contrôle du dispositif».

On l’a compris : la Wallonie se recentre sur son redressement socio-économique. Et le Gouvernement veut éviter de subventionner des formations qui ne cadrent pas avec ses priorités socio-économiques contenues dans le Plan Marshal 2.Vert.

C’est donc pour ce faire que le moratoire sera prolongé du 31/12/2013 à fin mars 2014, jusqu’à l’entrée en vigueur des évolutions décrétales, qui devraient se faire avant le changement de législature, fin mai 2014.
La Région wallonne a informé les opérateurs certes, mais pas les usagers !

Priorités de formation ?

Actuellement, il y a 393 opérateurs de formation agréés en Wallonie, et parmi ceux-ci, plusieurs d’entre eux dispensent des formations dans le domaine du bien-être : gestion du stress, stratégie de changement, naturopathie, gestion du temps, communication, esthétique, etc.

Il est amusant de décoder la classification des termes employés dans les textes et dans les services de gestion du dispositif. Lorsque l’on utilise le terme «bien-être», cela peut déjà justifier naturellement que ceci n’entre pas dans les priorités socio-économiques.

Le «bien-être», comme le stipule la Région, regroupe pourtant des opérateurs qui forment des indépendants, des coachs, des médiateurs, des gens qui contribuent dans les PME à prévenir les burn-out, etc. Cela contribue aussi nettement au redressement socio-économique car cela permet de lancer sur le marché de nouveaux métiers.

Pourrions-nous nous passer de naturopathes dans notre société hyper consommatrice de médicaments où l’hygiène de vie se dégrade ?
Pourrions-nous nous passer de prestataires, qui, par leurs formations dans la gestion du temps, aident des indépendants à mieux s’organiser et à gérer leur priorité et leur développement ?
Il n’est pas question ici d’entrer dans l’étude de cas particuliers mais à vouloir rationaliser sur le « productivisme », cela peut aussi mettre en danger des secteurs qui montent en puissance.

Vers une nouvelle alliance emploi dans le domaine de l’humain ?

Dans une société où bon nombre de personnes n’ont pas reçu, dans leur éducation, dans leur apprentissage scolaire, des compétences pour gérer le stress, le temps, les stratégies de changement, etc., il est logique que cet apprentissage soit facilité par des dispositifs comme les chèques formation.

Si le Gouvernement wallon a lancé avec justesse des Alliances emploi environnement pour stimuler le secteur de la construction durable, des bioplastiques, de l’eau, de l’énergie renouvelable, il ne sera pas un luxe d’envisager une nouvelle alliance emploi dans le secteur du management humain et de la santé naturelle pour la prochaine législature.

Gageons que les décideurs politiques gardent une vision holistique de l’économie et non une vision sectorielle trop coupée de l’humain.
Bref, si vous avez encore des chèques à utiliser, engagez-les encore en 2013 car il sera encore temps et demandez aux écoles de formation si elles peuvent encore les recevoir.
En 2014, le vent tournera sans doute, à la défaveur des secteurs d’activités précités.

Raphaël Dugailliez



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