Burn-out : quand le travail consume...
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Burn-out : quand le travail consume...



Tout le monde expérimente le stress. Lorsqu’il est de courte durée, il peut même être bénéfique pour l’organisme. Mais que faire si le stress persiste ? Celui-ci peut avoir des conséquences indésirables, tel un burn-out.





Le mot burn-out, dérivé du verbe anglais «to burn out» [«brûler»], est un terme utilisé pour désigner ce qui est communément appelé le «syndrome d’épuisement professionnel». Ce dernier est caractérisé par un ensemble de signes, de symptômes et de modifications du comportement en milieu professionnel qui, dans certains cas, peuvent entrainer des modifications morphologiques, foncsociété tionnelles ou biochimiques de l’organisme.

En 1969, Harold B. Bradley est le premier à décrire un stress particulier lié au travail sous le terme de burn-out. Il sera ensuite repris en 1974 par le psychanalyste Herbert J. Freudenberger, puis par la psychologue Christina Maslach dans leurs études sur les «manifestations d’usure professionnelle».

«En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte.»
Herbert J. Freudenberger


Pour ces premiers observateurs, le burn-out vise principalement les personnes dont l’activité professionnelle implique un engagement relationnel important propre aux professions «aidantes», comme les travailleurs sociaux, les professions médicales ou les enseignants. Cette notion a prévalu quelque temps et a marqué l’orientation des premiers travaux de recherche. Mais les connaissances accumulées depuis ont conduit à étendre les risques de manifestations du burn-out à l’ensemble des individus au travail, quelle que soit leur activité.
Ainsi, dès 1980, Freudenberger et Richelson font évoluer la définition du phénomène :
«Un état de fatigue chronique, de dépression et de frustration apporté par la dévotion à une cause, un mode de vie ou une relation, qui échoue à produire les récompenses attendues et conduit en fin de compte à diminuer l’implication et l’accomplissement du travail.»

Des professions «à risque» ?
Néanmoins, des similitudes entre de nombreuses études sur le sujet démontrent que certaines professions sont plus «à risque» que d’autres, notamment celles :
• à fortes sollicitations mentales, émotionnelles et affectives
• à forte responsabilité notamment vis-à-vis d’autres personnes
• où l’on cherche à atteindre des objectifs difficiles, voire impossibles
• où il existe un fort déséquilibre entre les tâches à accomplir et les moyens mis en oeuvre
• où il existe une ambiguïté ou un conflit de rôles.

Par ailleurs, certains «profils» sont également plus «à risque» que d’autres, notamment les personnes : ayant des idéaux de performance et de réussite, liant l’estime de soi à leurs performances professionnelles, sans autre centre d’intérêt que leur travail et se réfugiant dans leur travail et fuyant les autres aspects de leur vie.

Un syndrome tridimensionnel
Un consensus se dégage pour affirmer que le burn-out est un syndrome psychologique impliquant trois dimensions : un épuisement émotionnel, une «dépersonnalisation» et un faible sentiment d’accomplissement personnel.
• L’épuisement émotionnel fait référence au sentiment d’épuisement et de vide intérieur provoqué par le travail, à l’appauvrissement des ressources émotionnelles et au sentiment de ne plus pouvoir donner à autrui au plan psychologique.
• La dépersonnalisation de la relation se manifeste par des sentiments négatifs et cyniques et des réponses impersonnelles aux clients ou aux collègues et peut conduire à la déshumanisation progressive des échanges interpersonnels.
• Enfin, le faible accomplissement personnel se reflète par des sentiments d’incompétence professionnelle et de manque de réalisation personnelle dans le travail.

Comment identifier un début de burn-out ?
Les premiers symptômes passent souvent inaperçus, mais petit à petit le physique, puis le psychisme se dégradent jusqu’au jour où rien ne va plus. Les conséquences physiques et psychologiques se caractérisent principalement par : une diminution de l’estime de soi, des symptômes de fatigue, une anxiété plus fréquente, des traits dépressifs, une plus grande irritabilité et l’apparition de problèmes somatiques.

Des doutes ? N’hésitez pas à passer un test grâce à l’échelle de Maslach qui permet d’évaluer votre niveau d’épuisement professionnel. Il est proposé gratuitement par plusieurs site Internet [moteur de recherche : «Test de Maslach»].

Comment soigner un burn-out ?
La plupart des scientifiques sont d’accord pour admettre que la solution réside dans le changement. Le repos aide à retrouver de l’énergie, mais ne guérit pas toujours en profondeur le burn-out. Les solutions résident donc dans les prises de conscience de la nécessité de mettre en place de profonds changements dans sa manière d’être et de vivre. Parfois, le changement d’environnement de travail est même nécessaire.
Un accompagnement psychothérapeutique est souvent utile. Le suivi de certaines thérapies brèves et d’hypnothérapies donne d’excellents résultats et, plus généralement, toutes les techniques de gestion du stress, de détente profonde et de réappropriation du corps peuvent avoir des effets complémentaires très intéressants.

Un trouble-miroir de civilisation
Finalement, le burn-out peut être assimilé à une pathologie de civilisation, c’est-à-dire un trouble-miroir qui reflète certains aspects de l’organisation sociale contemporaine, notamment le culte de la performance et de l’urgence ou encore de la concurrence exacerbée. Qui s’étonnera que le «techno-capitalisme» et son obsession de progrès et de croissance puissent avoir un impact nocif sur le psychisme humain ?! Rappelons que cette structure techno-capitaliste n’est pas une fatalité, mais un égarement de l’Homme sur les chemins de la Terre...

En amont de toutes les solutions et thérapies individuelles proposées pour soulager les symptômes du burn-out, il est indispensable d’oeuvrer à la guérison du système qui a engendré ces troubles et, dans l’élan, à repenser la notion même de travail dans nos sociétés.

Olivier Desurmont

Références : “Se reconstruire après un burn-out - Les chemins de la résilience professionnelle” de Sabine Bataille chez InterEditions et “Global burn-out” de Pascal Chabot chez PUF.



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