L’économie circulaire
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L’économie circulaire



En train pour un vrai changement d’économie…





Un vrai changement de paradigme…

Chaque décade amène un nouveau concept économique. On a parlé de développement d’économique durable, d’économie verte, d’utilisation rationnelle des ressources et aujourd’hui la tendance est à « l’économie circulaire » : peut-être que nos anciens mo-dèles économiques tournent en rond...
Toujours est-il que le terme « d’économie circulaire » est aperçu en 1990 dans l’ou-vrage « Economics of Natural Ressources and the Environment ». Dans les années qui suivent, le concept «Cradle to Cradle» vise également à convertir le modèle linéaire en un modèle circulaire.
Persister dans le modèle linéaire c’est pour-suivre dans l’illusion que les ressources sont abondantes, infinies et peu onéreuses, Le modèle linéaire, c’est également le scénario « extraire-transformer-fabriquer-consommer-jeter », c’est-à-dire un modèle dans lequel chaque produit arrive un jour en « fin de vie ». C’est le modèle du siècle précédent, mais c’est encore aujourd’hui notre manière de fonctionner par rapport à trop de produits.

Respecter la matière et la faire « tourner »

Par évolution, l’économie circulaire est une conception du système économique et industriel visant à maintenir les produits, leurs composants et les matériaux en cir-culation le plus longtemps possible à l’inté-rieur de notre écosystème, tout en veillant à garantir la qualité de leur utilisation.
L’économie circulaire s’arc-boute sur plu-sieurs logiques comme : l’éco-conception, l’écologie industrielle, l’économie de la fonctionnalité, le réemploi, la réparation, la réutilisation, le recyclage.
Certaines logiques sont connues et sont désormais ancrées dans notre quotidien. En Belgique, on recycle beaucoup, mais il reste encore des efforts à faire, notamment sur les plastiques, les matériaux de construc-tion, les matériaux dangereux.

L’économie circulaire cherche, par exemple, à favoriser :
• l’entretien, la réparation et la réutilisation des produits.
• une conception adaptée des produits en vue de leur réparation et la réutilisation totale ou partielle de leurs composants en fin de vie.
• la fabrication de nouveaux produits à par-tir de pièces, de composants ou de produits déclassés.
• le recyclage de matériaux et déchets in-dustriels, agricoles ou ménagers.
• l’utilisation efficace des ressources lors des phases de production et de consommation.
Deux dimensions sont innovantes, elles nous entrainent dans une véritable révolution de paradigme : l’économie de la fonctionnalité et l’écologie industrielle.

L’économie de la fonctionnalité c’est privilégier l’usage d’un produit plutôt que sa propriété. C’est déjà le cas pour certains services (copieurs multifonctions, leasing d’outils, etc.) mais cela arrive dans des nouveaux secteurs plus ancrés dans notre vie privée comme les tenues de soirées, les vêtements et les jouets pour enfants, la mobilité.
Il est vrai que l’attachement au sens de la propriété fait bien vivre les fabricants de placards car nous y stockons bons nombres d’objets peu utilisés, parfois même oubliés…

L’écologie industrielle vise quant à elle à optimiser des flux industriels (matière, énergie, déchets, etc.) entre industries ou acteurs économiques. A Herstal, un réseau de chaleur urbain est alimenté par le refroidisseur d’une turbine électrique de l’incinérateur voisin. Auparavant l’énergie aurait été perdue, déjetée, aujourd’hui elle est transformée, utilisée

Des modèles innovants…
Dans une optique d’économie circulaire, plusieurs modèles économiques innovants peuvent être envisagés :
• systèmes de location innovants
• systèmes de partage et d’usage collectif de produits et d’équipements
• système où le consommateur achète le service fourni par un produit plutôt que le produit lui-même
La transformation de notre économie d’un modèle linéaire vers un modèle circulaire permet de réaliser des économies, de mettre en oeuvre une utilisation plus efficace des ressources, de générer des emplois et de réduire l’impact de la production et de la consommation sur l’environnement.

Quelques exemples en Belgique
• Avec 15.000 tonnes de marc de café récupérées dans les bars et restaurants de la capitale, une entreprise produit des champignons et du compost. Ce dernier sert à la production de chicons biologiques ou encore du mycélium de champignon, un matériau biodégradable capable de concurrencer le plastique !
• Que faire quand un vélo ne suit pas la croissance de votre enfant ? Une solution : « Op Wielekes », un projet gantois du Netwerk Bewust Verbruiken, le Réseau flamand pour une consommation réfléchie, qui permet à chaque enfant de disposer d’un vélo de qualité à sa taille via une plateforme de partage unique. Quand le vélo devient trop petit, les ménages affiliés l’échangent contre un modèle plus grand. À chaque changement de propriétaire, « Op Wielekes » remet l’ancien vélo en état et le prête à nouveau. Ce projet cultive une approche nouvelle de l’économie de la fonctionnalité.
• Dans le domaine de la construction, des soubassements de fondations sont déjà parfois réalisés avec du béton recyclé pour stimuler l’éco-conception.
• Nos vieux GSM valent de l’or : des entreprises belges se spécialisent dans le recyclage des appareils électroniques pour en récupérer les métaux précieux.

Il existe un potentiel économique à développer via des porteurs de projets en économie circulaire qui transforment les déchets en ressources tout en créant des emplois localement. La Région de Bruxelles – en pointe en Belgique avec la politique audacieuse de Bruxelles environnement – a investi plus de 5 millions d’euros dans des nouveaux modèles et soutenus plus de 70 porteurs de projets.

Economie circulaire = relationnelle
L’économie circulaire, c’est aussi connecter des acteurs qui ne se parlaient pas ou peu, c’est repenser nos vieux paradigmes comme l’attachement à la propriété, à l’individualisme, au non respect des ressources.
Il nous faudra encore quelques décades pour vraiment être dans une économie pleinement circulaire. Aujourd’hui, ce sont des modèles, demain ce seront nos standards. Pour passer de l’un à l’autre, il faut aussi des usagers, des clients, des audacieux. Plus les acteurs seront nombreux, plus les modèles émergeront vite et collectivement. Alors, êtes-vous prêt à soutenir des initiatives près de chez vous ?

Raphaël Dugailliez

RÉFÉRENCES :
• www.environnement-entreprise.be/economie-circulaire
• www.circulareconomy.brussels/



Paru dans l'Agenda Plus N° 307 de Mai 2019
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