Après 15 ans dans le secteur bancaire, David change radicalement de vie
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Après 15 ans dans le secteur bancaire, David change radicalement de vie







Rue d’Havré à Mons, une ancienne bâtisse en pierre. C’est là que nous retrouvons David Philippart. Il y a deux ans, suite à un burn out, il décide de changer de vie. Il ouvre alors un comptoir de produits locaux mais pas que… il installe surtout un espace de « fabrique de liens », MOSAIC. David est Montois et a travaillé dans le secteur bancaire pendant quinze ans. Mais en 2012, il change de cap et met sur pied, avec son épouse, une association qui s’appelle « Mais pourquoi pas toi ? ». Celle-ci comporte deux volets : un volet socioculturel et un volet socioprofessionnel. Ce dernier porte sur l’insertion sociale : « l’idée est d’accompagner des publics en décrochage ». Il n’est pas rare que David accueille des détenus et, plus globalement, des personnes à la recherche d’un projet de vie. Il retravaille avec eux la confi ance en soi et les accompagne lors de leur recherche active d’emploi.

« Ce jour-là, j’ai su que je n’y retournerais plus ».

Tout semblait aller pour le mieux pour David, mais, pourtant, à un moment, il se retrouve confronté à un burn out : « J’avais un très beau poste comme banquier mais mes journées étaient déstructurées : les moments précieux, comme la pause de midi, n’existaient plus. Je n’arrivais plus à lâcher prise, à faire preuve de distanciation quant à la réalité professionnelle, j’étais fatigué. Je ne retrouvais plus mes valeurs. J’avais l’impression d’être dans un train roulant à 200 à l’heure. Je ne voulais plus de cette vie-là ! » Il prend alors une décision radicale, celle de quitter son travail : « Ce jour-là, j’ai su que je n’y retournerais plus. »
David fait une pause pendant deux ou trois mois et réapprend à rythmer ses journées : « Le soir, on soupe à une heure normale, en famille, et on ne remet pas son ordinateur en route jusqu’à minuit, ni le week-end, d’ailleurs ». Il prend le temps de réidentifier ce qui lui fait plaisir : « C’est à ce moment-là que j’ai compris que tout ce que j’aimais, je ne le faisais plus. J’adorais le sport, être à l’extérieur, lire… ». Il avait tout sacrifi é à son travail sans s’en rendre compte. « Je me suis tourné vers des personnes bienveillantes, je me suis remis à la lecture, à la méditation. J’ai repris conscience que l’on avait le droit de lire un bouquin, de voir des amis… »

« J’ai eu un déclic : je voulais me lancer dans un nouveau projet. »

Lors de la visite d’un salon de produits du terroir, David réalise deux très belles rencontres : un chocolatier et une torréfactrice, tous deux producteurs dans le Hainaut. « J’ai eu un déclic : je voulais me lancer dans un nouveau projet. On a discuté de leur métier, j’ai découvert leur quotidien de producteurs locaux. »
C’est là que lui est venue l’idée d’ouvrir aussi une épicerie de quartier : « Je voulais rassembler mon association, mes rencontres, tout cela dans un seul endroit, où la dimension humaine serait très présente. Je voulais pouvoir y raconter l’histoire de ces personnes, de ces producteurs. Je voulais créer du lien. » Il met alors en place un lieu un peu insolite : « MOSAIC, fabrique de liens car dans notre association, dans l’épicerie, l’idée reste la diversité des publics, des activités. Riverains, ex-détenus, associations… bref, tout le monde y trouvera son compte. Avant d’être un comptoir de produit locaux, c’est un espace que je souhaite solidaire, ouvert, convivial, un lieu de rencontres, d’échanges... »

« J’aime vendre des produits naturels, issus du circuit-court et de l’économie locale. »

Il offre un accueil chaleureux à chaque client, c’est primordial pour lui : « Quand quelqu’un franchit ma porte, je ne désire pas uniquement vendre un produit, j’espère recréer la proximité d’antan, celle qui existait entre un client et un commerçant, il y a quarante ans, que cela ait du sens. J’explique toujours ma démarche, pourquoi consommer circuit-court, c’est quoi l’économie circulaire, locale : je sais ce que je vais manger, comment c’est fait. Les clients peuvent déguster le produit avant de l’acheter. » Les confi tures, les fromages frais, la charcuterie, les fruits, les légumes côtoient les cartes postales, les savons, et les autres produits de la vie quotidienne : « C’est primordial pour moi de remplir le magasin avec ce que j’aime trouver à la maison, ce que l’on doit avoir sous la main. Il ajoute : « Ce qui est aussi important pour moi, c’est le retour au bon sens » : le jeune homme privilégie d’ailleurs les aliments avec peu d’emballage ou avec des emballages recyclables et propose les produits frais, sélectionnés avec soin, à la découpe.
Des photographies placées à proximité du comptoir attirent le regard : une ancienne criminologue s’adonne à la permaculture, une employée a quitté son poste dans une entreprise très connue pour fabriquer des savons, une ancienne journaliste réalise maintenant des confi tures… Ils sont bien nombreux à avoir quitté le chemin qu’ils s’étaient d’abord tracé. Tous les produits issus de ses rencontres avec ces artisans locaux sont en vente dans son magasin. En fonction du produit acheté, David montre la photo du producteur et explique l’histoire de ce dernier.
Finalement David a changé de vie. Après avoir été banquier, il a mis en place un projet qui lui correspond parfaitement. Son épicerie propose toute une série de produits naturels et locaux à l’avant du bâtiment, et laisse ensuite la place à une salle conviviale, consacrée à la dégustation de ses produits, à la mise en place d’événements et d’ateliers. Un escalier en bois majestueux mène à l’étage, où s’est installée son association à caractère social. Le tout tend vers un même objectif : créer du lien entre les personnes !

Laure Régaglia



Paru dans l'Agenda Plus N° 310 de Septembre 2019
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