Rayonner l’estime de Soi comme un soleil …
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Rayonner l’estime de Soi comme un soleil …



J’existe. En voilà un « tag » déconcertant, non signé, étonnant, simple et percutant qui est placardé ou peint depuis quelques années sur diverses infrastructures collectives. Oui, chacun a un réel besoin d’exister, de trouver sa place, de se sentir reconnu, accueilli et pourtant, ceci est loin d’être l’apanage du plus grand nombre...





Depuis longtemps les philosophes, les psychologues, les sages nous en parlent… Bénéficier de la sensation d’exister n’est pas juste la trouver un instant. Il s’agit d’une expérience à nourrir et à réitérer chaque seconde pour garder le cap, pour vivre cet état simple et limpide d’être qui nous rend jovial, confiant, décontracté, léger, paisible, qui nous rend nous-même.
Exister c’est se sentir vivant, c’est être Soi, simplement, amplement, c’est être perçu pour son Soi, reconnu dans son Soi*. Ce n’est pas paraître Moi**, ce n’est pas faire semblant d’être un autre. Cela semble si simple et c’est pourtant si compliqué !
« Soyez vous-même, les autres sont déjà pris ! » nous lançait en boutade pas si stupide Oscar Wilde.

Conscience de Soi

Pour se sentir exister, reconnu, c’est beaucoup plus simple et naturel lorsque, dans l’enfance, les parents et référents signifiants de l’enfant l’ont « reconnu ». Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Tout au commencement, déjà à la conception, à la grossesse, certains parents sont conscients que l’enfant à naître n’est pas juste un foetus, un amas de cellules en bouillonnement de multiplication mais il est un petit être avec sa part de spiritualité, de sensibilité et de mystère.
Reconnaître et accueillir une partie plus vaste que simplement quelques millions de cellules en assemblage magique, c’est oser se questionner et tenter de répondre à différentes interrogations : dès la naissance, le nouveau-né sera-t-il accueilli et reconnu par les deux parents ? Va-t-il pouvoir entrer en relation avec les deux parents ? Va-t-il se sentir respecté dans son rythme, ses besoins élémentaires ? Va-t-il se sentir exister et relié à ses parents ? Questions simples et pourtant, le rythme des besoins de l’enfant n’est pas celui de la mère ou du père. Dans notre société où l’on effectue mille activités, les parents prennent-ils le temps de partager le rythme de l’enfant ? Au cours de son développement, l’enfant va exprimer ses préférences pour des activités, pour des goûts, pour des atmosphères, pour des lieux, pour des modalités de relations. Pourront- elles être accueillies et reconnues ?
L’estime de soi et la reconnaissance de Soi viennent de loin en nous. Si les parents n’ont pas conscience d’eux-mêmes, de leur singularité et ne sont pas capables d’accueillir l’altérité, comment pourraient-ils transmettre cette richesse à leurs enfants ?

Nos préférences … les connaissons-nous ?

Les préférences de l’enfant touchent à beaucoup de domaines :
~ Le rythme de vie,
~ L’orientation sexuelle,
~ Les goûts vestimentaires et alimentaires,
~ Le style de vie,
~ La nature introvertie ou extravertie,
~ L’aisance dans les arts, les maths ou le bricolage,
~ La dimension psychomotrice, le volet sport, danse, ou acrobatie,
~ Le rapport à la liberté intérieure et extérieure,
~ Le type de rapport d’attachement et de rapport relationnel…
L’enfant va aussi manifester petit à petit ses talents, tout d’abord très simples puis à mesure de leur pratique et de leur apprentissage, plus construits. Vont-ils être conscientisés, explorés, cultivés, encouragés par les parents et adultes ? Ou l’enfant va-t-il être freiné dans ses élans ou non encouragé ?

Idéalement, il faudrait que les que les parents reconnaissent et complimentent sincèrement les enfants pour ce qu’ils sont, pour leur singularité profonde. Il est important que les adultes verbalisent les qualités essentielles des enfants et qu’ils encouragent leur singularité pour que ceux-ci puissent en prendre conscience et se sentir valorisés et ainsi intégrer d’être aimés pour ce qu’ils sont plutôt que pour ce qu’ils font.
Idéalement, il s’agirait que les parents aient assez d’amour pour respecter et encourager la réalité qui est que l’enfant est différent d’eux-mêmes. Aimer qui nous ressemble est tellement plus simple que d’aimer l’altérité, la différence.
Dès que l’enfant atteint l’âge de 2-3 ans, un parent « éclairé » recherchera davantage si l’enfant a aimé telle activité, s’il a su la vivre avec plaisir, légèreté, pour que l’enfant apprenne par lui-même à découvrir ce qu’il aime, à ce que son « GPS intérieur » le guide à trouver sa place, plutôt qu’à tenter de séduire les adultes pour correspondre à ce que les adultes attendent de lui.
Après avoir baigné dans ce climat positif, l’enfant aura imprimé cette estime et cette conscience de lui. Cela lui procurera un des plus puissants cadeaux pour la vie.

Faille et fragilité

On constate que l’enfant qui émerge au monde et qui n’aurait pas bénéficié de ces acquis d’estime de soi, de cette conscience de qui je suis et de cette sensation délicieuse et simple d’exister, va tenter dans l’enfance, dans l’adolescence ou dans sa vie d’adulte de compenser en se mettant en scène, en essayant d’attirer le regard, en consommant des substances diverses, en cultivant d’une façon ou d’une autre la séduction, en expérimentant des activités qui provoquent cette sensation d’exister (comme des sports à sensation, de la compétition), pour combler ce vide, cette faille, cette fragilité intrinsèque mais pas irréversible. L’enfant, l’adolescent ou l’adulte cultive alors beaucoup plus son Moi plutôt que son Soi.
Une façon bien moderne de combler cette faille passe par se mettre en scène sur les réseaux sociaux. Aux « digital natives » qui sont nés avec un smartphone en main, se mettre en scène dans son « Moi » est banal, une habitude, une addiction.
Le besoin d’exister est si puissant en nous qu’il va alors nous pousser à nous sentir exister par le besoin de reconnaissance. On va chercher consciemment ou inconsciemment à recevoir des compliments, par exemple en étant différent, en cherchant à être séduisant, en s’efforçant de briller par la compétition, les récompenses, les titres, des facettes du statut social, la célébrité, la notoriété, car la récompense de la reconnaissance de l’autre va venir « shooter » notre plexus solaire comme une dose de coke viendrait allumer nos neurones. Comme dans les addictions, parfois on s’épuise à courir après tout ceci, on peut se perdre à rechercher sans cesse ces stimuli extérieurs et intenses, car ils sont éphémères ces « shoot », et qu’après ne subsiste que le demi ou le plein vide initial.
Parfois on s’épuise à courir après tout ceci, parfois aussi en notre for intérieur on sent un appel à autre chose : notre Soi, étouffé par ce Moi trop encombrant, nous rappelle qu’il aimerait être accueilli. C’est une démarche intime, personnelle, une approche de patience, d’humilité. Apprendre à se connaître intérieurement, à reconnaître nos préférences, les accueillir et devenir un bon père et une bonne mère pour Soi en allant dans cette direction. Il s’agit alors d’accueillir et reconnaître des talents cachés en nous car chacun en a de nombreux. L’estime de soi sera alors un travail de jardinier, arroser cette conscience, ces pousses qui deviendront arbres et qui porteront des fruits.



Bafoué, humilié ?

Nécessairement, le travail de l’estime de Soi, de la reconnaissance de Soi passe aussi par cette conscience puis par cette volonté de ne plus laisser aux autres la possibilité de nous utiliser comme un paillasson. Parfois on se laisse mépriser au travail, dans un couple, dans une famille, etc. Apprendre à se respecter, c’est un long, très long chemin.
Le vécu et le sentiment d’humiliation viennent en principe affecter l’estime de soi car dans le mécanisme de l’humiliation, il y a un dénigrement de Soi, soit l’autre me bafoue, me méprise, me rabaisse, soit je le fais moi-même. L’orgueil n’est pas simplement de se surestimer, c’est aussi et souvent de se sous-estimer, alors on se rabaisse soi-même.
Pour certains, recouvrer une bonne estime de Soi passera par un processus thérapeutique si l’humiliation a été au rendez-vous dans la vie ou si trop souvent au rendez l’absence de compliments sincères verbalisés a fait partie de la culture familiale d’antan.

La puissance des feedbacks

Nous avons l’habitude dans notre culture de donner notre avis sur tout et sur rien. Mais suis-je capable d’adresser un vrai feedback constructif à une personne ? A un collègue, à mon conjoint, à un enfant ?
Suis-je capable de saluer une réussite, de saluer un effort, de saluer une démarche, un risque engagé ?
Suis-je capable de trouver les mots justes, le ton juste, le moment juste pour adresser un feedback qui fera avancer l’autre ? Non pas juste sur ce qu’il a fait, mais aussi sur ses qualités ? Rappelons-nous que la psychologie sociale nous apprend que pour faire passer un feedback négatif notre ego a souvent besoin d’en recevoir deux ou trois positifs pour que nous ne nous sentions pas rabaissés.



La magie de la gratitude

Sommes-nous conscients de la puissance d’un « merci » sincère et authentique ? S’il nous arrive un accident de la route, si nous subissons une opération en urgence, combien d’entre nous iront porter un cadeau au chirurgien ou à l’équipe soignante ? Remercier c’est aussi simplement reconnaître le talent de l’autre, sa dépense d’énergie, son investissement dans sa tâche, dans son être.
On peut remercier, dix minutes notre artiste préféré à l’issue d’un concert, mais sait-on remercier l’instituteur, l’agent des eaux et forêts, le concepteur d’un mobilier ou le maraîcher qui se lève à 4h du matin pour monter son étal au marché ?
Remercier demande une conscience de l’effort de l’autre, un effort d’empathie, qui amène la conscience, la reconnaissance sincère, légère, gratuite. Remercier, c’est un peu honorer la magie du quotidien, de la vie. Remercier, c’est semer des étoiles dans les yeux des gens que vous croisez.



Se présenter sincèrement ?

Notre société qui encourage beaucoup nos egos à se sentir magnifiques nous pousse à nous présenter par nos titres, nos fonctions, nos performances qui alimentent le Moi et pas le Soi.
Pour l’été, nous pourrions nous présenter tout autrement dans toutes les rencontres des vacances, en partageant l’essence de nos passions, par exemple « que fais-tu dans la vie ? » « J’ai du plaisir à offrir une maternité heureuse à mon enfant à naître, alors je prépare cette naissance. » Plutôt que « je ne travaille plus parce je vais bientôt accoucher » ou encore « ma passion, c’est d’aider les gens à recouvrer leur santé, alors je cherche à voir clair chez des personnes qui me consultent dans un lieu de santé où j’exerce », plutôt que « je suis médecin chef de radiologie à l’hôpital Y ». L’estime de soi n’a pas besoin de démonstrations de titres, de concours. L’estime de Soi passe par la simplicité, l’authenticité, la générosité même si la fonction a de la complexité.



Les petites et les grandes missions

Consciemment ou inconsciemment, nous autres humains avons une admiration pour les « missions » spectaculaires. Un pilote de chasse reçoit plus d’admiration qu’un technicien de la base aérienne, un Ministre davantage que son conseiller moins visible, un chef étoilé plus que son maraîcher. Les pouvoirs en place, les médias, les stars, l’inconscient collectif nous poussent à « hyper » valoriser certaines fonctions, des facettes du statut social qui font appel à d’apparentes « grandes missions ». La société consacre et alimente ceci par les titres, par les accès à la profession, par les salaires, par la place dans les médias, etc.
Un chirurgien ne sera brillant que si des centaines de personnes concourent à la réussite de son travail et pourtant, ces centaines de personnes sont souvent dans l’ombre mais tout aussi indispensables. Qu’adviendraitil de lui si l’équipe de stérilisation des salles d’opération ne cultivait pas une rigueur admirable, et cependant si ingrate ! Et pourtant ces équipes de stérilisation ne passent que rarement dans les médias.
Barack Obama, dans sa nouvelle fondation***, traverse les continents pour encourager des personnes moteurs de changements dans leur « quête ». Soutenir l’éducation des enfants est inépuisable pour qui veut semer ceci et il y a du travail pour toute une vie. Alors qu’avoir un poste de Ministre de l’éducation ou ne pas l’avoir est bien plus réducteur, même si recherché et valorisé par notre ego.
Changer de société passera nécessairement par un autre regard des médias sur les quêtes et les métiers et fonctions d’humilité.



Rayonner ses qualités profondes et célestes

Délaisser notre Moi pour notre Soi est une véritable renaissance qui nous reconnecte à nos qualités intrinsèques et profondes. Chaque fois que je choisis de les rayonner, de les répandre, de les exercer, je renforce naturellement mon estime de moi.
Nous avons des qualités humaines et spirituelles.
Exister, être Soi, c’est aussi lié à la conscience de Soi. Est-il facile pour moi d’avoir conscience de qui je suis, de ma singularité ? Est-ce que je la laisse rayonner ou est-ce que j’en camoufle certaines facettes ? Par exemple, beaucoup de personnes particulièrement sensibles ont encore des difficultés à accueillir cette sensibilité et à la faire respecter par d’autres.
La clairvoyance, certaines formes de dons de guérison, certaines inspirations musicales, la qualité de présence, la chaleur humaine, l’humilité, l’humour sain, la joie de vivre, l’empathie, sont de si belles qualités à offrir au monde.
Quand chacun d’entre nous sera également en train de connecter ses qualités spirituelles et les offrira au monde, nous passerons un immense cap collectif car nous formons un immense puzzle complémentaire, notre attirance assez naturelle et collective pour le jeu « tetris » peut nous le rappeler ludiquement. D’ici là, rayonnons déjà le meilleur de nousmêmes pour initier le mouvement et le faire grandir.
Au final, nous avons simplement besoin de nous connaître, de nous reconnaître, pour renaître à nous-mêmes. Laissons rayonner comme un soleil qui nous sommes, nos plus belles qualités. Un soleil qui nous réchauffe en premier, puis vient toucher les autres pour réchauffer les relations humaines.

Raphaël Dugailliez

* Le Soi est entendu ici comme la partie la plus connectée à notre âme dans notre psychisme, le Soi supérieur. Cette partie est plus proche de notre essence et transporte nos qualités d’âme.
** A contrario du Moi dont l’acception signifie notre personnalité ordinaire, notre « ego », plus dense, plus contrarié, avec ses limites, ses blessures, etc.
*** www.obama.org



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