Libérons la créativité ! dire oui à la vie en développant ce potentiel inné
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Libérons la créativité ! dire oui à la vie en développant ce potentiel inné



Que nous ayons l’impression de l’être ou non, les recherches démontrent que tous les êtres humains sont profondément créatifs. C’est particulièrement vrai pour les jeunes enfants. Pourtant, cette créativité innée et spontanée semble plus difficile d’accès une fois atteint l’âge adulte… Et si la source de la créativité était toujours là, mais simplement voilée ?



Nos sociétés orientées « cerveau gauche » minimisent souvent le pouvoir de la créativité. Dans les écoles, les programmes sont axés sur les mathématiques, les sciences ou les compétences linguistiques. Or, aucune de ces matières ne permet une connexion à « notre élan du coeur » comme ne le permet l’expression unique de notre créativité. Des études démontrent pourtant que la créativité est au centre de bien des capacités cognitives essentielles de l’être humain.
Il est vrai que la créativité est difficilement cernable et son étude se révèle souvent un processus délicat. Non seulement la créativité est un sujet complexe en soi, mais il n’existe pas non plus de consensus clair sur la définition exacte de la créativité. Plusieurs des définitions les plus courantes suggèrent que la créativité serait « la tendance à résoudre des problèmes ou à créer de nouvelles choses d’une manière innovante ».
Pour la neurologue américaine Alice Flaherty, qui a longuement étudié les fondements neuronaux de la créativité, ce serait non seulement l’une des caractéristiques les plus importantes de l’être humain, mais l’un des principaux traits qui déterminerait notre succès en tant qu’individu et en tant qu’espèce. « Une idée créative sera simplement définie comme une idée à la fois nouvelle et utile (ou influente) dans un contexte social particulier », précise-t-elle. Et cela s’applique aussi bien au commerce, à l’informatique, aux sciences et aux mathématiques qu’aux habituels « domaines créatifs » que représentent toutes les formes d’art.

“ La créativité est ce qui nous différencie des machines. Sans elle, nous ne serions que des producteurs et des consommateurs.”
[Louise Poliquin]


Cerveau et créativité


Quand nous réalisons quelque chose de créatif, qu’est-ce qui est réellement actif dans notre cerveau ? Les chercheurs Siyuan Liu et Allen Braun ont effectué des recherches sur ce sujet en analysant l’activité cérébrale de chanteurs — des rappeurs de style libre — pendant leurs improvisations rimées et rythmées.
Il s’avère que les parties du cerveau utilisées pendant le mode de fonctionnement quotidien sont totalement désactivées lorsque nous sommes créatifs, alors que d’autres parties que nous n’utilisons pas au quotidien sont, elles, très actives.
Cette capacité neuronale unique ne nécessiterait aucun apprentissage et serait même le mode de fonctionnement « par défaut » du cerveau humain. Par contre, aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est le fonctionnement « non créatif » qui serait appris au fil des années !
C’est ce que démontrent les études du Dr. George Land et son célèbre « Test de créativité » : Dans un premier temps, le Dr. Land a fait passer des tests de créativité à des enfants âgés de 3 à 5 ans. Il a ensuite testé les mêmes enfants à l’âge de 10 ans, puis à l’âge de 15 ans. Les résultats sont tout simplement stupéfiants : alors que la créativité chez les enfants de 3 à 5 ans était de 98%, elle est tombée à 30% à l’âge de 10 ans et n’était plus que de 12% lorsqu’ils ont été testés à l’âge de 15 ans. Lorsque le même test a été donné à près de 280.000 adultes, le score n’était plus que de 2% ! Alors, pourquoi les adultes ne sont-ils plus aussi créatifs que les enfants ?

“ L’objectif principal de l’éducation devrait être de créer des individus capables de faire de nouvelles choses, pas simplement de répéter ce que d’autres générations ont fait : des hommes créatifs, inventifs et découvreurs.”
[Jean Piaget]
Créativité et éducation

Les règles et les règlements en excès tuent la créativité. Nos systèmes scolaires dénigrent généralement l’imagination et les rêves, mais aussi les imperfections ; autant d’attributs qui, selon les grands esprits créatifs, ont été la clé de leurs idées les plus révolutionnaires. Le système éducatif nous apprend trop souvent à ne pas penser différemment mais à suivre les instructions et à obéir au ‘modus vivendi’ ambiant. Autant de schémas de fonctionnement qui, répétés inlassablement pendant des années, permettent au cerveau de « désapprendre peu à peu sa capacité créative naturelle » !
Il est donc essentiel de replacer la créativité au centre des processus éducationnels. De nombreuses pédagogies dites « alternatives » l’ont compris depuis des décennies. Car ce qui prépare les élèves à la vie après l’école, c’est justement d’apprendre à être plus créatifs, ce qui implique une flexibilité dans la perception et l’exécution des tâches. Il faudra certainement encore attendre avant que ces pédagogies pionnières ne deviennent la norme mais elles essaiment déjà leur bon sens çà et là. De nombreux établissements scolaires commencent en effet à reconnaître l’importance de la créativité dans les salles de classe. Et pas seulement lors des cours de dessin ou de musique. La créativité se distille petit à petit dans les matières dites « classiques » où l’on observe que les processus d’apprentissage sont automatiquement améliorés.
Aider les enfants à cultiver cette créativité innée est ce que les parents et les enseignants devraient viser prioritairement. Evidemment, ces éducateurs devraient eux-mêmes « désapprendre leur non-créativité » s’ils veulent la nourrir chez leurs enfants ou élèves et dans leurs familles ou écoles…
Une enquête réalisée par l’entreprise de logiciels « Adobe Systems » souligne que : « la pensée créative devrait avoir une priorité plus élevée dans tous les programmes d’enseignement et dans le développement professionnel des enseignants ».



Une compétence cruciale

Longtemps reléguée aux seuls univers artistiques, la créativité est de plus en plus perçue comme une compétence cruciale pour les professionnels de tous les domaines. Les entreprises les plus prospères au monde appliquent quasi toutes la célèbre « règle des 20% ». Cela signifie qu’elles encouragent leurs employés à consacrer 20% de leur temps de travail à l’exploration créative de nouvelles idées. Plusieurs études révèlent en effet que la créativité est aujourd’hui considérée comme la compétence la plus importante dans les entreprises modernes. Pour les organisations du monde entier, la créativité et l’innovation sont au coeur des priorités stratégiques, comme le démontrent les enquêtes annuelles menées par le « Boston Consulting Group » qui soulignent que « l’innovation et la créativité sont au premier rang des impératifs tactiques des entreprises qui réussissent le mieux ».
De nombreux chercheurs s’accordent même à dire que pour résoudre des problèmes et exploiter les meilleures opportunités, la créativité serait prioritaire à l’intelligence afin de trouver des idées utiles et originales. Selon une enquête de « Nesta Everyday Innovation », la créativité fait désormais partie intégrante de l’univers du travail. C’est non seulement vrai pour les stratèges ou les directeurs généraux, mais pour nous tous. L’étude souligne également que, même si la créativité est innée chez l’être humain, elle peut bien sûr — comme toute compétence — être améliorée et développée avec des outils appropriés.

Booster la créativité

Si la créativité peut être développée chez chacun, il est néanmoins nécessaire de posséder un minimum d’intérêt pour les processus créatifs et un soupçon de curiosité. Plusieurs des études qui ont été menées sur l’efficacité des formations en créativité montrent que des programmes bien conçus améliorent effectivement les performances créatives des étudiants et des professionnels, quels que soient leurs domaines : éducateurs, artistes, musiciens, auteurs, scientifiques, entrepreneurs, informaticiens, publicistes, … mais aussi chez les médecins et les avocats. Pour que ces programmes d’aide au développement de la créativité soient vraiment efficaces, il est important qu’ils se concentrent sur le développement des compétences cognitives des participants, grâce à la mise en oeuvre d’exercices concrets et réalistes qui permettent de changer leur regard et de reformuler différemment leur « interprétation du réel ». Il est également démontré que les formations à succès aident les participants à se libérer de l’autocritique invalidante et de la peur de l’échec qui conduisent toutes à d’importants blocages dans la créativité.
En outre, ces recherches mettent en avant que les ateliers les plus efficaces sont dispensés dans un environnement stimulant, ludique et non compétitif où concentration et liberté vont de pair. L’accent est mis sur le processus créatif plutôt que sur le résultat, tout en distillant l’idée que la créativité est avant tout un mode de vie et même une des expressions naturelles de la Vie elle-même.





La Vie est pure créativité

La Vie s’ingénie à créer une infinité de formes merveilleuses depuis la nuit des temps, spontanément, sans effort, puisque sa nature même est pure créativité. Se pourrait-il que cette vie qui coule dans nos veines nous imprègne à chaque instant de ses vertus créatrices ? Plus nous nous ouvrons à la Vie, plus nous devenons disponibles à son flux créatif. Dès lors, plus rien ne nous empêche de faire de notre vie une oeuvre d’art à travers notre métier, nos loisirs, nos relations,… Lorsque nous abandonnons l’illusion du contrôle, la créativité coule automatiquement et librement à travers nous. Cela requiert juste une disponibilité intérieure, une ouverture consciente à la Présence créative en amont de toute chose…


Les dix caractéristiques des créatifs
Dans son livre intitulé « Créativité : le travail et la vie de 91 personnalités » [non traduit], le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi rappelle que « parmi toutes les activités humaines, la créativité se rapproche le plus de l’accomplissement que nous espérons tous obtenir dans nos vies ». Il suggère que les individus les plus créatifs possèderaient au moins 10 compétences qui, même si elles semblent innées chez certains, peuvent également être développées par chacun d’entre nous afin d’atteindre notre plein potentiel créatif.

1. Energique mais concentré
Les personnes créatives ont beaucoup d’énergie, à la fois physique et mentale. Elles peuvent rester concentrés des heures sur un seul thème qui focalise leur attention.
2. Intelligent mais naïf
Les créatifs sont souvent des personnes intelligentes, tout en étant capables de conserver leur sens de l’émerveillement, leur curiosité et leur capacité à regarder le monde avec un regard neuf. Des recherches ont néanmoins montré qu’un quotient intellectuel (QI) élevé n’était pas nécessairement en corrélation avec des niveaux plus élevés de réussite créative.
3. Ludique mais discipliné
Csikszentmihalyi note qu’une attitude ludique est l’une des caractéristiques de la créativité, mais cette légèreté et cet enthousiasme se reflètent également dans des traits paradoxaux : la persévérance, la détermination et la ténacité.
4. Rêveur mais réaliste
Les créatifs aiment rêver et se plonger dans l’imagination et la fantaisie, tout en restant ancrés dans la réalité.
5. Extraverti et introverti
Alors que nous tombons souvent dans le piège de la catégorisation, Csikszentmihalyi suggère que les individus créatifs combinent introversion et extraversion.
6. Fier mais modeste
Les personnes très créatives ont tendance à être fières de leurs réalisations, mais elles restent humbles en étant également conscientes de leur place parmi les autres et dans le monde.
7. Féminin et masculin
Csikszentmihalyi suggère que les individus créatifs résistent, dans une certaine mesure, aux stéréotypes de genre imposés par la société. Les femmes créatives ont tendance à être plus dominantes que les autres femmes, tandis que les hommes créatifs sont moins agressifs et plus sensibles que les autres hommes. « Les individus créatifs ont plus de chances d’avoir non seulement les atouts de leur sexe, mais également ceux de l’autre », explique-t-il.
8. Conservateur mais rebelle
Csikszentmihalyi suggère que la créativité exige d’être à la fois traditionnel et iconoclaste. Les créatifs peuvent apprécier le passé et être conservateurs à bien des égards, tout en cherchant à innover et même à prendre des risques.
9. Passionné mais objectif
Les créatifs sont passionnés et adorent leur travail, mais ils sont également objectifs et auto-critiques. Ils sont capables de se distancier de leur travail afin de voir les aspects qui ont besoin d’être améliorés.
10. Sensible et joyeux
Csikszentmihalyi suggère également que les personnes créatives ont tendance à être plus ouvertes et plus sensibles, caractéristiques qui peuvent apporter à la fois des récompenses mais également de la souffrance. Comme l’expérience créative est une source de joie, beaucoup de créatifs pensent qu’un tel sentiment vaut la peine de prendre le risque d’éventuelles douleurs.

Olivier Desurmont

RÉFÉRENCES :
• « La grande fabrique à idées. Le livre-jeu pour devenir supercréatif » de Philippe Brasseur et Thomas Baas chez Casterman
• « Vous pouvez penser autrement. 60 histoires pour booster votre créativité » de Dave Trott chez Autrement
• « Les chemins de la créativité » d’Harriet Griffey et Leuna Stellaire chez L’Imprévu
• creativityworkshop.com
• verywellmind.com


Interview de Philippe Brasseur


Ce mardi matin de canicule (23 juillet) je rencontre Philippe Brasseur dans les bureaux de l’espace de (trans)formation qu’il a créé avec son épouse Sabine Houtemans : Créativita.

Être Plus : Philippe, quel est ton métier ?
Philippe Brasseur : Je me dis « cultivateur d’idées ». En termes plus formels, je suis consultant et formateur en créativité, essentiellement dans les mondes de l’entreprise et de l’éducation. J’organise également des formations pour les particuliers.

Être Plus : En quoi cela consiste d’être cultivateur d’idées ?
Ph.B : Je pars de l’idée que chacun a en soi la créativité. Mon rôle est de montrer aux gens ce potentiel qu’ils ont en eux et de les aider à le valoriser. Un cultivateur ne crée pas les graines mais il les plante et oeuvre pour les faire émerger de la terre. Il facilite leur croissance. En entreprise comme dans le secteur non-marchand, j’interviens pour tracer un chemin là où il n’y en a pas. Sophie : Comment enseigner la créativité ? Ph.B : On aide à prendre conscience des processus mentaux, psychologiques, sociaux qui sont à l’oeuvre dans la créativité. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la question comme par exemple Torrances .

Être Plus : Quels sont les caractéristiques cognitives qui permettent de développer cette créativité ?
Ph.B : La fluidité : capacité pour une personne à produire plusieurs réponses à une question donnée. La flexibilité : capacité à adopter des stratégies variées dans une situation donnée. Également la capacité de transgresser les règles. L’élaboration : partir d’une idée (même si elle est imparfaite, absurde ou inopérante) , croire en son potentiel et en faire quelque-chose d’intéressant par un processus d’essais et erreurs. Il est erroné de penser qu’une idée est déjà une solution. Dans ce processus de créativité, nous avons également besoin d’une bonne dose de foi en nos idées même si le doute fait partie du processus créatif Être Plus : Souvent, les gens disent qu’ils ne sont pas créatifs, que penses-tu de cela ? Ph.B : les gens confondent souvent créativité et création artistique car elles ont les mêmes racines. Elles ne recouvrent pas les mêmes réalités.
La créativité artistique, c’est la capacité de faire apparaître une production artistique ou culturelle telle une peinture, une danse, un chant, l’écriture d’une nouvelle,... Elle peut être un don inné mais ne se développera réellement que si elle est travaillée. La créativité est la capacité à inventer, à imaginer des stratégies, des recettes, des bouquets de fleurs, des modes de communication,....
La création artistique demande de la créativité ou alors elle est devient répétitive et peu originale. Un peintre par exemple fera preuve de peu de créativité s’il produit toujours le même genre de peinture car son galeriste le lui demande. En revanche, mon courtier en assurance est très créatif dans sa communication en citant des philosophes grecs avec beaucoup d’humour et de talent en montrant des photos de statues pour vendre ses polices d’assurance.
Être créatif, c’est souvent mélanger des choses qui existent mais qui ne sont pas encore rencontrées (voir mon livre « La fabrique à idées »). Un des ressorts principaux de la créativité est cette flexibilité mentale, cette capacité à faire des connexions nouvelles entre des connaissance qui sont déjà là mais qui appartiennent à des champs différents.

Être Plus : Comment travailles-tu avec les entreprises ?
Ph.B : A côté des process et des besoins d’être efficace, productif et compétitif, je vois avec eux comment garder cette fraîcheur, souplesse, capacité d’inventer chez tous les individus qui composent l’entreprise. Comment remettre en question les certitudes. Etre créatif, c’est oser douter, remettre du mouvement dans quelque-chose qui reste trop figé. Ce qui est paradoxal pour l’entreprise c’est que, d’une part, il faut être cartésien, avoir des process et en même temps avoir de la souplesse. Cette capacité peut se travailler au niveau individuel et aussi au niveau du management de l’entreprise qui favorise un climat de créations d’idées. Il est important également de donner une sécurité cognitive (jusqu’où on peut aller) et affective (montrer qu’on fait confiance et qu’on encourage) dans laquelle peut se produire cette créativité.

Être Plus : Pourquoi les enfants perdent de leur créativité en grandissant ?
Ph.B : Lorsqu’ils sont à l’école, ils apprennent à faire ce que le professeur attend. Bien souvent, il n’y a qu’une réponse attendue à une question. Cela est préconisé dans l’enseignement que j’appelle « conformiste ». Dans l’enseignement traditionnel, il y a des professeurs qui stimulent la créativité et accueillent différentes réponses à une question donnée. Malheureusement, une bonne partie des enseignements, pour se plier aux exigences des inspections académiques, sont donnés de telle sorte que l’enfant perd l’habitude d’être créatif et tente à se soumettre à cette idée qu’il n’y a qu’une réponse à une question. Il se formate progressivement à cette façon de fonctionner et gardera cette habitude à l’âge adulte. D’où le foisonnement d’écoles dites « alternatives » qui fonctionnent plus sur un mode d’ouverture aux idées variées émanant des enfants.
Il est important de comprendre que nos freins à la créativité ne sont pas innés mais acquis durant la croissance. Vous regardez n’importe quel enfant de 3 ans jouer et vous observerez sa créativité, son audace, sa liberté et autonomie de pensée et d’action. Alexandre Dumas dit « Comment se fait-il que les enfants étant si intelligents, la plupart des hommes soient si bêtes ». Pour les parents, c’est aussi une invitation à prendre conscience de nos peurs et conditionnements (freins à la créativité) reçus de l’enfance afin de ne pas les transmettre à leurs enfants.

Être Plus : Comment la créativité pourrait aider à mieux prendre soin de notre planète ?
Ph.B : Le créatif, s’il pense qu’il a un pouvoir d’action, peut agir au quotidien. Cette action va définir qui il est. Karl Rogers disait : « Être créatif, c’est se réaliser en tant que personne ». Chaque action que l’on pose va se définir en tant que personne. Je suis créatif lorsque j’agis non pas en fonction d’un dogme mais de valeurs et intuitions qui m’animent. Dans le contexte actuel de réchauffement climatique, le concept d’innovation qui était un concept phare de créativité depuis les années 80, n’a plus de sens aujourd’hui. Innover pourquoi ? Polluer encore un peu plus ? Aujourd’hui, on va aller vers une créativité moins « tape à l’oeil », moins vers la reconnaissance mais vers plus de sens. Quel est le sens de notre action, le pourquoi. Suisje aligné ? Comment l’être d’avantage ? La créativité ne doit pas être une fin en soi mais un moyen d’aller vers plus d’intuition. Développer l’idée que nous avons en nous une grande sagesse profonde et en faciliter l’émergence. Je croise beaucoup de patrons d’entreprise profondément humanistes et cela me donne beaucoup d’espoir pour croire en l’idée que l’on va développer d’autres paradigmes.

Être Plus : Comment la créativité peut être utile pour aller vers plus de coopération et de solidarité entre les humains ? Ces deux notions étant centrales pour vivre au mieux les défis énormes qui nous attendent ?
Ph.B : très modestement ce que j’aime faire c’est d’amener les gens à s’émerveiller, à être présents à soi et à l’autre. De cette façon, j’aime à penser que cette prise de conscience va permettre de faire croître ce respect et cette capacité d’action positive sur l’environnement naturel et humain.
Un enjeu pour le futur également est d’oublier tout ce que l’on sait et d’être à nouveau authentiquement naïf devant la réalité qui s’offre à nous. Goethe disait « La naïveté est la caractéristique principale du génie». La grande difficulté de notre monde est la taille des enjeux et défis. Nous avons besoin d’une grande intelligence pour diminuer l’empreinte carbone et tous les problèmes liés à ce réchauffement. En même temps, il faut une grande naïveté car il faut être capable de se débarrasser de nos schémas qui nous ont menés à cela.

Être Plus : Si tu devais donner quelques conseils à une personne qui souhaite développer sa créativité ?
Ph.B :
1. Consacrer du temps à ce qu’on aime. Identifier trois domaines qui nous remplissent de joie et décider d’une action pour chacun de ces domaines. Cela appelle une discipline de se donner quelques minutes par jour pour réfléchir à cela.
2. Discipline du changement : faire chaque jour quelque chose de nouveau : prendre un chemin que je ne connais pas, parler à quelqu’un dans la rue ou dans un magasin, cuisiner un légume que je n’ai jamais mangé, visiter une ville proche dans laquelle je ne suis jamais allé,..
. 3. Faire mémoire. Par exemple, le soir avant de se coucher, prendre note de ce qu’on a découvert de nouveau. Nous pouvons aussi éprouver de la gratitude pour cela. En nous arrêtant, on constate ce qui a de l’importance, on apprend à mieux se connaître. Cela peut se faire sous forme de notes, de dessin, collages,... 4. Développer le non vouloir : lorsque je suis dans un exercice de créativité, ne pas vouloir faire quelque-chose, atteindre un résultat, mais se laisser porter par ce qui vient. C’est comme « devenir un canal » comme le disait Osho et se rendre compte que la justesse peut être reçue si l’on « se creuse » et laisse passer les idées.

Philippe Brasseur - Cultivateur d’idées
Site personnel : www.philippebrasseur.be Espace de (trans)formation : www.creativita.be

Le jeu de peindre, une autre approche de la créativité




Un atelier du Jeu de Peindre créé par Arno Stern est un espace singulier, dépaysant qui réunit des gens de tous âges : de 3, 5, 12, 20, 35 et 60 ans et plus. Ici, chacun est une personne parmi d’autres, unique et dissemblable. Nul n’est un modèle, nul n’est inférieur, nul n’est supérieur. La présence d’un praticien-servant formé par Arno Stern est absolument indispensable. Celui-ci ne donne aucun enseignement ni conseil, son rôle est de dispenser chacun de toute tâche qui pourrait le distraire de l’essentiel. La trace produite dans ce lieu est libérée de toute attente de réussite, de la nécessité d’être comprise par un récepteur et ne servira jamais d’objet de communication. On a considéré partout et de tout temps que tracer c’est dessiner, c’est-à-dire désigner donc communiquer un message au travers la trace. Les conditions exceptionnelles du Clos lieu ont permis l’émergence de ce qu’Arno Stern a nommé : la FORMULATION, qui est l’expression d’un tracé qui provient de notre mémoire organique et qui n’est pas destiné à communiquer.
L’expression de celle-ci, quel que soit notre âge, nous équilibre, nous régénère et nous libère du résultat pour vivre la joie de l’instant présent.
Illustré par des milliers d’archives provenant de son atelier à Paris mais aussi provenant de populations lointaines non scolarisées, dans la forêt vierge, le désert, la brousse, etc. Arno Stern démontre de manière scientifique comment cette capacité naturelle et innée, n’est ni tributaire d’un don ou d’une culture. La Formulation se développe selon un parcours programmé qui ne tarit jamais quand elle n’est pas confondue avec l’art ou la communication. C’est une voie des plus prometteuses qu’a initié Arno Stern avec courage depuis plus de sept décennies. Celle-ci apporte un éclairage nouveau sur les capacités incroyables de l’être humain et de quelles manières les préserver. Les sagesses anciennes nous ont toujours affirmé que le trésor que nous recherchons en vain à l’extérieur est en nous.
La Formulation est une découverte magistrale que tout le monde gagnerait à connaitre… Car l’expression de celle-ci nous donne la confiance, la force créatrice de créer son monde parmi les autres, tout en respectant celui des autres.

www.almapola.be





Paru dans l'Agenda Plus N° 311 de Octobre 2019
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