Vers l’équilibre avec le SHIATSU…
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Vers l’équilibre avec le SHIATSU…



Parmi les techniques faisant appel au toucher, le shiatsu est l’une des plus efficaces. Basé sur une connaissance millénaire des lois à l’oeuvre dans la nature, il favorise un véritable rééquilibrage énergétique et active les forces naturelles d’auto-guérison...



Le shiatsu, basé sur les apports de la médecine chinoise, s’est développé au Japon qui l’a reconnu comme une médecine à part entière en 1955.
Durant une séance de shiatsu, le praticien va effectuer des pressions plus ou moins poussées et longues sur les méridiens et les points d’acupuncture de la personne qui reçoit le soin.
Il va aussi pétrir, étirer et faire vibrer certains méridiens et segments du corps. Bien qu’il puisse utiliser les paumes, les poings, les coudes, les genoux et même les pieds, il se servira d’abord des doigts, et essentiellement des pouces. L’étymologie du mot est claire à cet égard : le mot «shiatsu» vient de «shi» qui signifie «doigts» et de «atsu» qui signifie «pression».
Le soin en shiatsu se donne sur la personne qui est couchée par terre. Elle est habillée de vêtements souples et légers. La séance dure approximativement une heure.

Partir du hara et être zen…

Lorsque le praticien donne un soin en shiatsu, il part de son hara, terme japonais qui désigne le centre de gravité et le centre vital de l’énergie, situé un peu au-dessus du nombril. Il s’agit d’être enraciné dans ce centre. A partir de là, le praticien peut être mobile et stable à la fois.
La séance est précédée par une observation de la personne, en mettant en relation la vue, l’odorat, le toucher, l’expression [les paroles] et les couples chaud-froid, intérieur-extérieur, yin-yang, plein-vide.
Ce système permet une multitude de combinaisons qui donne lieu à un ensemble d’informations dès la prise de contact.
Par ailleurs, le shiatsu, s’il se base sur les apports de la médecine chinoise, est enraciné dans la pensée japonaise avec notamment l’amna, massage japonais ancestral. Aussi la conscience de ce qui se passe au présent, qui est au coeur de la philosophie zen, est-elle essentielle dans l’attitude du praticien. Celui-ci est à l’écoute de tout ce qui se passe dans l’instant…

A chacun son équilibre….

La séance de shiatsu a pour objectif de prendre soin ou de restaurer l’équilibre énergétique de la personne. Pour différentes raisons, celle-ci peut être en excès, déficitaire ou coincée. Ce déséquilibre se manifeste par un inconfort plus moins constant, allant de la fatigue à des troubles fonctionnels.
Chaque personne est différente, ce qui produit chaque fois un déséquilibre différent. Le shiatsu ne va pas traiter un trouble ou une maladie, mais il va considérer une personne. Et cette personne est unique. L’état de santé de cette personne se lit dans son corps. Il n’y a donc pas de recette miracle, ni de simplisme. Grâce à un toucher de qualité, à un centrage, à une connaissance, le praticien en shiatsu parvient à traduire l’ensemble des informations qui lui est apportée par le corps de la personne et par l’énergie qui le parcourt.

L’unité «corps-esprit-émotion»

Nous savons que notre énergie diminue lorsque les émotions nous assaillent, ou lorsque le stress s’empare de nous. Tout se crispe à tel point que les organes peuvent devenir dysfonctionnels. Si la médecine occidentale commence à reconnaître le versant psychosomatique des maladies, il y a longtemps qu’une des bases de la médecine chinoise est l’unité totale entre le corps, l’esprit et l’émotion.
Chaque organe est en lien avec une expression psychique. Par exemple, la volonté et le courage sont en lien et nourris par le rein, mais si le rein est déficient, la peur se manifeste.
Fondamentalement, l’énergie de l’organe et de l’émotion, même si elle se module différemment, est une réalité unique.
Ainsi, alors que les personnes s’attendent à traiter un problème purement physique de digestion ou de contractures, des changements psychologiques surviennent au fil des séances.

Participations…

Mais ce n’est pas tout : l’unité «corps-espritémotion » est aussi traversée par un environnement. C’est ce que décrit la théorie chinoise des cinq éléments, apparue au IIIème av JC.
Ces éléments, qui sont le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau sont en fait cinq processus fondamentaux de changement inhérents à tout phénomène. Ils s’engendrent, se relient, se répondent et se retrouvent en toute chose : dans l’ensemble de la nature tout autant que dans l’être humain.
L’être humain n’est pas séparé de ce qui l’environne, il est un tout et participe d’un tout : c’est sur cette base, simple mais essentielle, que reposent les médecines orientales, dont le shiatsu.

Un flot ininterrompu…

Par ailleurs, l’énergie vitale, le Ki en japonais, est décrit comme un flot ininterrompu continuellement à l’oeuvre, qui circule dans le corps par le biais de canaux subtils, les méridiens.
Le shiatsu va traiter 12 de ces méridiens répartis symétriquement sur le côté droit et le côté gauche du corps, six de ces méridiens étant yin, six autres yang.
Modalités de l’énergie primordiale, les énergies yin et yang sont constamment reliées, complémentaires et en mouvement. Observables dans la nature, elles le sont aussi dans notre vie quotidienne et dans notre corps. En effet, tout, dans notre vie, est alternance et complémentarité : à l’action succède le repos, au jour la nuit, au mouvement l’immobilité, au retrait l’expansion, à l’expir l’inspir…

Les méridiens relient…

La circulation énergétique est constante à travers les méridiens qui parcourent tout le corps et qui sont tous connectés entre eux, directement ou indirectement. En cela, on peut dire qu’ils ont une fonction reliante. Ils sont non seulement en relation entre eux, mais ils relient aussi les organes entre eux, les différents tissus et les liquides du corps, le haut et le bas, la gauche et la droite, et aussi la profondeur et la surface.
Dès que le praticien effectue une manoeuvre, c’est tout cet ensemble qui est concerné. Dès qu’il traite un méridien, il touche à une réalité énergétique, mais aussi à une réalité tout à fait matérielle et corporelle.

Avec un traitement en shiatsu, la personne ressent le processus à l’oeuvre dans toute sa matérialité. On va de la surface vers l’intérieur à travers la peau, la chair, les muscles, les tissus, les liquides…

Les tsubos


A la surface de la peau, sur le trajet superficiel des méridiens, se trouvent des points invisibles que l’on peut imaginer comme une cavité sous la peau. Ces points, environ 360, appelés aussi «tsubos», sont ceux qui sont sollicités par le shiatsu, ainsi que par l’acupuncture. Lorsque l’on exerce une pression avec le pouce sur un point d’acupuncture, on reçoit des informations sur l’organe concerné par ce point, mais aussi sur un état psychique.
Dans la pratique d’une pression, perpendicularité, stabilité et concentration sont trois maîtres mots. Perpendicularité : la pression est perpendiculaire au point et non «à côté de». Stabilité car le maintien de la pression permet au corps de la personne de s’ajuster. Concentration : le praticien se concentre dans son hara quand il pratique.



Déficience et excès

Le pouce ressent très finement le point d’acupuncture. Parfois, l’endroit est mou et sans résistance. Il est en déficience, il manque de KI. Il s’agit alors de solliciter la précieuse énergie vitale, le KI, par une juste pression.
En revanche, lorsque le pouce rencontre une résistance, que la zone est dure, voire bombée à la surface, il y a un excès de KI. Il s’agit donc de disperser cette énergie densifiée. Aussi la pression peut-elle être ressentie comme douloureuse, voire très douloureuse lorsque la pression est forte.

La détente bienfaisante

Précisons cependant que la séance peut aussi se passer de douleur. Chaque praticien exercera selon son école et son intégration personnelle de la technique.

A l’intérieur du corps….


La détente est sans doute un des premiers effets ressentis après la séance. C’est un bénéfice non négligeable. La détente permet, en effet, de se rendre compte qu’à l’intérieur du corps, il y a de l’espace et du vide. C’est ce qu’exprime très finement Isabelle Laading, auteure, thérapeute et enseignante en shiatsu : «Relaxer le corps, c’est prendre conscience des espaces dont il est composé et qui sont les lieux de détente du corps». Lorsque les fibres musculaires sont tendues et serrées, le Ki ne peut être fluide.

Les espaces intérieurs

En accordant une totale attention à la détente que procure la séance de shiatsu, on peut réaliser que l’espace se trouve au coeur même de notre matière, à savoir notre corps. Il se trouve «entre notre peau et notre chair, entre nos fibres musculaires, dans nos articulations...» [ibid.]. La détente nous amène à sentir que l’énergie est en perpétuel mouvement dans ces minuscules interstices et espaces intérieurs. Et aussi à prendre conscience que la stagnation de cette énergie a pour corollaire un manque d’espace.

A l’écoute du Ki

La technique est efficace si le praticien est dans un état intérieur adéquat. Pour Palle Dyrvall, enseignant en iokai shiatsu, il est essentiel d’être «à l’écoute du KI de la personne et de ses besoins sans vouloir quelque chose pour elle.» C’est ce que traduit d’ailleurs l’étymologie de l’Iokai shiatsu, Io : roi de la médecine, kai : communication entre des personnes sous le même toit. «C’est la personne elle-même, dans sa globalité, qui va laisser agir le processus de guérison.» Aucun praticien ne peut avoir une volonté ou une intention de transformation sur la personne sans respecter son rythme.

Respect et neutralité

Si une personne a développé toute une série de défenses sous forme de tensions qui s’inscrivent dans le corps, c’est qu’elle en a probablement eu besoin. Il s’agit de respecter cela. L’intention du praticien est essentielle en shiatsu. On lui recommande de rester dans la neutralité, et ce n’est pas pour rien. C’est une neutralité qui n’est pas indifférence. Au contraire. Elle accompagne quelqu’un dans sa tentative soit de maintenir, soit de restaurer l’équilibre.

Retour progressif à l’équilibre

Le shiatsu a pour effet une mise en route du rééquilibrage énergétique. Quelque chose s’amorce durant la séance même, et se poursuit bien au-delà de celle-ci. Il s’agit d’un processus de retour progressif à l’équilibre. L’énergie vitale de la personne a été sollicitée et continue à travailler. La régulation de l’énergie concerne autant les fonctions physiologiques que physiques et émotionnelles. Le travail concerne la personne entière. Pour que la démarche soit partie intégrante d’un réel mieux-être, il est indispensable de l’inscrire dans une régularité et dans une progression.

Nos besoins vitaux…

Chacun a un rythme naturel différent d’évolution. Le shiatsu permet de se rendre compte qu’on peut faire davantage de choix qu’on ne le croit. Il sollicite, dans chaque séance, mais aussi dans les jours qui suivent, une écoute de ce qui a lieu dans le corps. Le corps parle. Il est l’interface de notre intériorité. Avec le shiatsu, et plus généralement grâce au sens du toucher, nous pouvons le ressentir concrètement et subtilement, faire l’état des lieux, prendre conscience de nos besoins vitaux, s’ouvrir... et laisser faire la vie.

Marie-Andrée Delhamende

Références :
Shiatsu, voie d’équilibre, Isabelle Laading aux Editions Désiris
• Le shiatsu essentiel, Y. Kawada, Karcher aux Editions Guy Tredaniel
• Iokai shiatsu : iokai-shiatsu.be
• Palle Dyrvall : shiatsu-mtj. be
• Kawada : shiatsu-yoseido.com
• zen : zen-shiatsu.be
• Fédération belge de Shiatsu : shiatsu.be.



Paru dans l'Agenda Plus N° 261 de Octobre 2014
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